Le Rwanda et l’Ouganda ne sont pas charlie hebdo: un journaliste de la BBC menacé !
En Ouganda, la police ougandaise enquête sur des menaces proférées contre Ignatius Bahizi, un journaliste ougandais de la BBC à Kampala. Ces menaces remontent à l'année 2013. Le journaliste avait même quitté le pays le temps que la situation se calme et à son retour, l'an dernier, la police a pu prendre sa déposition pour appuyer la plainte déposée par la BBC en décembre 2013. Parmi les personnes accusées, le responsable du journal progouvernemental rwandais, le New Times à Kampala, mais aussi un diplomate rwandais sous couvert d'immunité.
Six mois plus tard, au mois de mai 2014, Ignatius Bahizi revient en Ouganda. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il est en mesure de faire une déposition auprès de l'unité spéciale d'investigation de la police en charge de l'enquête. Parmi les personnes soupçonnées, selon la police, se trouvent : l'actuel directeur du New Times ainsi qu’un diplomate rwandais. La police ougandaise ne veut pas entrer dans les détails, mais elle a déjà entendu le journaliste et demande aujourd'hui à pouvoir faire de même avec le diplomate. Cependant, ce dernier bénéficie d'une immunité.
En 2013, Ignatius Bahizi enquêtait sur les recrutements forcés pour le compte du M23. Il avait notamment rendu compte de l'arrestation de l'ancien directeur du New Times - le journal progouvernemental rwandais – accusé, à l'époque, d'avoir recruté des combattants justement pour le compte de ce groupe armé.
Ce journaliste de la BBC a également travaillé sur les enlèvements - survenus cette même année - d'opposants rwandais en Ouganda. Selon le rapport de police, le journaliste aurait reçu des menaces de plus en plus précises en fin d'année, pouvant laisser penser que sa sécurité était menacée. Ignatius Bahizi finit par décider de quitter le pays et la BBC porte plainte en décembre 2013.
« Nous sommes en discussion avec le gouvernement rwandais pour voir s'il pourrait faire au moins une déclaration pour nous donner sa version des faits », explique, à RFI, l'une des porte-paroles de la police ougandaise, Poly Namaye. De son côté, la BBC se refuse à tout commentaire, mais dit prendre la sécurité de ses journalistes très au sérieux. Les relations sont particulièrement tendues entre le Rwanda et la BBC depuis que la BBC en langue locale - l'une des dernières radios indépendantes du pays - avait été suspendue après la diffusion d'un documentaire mettant en cause le président rwandais, Paul Kagame, dans une série de crimes et que les autorités rwandaises ont qualifié de négationniste.
RFI