France : Certains députés PS, proches de François Hollande, confient sous le couvert de l'anonymat qu'ils voteront Juppé en 2017 !
En petit comité, le chef de l'État explique que la popularité d'Alain Juppé explosera à la lumière de la primaire, quand "le masque va tomber".
Aux élus qui s'inquiètent de la situation politique de la gauche, François Hollande oppose son optimisme légendaire. Pourtant, la popularité d'Alain Juppé gagne du terrain et asphyxie tout espace au centre pour le président, en dépit des signaux réformistes qu'il envoie à cet électorat, notamment à travers le projet de loi El Khomri. « Le masque d'Alain Juppé va tomber tôt ou tard quand les Français s'apercevront qu'il est le même qu'en 1986, le même qu'en 1995. À savoir, un homme pas très sympathique qui veut administrer au pays une potion libérale. »
La popularité d'Alain Juppé poursuit cependant sa progression, même dans les rangs de la gauche. Certains députés PS, proches de François Hollande, confient au Point, sous le couvert de l'anonymat, qu'ils voteront Juppé en 2017 si celui-ci est désigné candidat par Les Républicains. C'est dire le désenchantement qui gagne la gauche, secouée par les déchirements du débat sur la déchéance de nationalité, conjugué à l'approche facilitatrice du licenciement économique et abusif. Notre baromètre Ipsos-Le Point reflète d'ailleurs cette Juppémania à gauche : le maire de Bordeaux s'inscrit à la 4e place du classement des personnalités les plus appréciées par les sympathisants socialistes avec 60 % de bonnes opinions. Il devance de huit points François Hollande (52 %).
Hollande entre la « droite libérale » et la « droite xénophobe »
Pour le chef de l'État, ce score improbable pour l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac n'est pas un motif d'inquiétude à quatorze mois de la présidentielle, et à neuf mois de la primaire de la droite (novembre 2016). François Hollande persiste à penser qu'il existe un trou de souris entre « la droite xénophobe » et « la droite libérale » à la Juppé, celle d'une gauche réformiste qui préserve le modèle social français tout en l'adaptant sans brutalité à la mondialisation.
À ses partisans qui le pressent de reprendre la main sur son Premier ministre, Manuel Valls, trop droitier à leur goût, François Hollande se garde de toute réponse, préservant ainsi le secret de ses échanges avec le locataire de Matignon. Ceux qui prêtent à Hollande encore une once de rouerie tactique considèrent qu'il tire parti de la droitisation affichée de Valls pour apparaître comme le recours modéré et raisonnable du centre et de la gauche du PS. Un « tout sauf Valls », agité par Martine Aubry, qui imposerait définitivement la candidature naturelle du chef de l'État. D'autres considèrent, plus prosaïquement, que François Hollande ne contrôle plus rien. Et encore moins la vitesse avec laquelle il glisse sur ce toboggan...
Source : .lepoint.fr