L'arrestation de David Baraka : un tournant ou un geste symbolique de l'Ouganda dans le conflit en RDC ?
Le 5 septembre 2024, les autorités ougandaises ont arrêté David Baraka Elonga, commissaire politique de l'Alliance du Congo River (AFC), un mouvement rebelle en lien avec le M23. Il a été appréhendé dans le camp de réfugiés de Kyangwali, accusé de recruter des combattants pour renverser le régime de Félix Tshisekedi en République Démocratique du Congo (RDC). Actuellement détenu à Hoima, Baraka pourrait être remis aux forces armées ougandaises. Kinshasa, de son côté, attend son extradition ainsi que celle de ses complices pour qu’ils purgent leur peine en RDC.
Cette arrestation soulève des interrogations quant à la véritable position de l’Ouganda dans le conflit qui déchire l'est de la RDC. Depuis des années, Kampala est accusée de soutenir des groupes armés tels que le M23, tout en prétendant œuvrer pour la paix dans la région. Ce double jeu met en lumière une dynamique complexe et ambivalente.
Historiquement, l'Ouganda a souvent été impliqué dans les conflits à l'est de la RDC, parfois directement, parfois en soutenant des milices locales pour garantir ses propres intérêts, notamment économiques. L’Ouganda est fréquemment soupçonné de profiter des richesses naturelles de cette région instable. Pourtant, l'arrestation de Baraka pourrait signaler un changement d'attitude, suggérant une volonté de coopérer avec Kinshasa et les instances internationales pour stabiliser la région.
Toutefois, cette coopération affichée reste en contradiction avec les accusations persistantes de soutien tacite aux groupes rebelles. Baraka a été arrêté alors qu'il recrutait des combattants dans un camp de réfugiés, une activité qui, selon certains observateurs, pourrait difficilement échapper à la vigilance des autorités ougandaises. Cela laisse entrevoir une possible tolérance, voire complicité, de certains responsables à l'égard de ces mouvements.
L'arrestation de Baraka survient dans un contexte où l'Ouganda est sous pression internationale pour démontrer son engagement à pacifier la région. La question qui se pose est de savoir si cette arrestation marque un véritable tournant dans la politique ougandaise ou s’il s'agit d’un simple geste symbolique destiné à apaiser la communauté internationale.
Si Kampala décide d’extrader Baraka en RDC, cela pourrait constituer un signe fort de coopération entre les deux pays. Kinshasa espère que cette arrestation s'accompagnera de mesures concrètes, telles que la remise de tous les complices de Corneille Yobeluo Nangaa, figure de proue du M23. Cela pourrait aussi signaler un réalignement stratégique de l'Ouganda, qui a longtemps été accusé de jouer un rôle trouble dans le conflit.
Cependant, l’arrestation d’un seul individu ne suffira pas à mettre fin aux activités du M23 ni à pacifier une région gangrenée par de nombreux groupes armés. Les camps de réfugiés, tels que celui de Kyangwali, continuent d’être des lieux de recrutement pour les milices, illustrant la vulnérabilité des populations civiles et la difficulté de sécuriser ces zones.
En conclusion, si l'arrestation de David Baraka Elonga semble marquer un geste important, elle ne garantit pas un changement durable dans l'attitude de l’Ouganda envers les groupes rebelles. Seule une action soutenue, accompagnée de l'extradition de ses complices et d'une répression active des mouvements rebelles, permettra d’envisager une véritable avancée vers la paix dans l'est de la RDC.
Veritasinfo.