Madagascar : la fuite spectaculaire du président Rajoelina plonge l’île dans l’incertitude!

Publié le par Veritas

Antananarivo, le 13 octobre 2025 — Dans la nuit du 12 au 13 octobre 2025, Madagascar a vécu un tournant historique : le président Andry Rajoelina a été exfiltré hors du pays à bord d’un avion militaire français, marquant un coup d’arrêt brutal à sa présidence et ouvrant une crise politique sans précédent.

Le président malgache Andry Rajoelina reçu par son homologue français, Emmanuel Macron, au palais de l’Élysée, à Paris, le 29 août 2022. (AFP)

Le déroulé de l’exfiltration : hélico, transfert, embarquement

Selon plusieurs sources, dont RFI, l’opération se serait déroulée en plusieurs étapes : d’abord un transport par hélicoptère depuis Antananarivo vers l’île Sainte‑Marie, sur la côte est de Madagascar. De là, Rajoelina aurait embarqué à bord d’un avion militaire français, en direction de l’île de La Réunion. Enfin, depuis la Réunion, il aurait poursuivi sa route vers une destination encore non confirmée, des sources évoquant Dubaï ou les Émirats arabes unis comme lieu probable d’asile.

Selon le récit médiatique, cette évacuation aurait été orchestrée dans le cadre d’un accord discret entre Emmanuel Macron et Andry Rajoelina. L’objectif : permettre une transition politique apaisée sans qu’une intervention militaire française directe ne soit perçue comme une ingérence. Toutefois, Paris maintient publiquement de fortes réserves : le président Macron « ne confirme pas » avoir piloté cette exfiltration.

Du côté malgache, le silence domine. Le palais présidentiel n’a pas émis de communiqué clair, et l’adresse, annoncée plus tôt pour ce 13 octobre, paraît incertaine dans ce contexte bouleversé.

Le contexte explosif : contestations, mutinerie et perte de soutien.

L’évacuation du chef de l’État intervient alors que Madagascar est en proie à un soulèvement populaire et à une crise profonde de légitimité. Tout a commencé le 25 septembre par des manifestations contre les coupures répétitives d’eau et d’électricité — des disfonctionnements structurels du réseau national — qui se sont rapidement transformées en contestation généralisée du pouvoir de Rajoelina.

Les protestataires, organisés notamment autour du mouvement Gen Z Madagascar, ont exigé la démission du président, dénonçant la corruption, la précarité, le mépris des institutions et la gestion autoritaire. La situation a dégénéré lorsque l’unité militaire d’élite CAPSAT, historiquement un pilier de soutien au régime, a refusé d’obéir aux ordres de répression et appelé les forces armées à ne plus s’en prendre aux manifestants.

Cette mutinerie interne a sapé le dernier rempart du pouvoir : la loyauté de l’armée. La perte de contrôle sur l’appareil militaire a précipité l’abandon stratégique de Rajoelina, qui a vu son autorité se déliter en quelques heures face à la montée en puissance de ses adversaires institutionnels.

Conséquences immédiates : vides constitutionnels et course au pouvoir.

A Madagascar, un président en fuite et des militaires faisant irruption à la télévision publique

Le départ précipité du président laisse Madagascar dans une zone d’ombre constitutionnelle. Qui exerce désormais le pouvoir ? Le Sénat malgache a déjà pris des mesures symboliques : la destitution de son président pour « déficience mentale » a été votée, et l’un de ses membres a été installé comme président par intérim. (Reddit) Parallèlement, les manifestants réclament une transition démocratique rapide, voire l’appel à une Assemblée constituante.

La communauté internationale observe avec prudence. L’Union africaine, la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) et l’ONU ont appelé au calme et à un retour au dialogue institutionnel. Paris, de son côté, insiste sur la nécessité de préserver « l’ordre constitutionnel » à Madagascar — sans confirmer son rôle dans l’opération.

Si l’exfiltration a pu éviter un bain de sang immédiat, elle ouvre une ère d’instabilité prolongée. Plusieurs scénarios s’affrontent :

  • négociation politique sous l’égide d’institutions extérieures,
  • prise de pouvoir par une junte militaire locale,
  • effondrement institutionnel total avec risque de guerre civile.

Entre déclarations contradictoires, suspicions d’ingérence étrangère et luttes intestines pour le pouvoir, Madagascar s’enfonce dans l’inconnu.

Un moment charnière.

La fuite spectaculaire du président Andry Rajoelina marque un point de non-retour dans l’histoire politique de Madagascar. C’est non seulement un coup d’arrêt pour son régime, mais un signal que les équilibres traditionnels — entre pouvoir, armée, peuple — peuvent basculer très vite. Le continent et le monde observeront avec attention :

  • quelle légitimité portera le pouvoir de transition,
  • si la France sera remise de son rôle supposé dans cette opération,
  • et si Madagascar saura émerger de cette crise avec des institutions renforcées ou fracturées définitivement.

Veritasinfo.

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