RDC-Rwanda : les États-Unis déconseillent fortement les voyages à Rubavu et Rusizi.
Alors que les autorités de Kinshasa et de Kigali ont récemment signé un accord censé apaiser les tensions militaires entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, la situation sur le terrain semble loin de refléter les promesses diplomatiques. Les États-Unis viennent en effet de classer les zones rwandaises de Rubavu et Rusizi, frontalières avec la RDC et le Burundi, en niveau 4 (Do Not Travel) de leur système de recommandations de voyage, le plus élevé en matière d’alerte sécuritaire.
Le Département d’État américain justifie cette mise en garde par “un risque extrêmement élevé d’affrontements militaires entre la RDC et le Rwanda”, en dépit de l’accord de désescalade récemment conclu le 27 juin. Le niveau 4, dans la typologie américaine, signifie que les citoyens américains sont formellement invités à ne pas se rendre dans ces zones en raison de risques graves : guerre, terrorisme, violences, épidémies ou autres dangers majeurs. Ce classement contraste fortement avec les discours officiels tenus récemment par les deux pays, qui assurent vouloir avancer vers une paix durable dans la région des Grands Lacs.
Une militarisation croissante malgré les accords
Selon des sources fiables d’ARC Urunana Nyarwanda-France, le Rwanda continue de renforcer sa présence militaire à l'est de la RDC. Ces derniers jours, des convois importants auraient quitté Kigali, non seulement avec des unités militaires, mais aussi avec des éléments de la police nationale, fraîchement sortis de formation, déployés pour remplacer ceux envoyés au front.
La situation soulève des interrogations : comment expliquer le déploiement massif de troupes dans une zone censée être sur la voie de la paix ? Cette contradiction n’a pas échappé aux observateurs internationaux, ni aux populations locales, inquiètes de voir la rhétorique diplomatique contredite par les faits sur le terrain.
Amertumes, désaccords et doutes sur la sincérité des accords.
Du côté congolais, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, s’est récemment félicité d’un accord avec le mouvement rebelle AFC-M23, affirmant que ce dernier s’est engagé à se retirer de tous les territoires qu’il occupe dans l’est du pays. Une affirmation immédiatement contestée par Olivier Nduhungirehe, ministre rwandais des Affaires étrangères, qui a répliqué :
"Patrick Muyaya ment. Ce n’est pas ce que disent les accords. L’AFC-M23 ne quittera pas les zones qu’elle contrôle actuellement." Cette divergence d’interprétation illustre le manque de transparence et de consensus autour des accords de paix. Pire encore, elle alimente la méfiance de la communauté internationale, qui doute désormais de la viabilité du processus engagé sous la médiation du Qatar.
La guerre à l’Est de la RDC, principalement dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, a déjà déplacé plus de 7 millions de personnes selon l’ONU, et contribue à une instabilité régionale majeure. Les tensions avec le Rwanda, accusé de soutenir le M23, et la méfiance envers les promesses de désengagement, aggravent cette situation explosive.
Pour le Rwanda, l’impact est également réel. Le classement américain affecte non seulement son image à l’international mais aussi son secteur touristique en pleine haute saison. Les régions de Rubavu et Rusizi, réputées pour leur attractivité naturelle et frontalière, risquent de voir leur fréquentation chuter drastiquement, affectant les économies locales déjà fragilisées.
Malgré les signes de volonté politique affichés sur la scène internationale, les signaux sur le terrain vont dans le sens contraire. La multiplication des forces armées, les contradictions diplomatiques et l’alerte américaine remettent en question la sincérité et l’efficacité des récents engagements.
Le spectre d’une reprise des hostilités massives dans la région plane encore, et la communauté internationale reste en alerte. En attendant, ce sont les populations civiles de part et d’autre de la frontière qui continuent de payer le prix fort d’un conflit sans fin.
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