Rwanda-Patrick Mbeko et ses assertions erronées sur Grégoire Kayibanda : Une mise au point nécessaire.
En cette journée où les vrais patriotes rwandais célèbrent les 62 ans de l'indépendance, il est crucial de rectifier les propos mensongers récemment tenus et écrits dans son livre par un certain «chercheur», Patrick Mbeko, au sujet du président Grégoire Kayibanda. Je tiens à remercier M. André Kazigaba pour ses efforts visant à rétablir la vérité.
Pour commencer, examinons la composition du premier gouvernement rwandais, ce qui nous permettra de démystifier deux mensonges principaux véhiculés par Mbeko. Il a affirmé que Kayibanda discriminait les Hutus du nord (Gisenyi, Ruhengeri) et qu'il était responsable de pogroms contre les Tutsis.
Le gouvernement formé lors de l'indépendance du Rwanda comprenait 14 ministres et le président. Voici sa composition :
- 4 ministres originaires de Ruhengeri (Bicamumpaka, Bagaragaza, Mpakaniye, Rusingizandekwe)
- 3 de Gitarama (Kayibanda, Rwasibo, Mulindahabi)
- 3 de Kigali (Cyimana, Afrika, Nshogozabahizi)
- 2 de Butare (Sindikubwabo, Gasingwa)
- 1 de Gisenyi (Habamenshi)
- 1 de Gikongoro (Makuza)
Ce gouvernement n'était pas fondé sur des critères régionaux, mais sur les compétences politiques de ses membres. Les 14 ministres étaient des figures politiques de premier plan de l'époque. Le PARMEHUTU, parti dominant, comptait 35 membres sur 44 au parlement élu en octobre 1961. Le gouvernement incluait également un membre de l'UNAR (Afrika), parti monarchique représenté par 7 députés au parlement, et un membre du RADER (Nshogozabahizi). Enfin, l'APROSOMA, avec deux députés au parlement, était représenté par Sindikubwabo et Gasingwa.
Concernant les accusations de pogroms contre les Tutsis, les massacres importants ont eu lieu en 1963, principalement vers Gikongoro, suite aux attaques des rebelles inyenzi. Le président Kayibanda a publiquement condamné ces massacres et a demandé au Secrétaire Général de l'ONU d'envoyer une commission d'enquête. La mission onusienne, dirigée par Max Dorsinville d'Haïti, a conclu que ni le gouvernement rwandais ni Kayibanda n'avaient joué aucun rôle actif dans ces massacres. Au contraire, ceux-ci se sont produits dans des zones où l'autorité gouvernementale et l'armée n'étaient pas fortement implantées.
En décembre 1963, le président Kayibanda a prononcé un discours de pacification. L'enquête a également révélé que les autorités burundaises avaient permis aux inyenzi de traverser la frontière, mais se sont engagées par la suite à empêcher ces passages. De plus, il a été établi que les Tutsis n'étaient pas systématiquement discriminés, puisque 45% des fonctionnaires rwandais étaient Tutsis.
Il n'est donc pas surprenant de constater que certains continuent de propager des mensonges, prétendant que Kayibanda n'aimait pas les Tutsis. Ceux qui ont orchestré le coup d'État de 1973 ont d'abord chassé les Tutsis pour justifier le renversement du gouvernement démocratique. De même, les étudiants rwandais en Belgique ont reproché à Kayibanda d'avoir trahi la révolution en offrant des postes aux Tutsis. Il est probable que ce sont ces individus qui ont fourni des informations erronées à Mbeko.
Lorsqu'on se prétend chercheur, il est crucial d'éviter de diffuser des informations facilement vérifiables comme étant fausses. Il serait plus judicieux de consulter des historiens rwandais avant de publier de telles affirmations.
Par Oscar Nyangoga