Rwanda: Célébration des malheureux évènements dans la division !
Le Rwanda est parfois cité comme modèle d’émergence économique en Afrique. Sa population reste pourtant dans des divisions profondes liées au génocide des Tutsis. Les démons de la profonde fracture tribale qui avait abouti à une épuration ethnique continuent toujours de hanter le sommeil des uns et des autres et à compromettre le commun vouloir de vie commune. C’est ce qui fait que les citoyens n’arrivent pas à s’entendre sur les grandes dates qui concernent l’histoire du pays.
Ainsi, sur la commémoration du génocide, deux dates sont avancées. Alors que les autorités de Kigali retiennent officiellement le 7 avril, une autre partie réclame le 6 avril, comme jour des manifestations.
En conférence de presse samedi au siège de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho), le président de l’Union des ressortissants rwandais au Sénégal, Samuel Hakizimana, tente de rappeler l’histoire, selon ses convictions. «De l’avis de la majorité des Rwandais et de tous les rapports internationaux qui se veulent être objectifs, car il en existe qui sont faits sur commande, l’élément déclencheur de ce génocide est l’attentat perpétré contre feu le Président Juvénal Habyarimana dans la nuit du 6 au 7 avril. Les tueries ont commencé cette même nuit», a-t-il martelé.
En fait, cette différence de dates découle du rejet mutuel des responsabilités sur le génocide. Les actuelles autorités, si l’on en croit M. Hakizimana, ont retenu le 7 avril pour dire que les tueries n’ont pas immédiatement commencé après la mort de Habyarimana, mais le lendemain. Une façon de laver les Hutus de tout soupçon, d’être les initiateurs de ce massacre. Pour Hakizimana, la date du 6 avril est sans équivoque, dans la mesure où les atrocités ont «effectivement démarré cette nuit-là».
Par ailleurs, cette même différence de dates oppose encore les deux parties sur la célébration de l’indépendance du pays. Quand Paul Kagamé (actuel président de la République) et ses partisans affirment que le pays est indépendant un certain 4 juillet, leurs opposants parlent d’un 1er juillet. A ce niveau, la pomme de discorde ne constitue plus le jour, mais plutôt l’année. Historiquement, le Rwanda est indépendant le 1er juillet 1962, après le départ des Belges. Or, d’après le conférencier, les autorités actuelles ont retenu le 4 juillet 1994 et non le 1er juillet 1962. «Pour eux, le pays n’est indépendant qu’en 1994. Ils disent que ce sont eux qui l’ont libéré», dénonce-t-il.
Regrettant cet état de fait, Samuel Hakizimana estime : «Il n’appartient pas aux politiciens d’écrire l’histoire au gré de leurs caprices.» Ainsi, il appelle à une large concertation de tous les acteurs de tout bord politique, afin de célébrer ensemble les évènements majeurs de la Nation.
lequotidien.sn