USA: Clinton, cette candidate que les républicains adorent détester
Les républicains n'ont pas perdu de temps, au moment de réagir à la candidature d'Hillary Clinton aux primaires du Parti démocrate pour l'élection présidentielle de 2016. Les conservateurs américains sont déjà sur le pied de guerre, prêts à affronter celle qui sera selon toutes vraisemblances investie par les démocrates pour les affronter dans la course à la Maison Blanche l'an prochain.
Les conservateurs font feu de tout bois sur Hillary Clinton, mais cela prouve qu’elle est une candidate sérieuse. En face d’elle, d’ailleurs, les républicains doivent aussi passer par le processus des primaires. Or, de leur côté, les impétrants sont nombreux et il est trop tôt pour savoir qui est favori. Le duel que tout le monde imagine, c'est Hillary Clinton / Jeb Bush. Ce serait intéressant, car ni l’un ni l’autre ne pourrait alors employer l’argument de la dynastie. Mais tous les observateurs estiment que le second fils de George H. W. Bush est un candidat dangereux pour Hillary Clinton, car ses positions assez ouvertes sur les sujets de société pourraient lui faire gagner des électeurs au centre. Un électorat dont la candidate Clinton a besoin pour arriver à la Maison Blanche.
La réaction des républicains a été rapide et négative, relate notre correspondant à Washington Jean-Louis Pourtet. Ils sont prêts pour la bataille et ils ont déjà placé sur les ondes des petits messages destructeurs. Exemple : « Hillary Clinton représente le pire de Washington : arrogance du pouvoir, corruption et dissimulation. » Hillary Clinton n'est d'ailleurs pas la seule à avoir utilisé la vidéo pour se lancer. Plusieurs candidats déclarés ou potentiels se sont servis de la même méthode pour envoyer des attaques préventives. Illustration avec Jeb Bush, frère et fils des deux derniers présidents républicains. « Nous devons faire mieux que la politique étrangère d'Obama et Clinton, qui a endommagé les relations avec nos alliés et enhardi nos ennemis », lance l'ancien gouverneur de Floride.
Quant au sénateur du Texas, Ted Cruz, officiellement candidat comme Rand Paul, il s'adresse aux Américains qui veulent un changement : « Est-ce que l'Amérique veut un troisième mandat d'Obama ? Ou sommes-nous prêts pour un leadership conservateur fort pour redonner à l'Amérique sa grandeur ? » On l'aura compris, l'opposition se lance avec un slogan, « tout sauf Clinton ». Et cela a commencé avant même la candidature officielle de l'ex-première dame, attaquée par les républicains sur tous les plans : son bilan au secrétariat d’Etat, avec le dossier Benghazi, l’utilisation des emails personnels... Les conservateurs vont sans doute lui reprocher la politique de son mari Bill Clinton, anticipe notre correspondante à Washington Anne-Marie Capomaccio, et Mme Clinton devra aussi assumer la gestion de Barack Obama.
La question du positionnement politique
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Simon Sarfati, professeur au Centre d’études des relations stratégiques et internationales de Washington, partage cet avis. Jeb Bush, dit-il, « est lui-même très compétent ; c'est probablement le plus compétent de la famille Bush. C'est un républicain qui se dit très conservateur, mais qui en fait est très pragmatique. » « Mais les élections présidentielles favorisent aujourd'hui les démocrates, analyse Simon Sarfati. Ce sont les élections locales qui favorisent les républicains. C'est la raison pour laquelle je souligne surtout le côté démocrate de la candidature d'Hillary Clinton. (...) Il y a une gauche du parti qui estime que les démocrates se sont trop déplacés vers le centre. » D'où, peut-être, l'angle choisi pour lancer la campagne de l'ancienne secrétaire d'Etat cette année : la lutte contre les inégalités.
• L'ex-First Lady aura des concurrentes
Hillary Clinton, qui vise à devenir la première femme candidate à l'élection présidentielle, n'est en revanche pas la seule à briguer l'investiture de son parti cette année. La républicaine Carly Fiorina, ancienne patronne de Hewlett Packard, a la même ambition. Tout en louant l'intelligence de sa rivale, elle lui reproche son absence de succès diplomatiques et son manque de transparence, concluant : « Elle n'est pas la femme qu'il faut à la Maison Blanche. »
RFI