ONU : les Etats-Unis isolés sur la question du statut de Jérusalem
Le Conseil de sécurité a dénoncé une initiative non conforme aux résolutions des Nations unies. Jamais – même lors du déclenchement de la guerre en Irak – les Etats-Unis n’ont paru aussi isolés autour de la table en forme de fer à cheval du Conseil de sécurité. Même le fidèle allié britannique a dénoncé, lors d’une réunion d’urgence demandée par huit pays (France, Royaume-Uni, Suède, Italie, Bolivie, Uruguay, Sénégal et Egypte), vendredi 8 décembre, une initiative américaine qui « sape les perspectives de paix dans la région ».
Il y a eu aussi cette photo de famille inédite, en fin de réunion : les quatre représentants européens (France, Royaume-Uni, Suède et Italie), rejoints par l’Allemagne, se tenant en rang serré devant la presse, pour dire « leur désaccord avec la décision des Etats-Unis d’Amérique de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël ». Une décision, selon eux, qui « n’est pas conforme aux résolutions du Conseil de sécurité ».
Le statut de Jérusalem a fait l’objet de résolutions spécifiques du Conseil de sécurité, dont la plus récente, votée le 23 décembre 2016, grâce à l’abstention de l’administration Obama sur le départ, assure « qu’il ne reconnaîtrait aucune modification aux frontières du 4 juin 1967, y compris [à] Jérusalem », à l’exception de celles convenues par les parties par la voie de négociations.
« Risque d’escalade violente »
En l’absence d’accord, les cinq pays européens ont indiqué ne reconnaître « aucune souveraineté sur Jérusalem » et ont vivement encouragé l’administration américaine à présenter « des propositions détaillées pour un règlement israélo-palestinien ». L’ONU reste engagée pour une solution à deux Etats. « Il n’y a pas de plan B », ont-ils martelé.
Nikolaï Mladenov, l’envoyé spécial des Nations unies au Proche-Orient, qui plaide pour des négociations directes, a regretté que le statut de la ville trois fois sainte – « la question la plus complexe et la plus lourde émotionnellement » – ait fait l’objet d’une décision unilatérale en se disant «particulièrement inquiet d’un risque d’escalade violente» et «d’un radicalisme religieux».
Ces condamnations n’ont pas semblé ébranler l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley, qui a estimé que son pays restait crédible comme médiateur de paix. «Lorsqu’il y aura un accord de paix, il sera signé à la Maison Blanche», a-t-elle lancé, bravache. «Nous sommes plus engagés à promouvoir la paix des Israéliens et Palestiniens aujourd’hui que nous ne l’avons jamais été auparavant », a-t-elle assuré, sans se priver, au passage, d’une charge contre l’ONU, qui a, selon elle, « plutôt dégradé que facilité les perspectives de paix au Proche-Orient ».
Source : Le monde