Libye: un carnet saisi par la justice évoque des sommes importantes versées à Sarkozy en 2007
LIBYE - Le site d'investigation Mediapart révèle ce mardi que la justice française a entre les mains le carnet d’un ancien et influent ministre du colonel Kadhafi évoquant le versement de 6,5 millions d'euros à Nicolas Sarkozy pendant sa campagne de 2007.
Ce carnet, dont une source judiciaire a confirmé l'existence au journal Le Monde, appartenait à l'ancien ministre du Pétrole libyen Choukri Ghanem (2006-2011). Cet ancien dignitaire, qui a fui le régime en 2011, aurait consigné dans ce cahier le compte-rendu de réunions au cours desquelles d'autres caciques du régime auraient évoqué les sommes cédées au futur président de la République, Nicolas Sarkozy.
Bachir Saleh, le directeur de cabinet du colonel Kadhafi et patron de l’un des fonds souverains du pays, le Libyan Africa Portfolio (LAP), aurait ainsi transféré 1,5 million d’euros au candidat UMP alors en pleine campagne, le fils de Mouammar Kadhafi, Saïf al-Islam, 3 millions d'euros, et Abdallah Senoussi, le chef des services secrets intérieurs libyens, la somme de 2 millions d'euros. En tout, selon les calculs de Mediapart, ce sont donc "au moins" 6,5 millions d'euros qui auraient voyagé de Tripoli jusqu'à Paris.
Problème: Choukri Ghanem ne pourra jamais s'expliquer sur la véracité de ses notes. L'ancien dignitaire en exil a été retrouvé noyé le 29 avril 2012 dans le Danube, à Vienne (Autriche). Si la police autrichienne a conclu à une mort accidentelle, son décès est intervenu au lendemain de la publication par Mediapart d'un document officiel libyen très embarrassant pour Nicolas Sarkozy.
Daté de décembre 2006, ce document évoquait l’accord de principe de la Libye pour financer à hauteur de 50 millions d’euros la campagne électorale du candidat UMP. L'ancien président de la République a toujours démenti l'authenticité de ce document et avait même porté plainte en 2012 pour faux et usage de faux contre Mediapart. Un procès que Nicolas Sarkozy a perdu, la justice estimant que le document n'a pas été falsifié même si la véracité de son contenu reste à démontrer.
Les juges financiers enquêtent depuis 2013 sur ce possible financement illégal après les accusations non étayées d'anciens dignitaires du régime de Mouammar Kadhafi et de l'homme d'affaires Ziad Takieddine. Dans cette enquête, l'ancien secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant a été mis en examen pour faux, usage de faux et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée, à cause d'un virement suspect de 500.000 euros qu'il a justifié par la vente de deux tableaux flamands à un avocat malaisien, sans convaincre les juges.
Source : huffingtonpost.fr