Au Rwanda, critiquer Kagame devient un crime !

Publié le par Veritas

15 octobre 2025 - Le Rwanda vient de franchir un nouveau cap dans la criminalisation de la pensée critique. Selon un communiqué officiel du Financial Intelligence Center (FIC), vingt-cinq Rwandais — pour la plupart des opposants politiques, journalistes, militants des droits humains et membres de la diaspora — viennent d’être classés comme «terroristes» par le régime de Paul Kagame. Une mesure qui, au-delà de son apparente visée sécuritaire, illustre surtout la confusion grandissante entre opposition politique et menace terroriste dans le Rwanda contemporain.

Au Rwanda, être opposant, est-ce désormais être terroriste ?

Officiellement, Kigali justifie cette publication par la «nécessité de lutter contre le financement du terrorisme ». Dans les faits, le message est limpide : critiquer le pouvoir équivaut désormais à combattre la nation.

Le gouvernement rwandais élargit ainsi sa guerre contre les armes à une guerre contre les idées, contre la parole libre, contre ceux qui osent poser des questions ou exprimer un désaccord. Cette liste, approuvée par la Commission nationale de lutte contre le terrorisme, cite les noms suivants :

  1. Lt Gen Gaston Iyamuremye (alias Rumuli, Victor Byiringiro) – chef de la FDLR
  2. Gen Maj Pacifique Ntawunguka (alias Omega) – commandant militaire des FDLR
  3. Col Sylvestre Sebahinzi (alias Zinga Zinga ZZ) – ancien chef de la FDLR
  4. Maj Alphonse Munyarugendo (alias Monaco Dollar) – représentant de la FDLR en Afrique australe
  5. Faustin Ntirikina (alias Zigabe Pacifique) – citoyen franco-rwandais vivant à Mulhouse (France)
  6. Gen Maj Antoine Hakizimana (alias Jeva) – chef militaire du CNRD–FLN
  7. Eric Munyemana – vice-président du FLN, résidant en Belgique
  8. Dr. Innocent Biruka (alias Mitali) – secrétaire général du CNRD–FLN, basé à Mulhouse (France)
  9. Faustin Kayumba Nyamwasa – ancien général, cofondateur du RNC, exilé en Afrique du Sud
  10. Dr. Emmanuel Hakizimana – cofondateur du MRCD et du RNC, vivant au Canada
  11. Abdulkarim Ali Nyarwaya (alias Dick Nyarwaya) – citoyen britannique, membre du P5
  12. Maj Robert Higiro (alias Gasisi) – membre du RNC, vivant à Nairobi
  13. Frank Ntwali – représentant du RNC en Afrique du Sud
  14. Ignace Rusagara – porte-parole du RNC, vivant aux États-Unis
  15. Jean Paul Turayishimiye – fondateur du média East African Daily, résidant à Washington
  16. Gaspard Musabyimana – fondateur de Musabyimana.net et Radio Inkingi, basé à Bruxelles
  17. Placide Kayumba – militant FDU–Inkingi, résidant à Namur (Belgique)
  18. Augustin Munyaneza – chauffeur de taxi à Bruxelles, membre de la FDU–Inkingi
  19. Michel Niyibizi – enseignant à Tournai (Belgique), accusé de financer la FDLR–FOCA
  20. Jonathan Musonera – membre du RNC et de la FDLR, vivant à Londres
  21. Dr. Théogène Rudasingwa – ex-ambassadeur du Rwanda à Washington, exilé aux États-Unis
  22. Maj Jacques Kanyamibwa – membre de RUD–Urunana, vivant à Toulouse (France)
  23. Thomas Nahimana – président du parti Ishema, résidant à Le Havre (France)
  24. Christine Coleman Uwizera – pasteure rwandaise vivant à Denver (États-Unis)
  25. Sylvestre Nduwayesu (alias Jet Lee) – basé à Kampala (Ouganda), accusé de recruter pour P5

Quand la critique devient un crime d’État.

Sous couvert de «sécurité nationale», Kigali élargit de plus en plus la définition du terrorisme pour y inclure toute forme d’opposition politique. Des figures historiques comme Kayumba Nyamwasa ou Théogène Rudasingwa, qui ont jadis servi l’État avant d’en devenir les détracteurs, se voient désormais mis au même rang que des chefs de milices armées.

Des intellectuels comme Thomas Nahimana ou des activistes des droits humains comme Christine Uwizera sont accusés non pas d’avoir pris les armes, mais d’avoir pris la parole. Cette dérive pose une question fondamentale : Au Rwanda, être opposant, est-ce désormais être terroriste ?

Un climat de peur et de silence.

Derrière cette liste, c’est un message politique redoutable qui se profile.
Le régime de Paul Kagame rappelle à tous les Rwandais — du pays comme de la diaspora — que toute critique publique sera assimilée à une trahison.
Cette logique de terreur symbolique, où les mots deviennent des armes, enferme la société dans le silence et l’autocensure. Pendant que le Rwanda continue de jouir à l’étranger d’une image de «modèle africain de développement», le débat politique, lui, s’éteint.

La sécurité contre la liberté ?

Bien sûr, nul ne nie la légitimité de combattre le terrorisme. Mais quand cette lutte sert à bâillonner les opinions, elle cesse d’être un instrument de sécurité pour devenir un outil de domination.

Le Rwanda de 2025 semble pris dans une contradiction tragique : vouloir protéger la nation en détruisant ce qui la rend vivante — la pluralité des voix, la liberté de conscience, le droit à la critique.

Une question demeure.

Combien de temps encore la communauté internationale fermera-t-elle les yeux sur ces pratiques ? Combien de journalistes, d’intellectuels, d’opposants devront être qualifiés de «terroristes» avant qu’on admette qu’il ne s’agit plus de sécurité, mais de contrôle politique absolu ?

L’histoire a montré que les régimes qui confondent opposition et ennemi intérieur ne se protègent pas : ils s’enferment. Et c’est peut-être là, plus que dans les exilés ou les dissidents, que réside le vrai danger pour le Rwanda.

Veritasinfo.

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