RWANDAN DREAM INITIATIVE TEXTE ORIGINAL (2è partie)
7. Sans liberté, pas de vérité
Le peuple rwandais doit être libre et cesser de vivre sous la dépendance d’un leadership qui le brime, le maltraite, l’injurie et le maintient sous la menace permanente de le « moudre ». Il doit se libérer de ce leadership criminel qui en extermine une partie par « les machettes en les coupant en morceaux, en les fracassant les cotes et les cranes par les marteaux et les houes usées ou en les massacrant par balles » dans leurs habitations ou dans leurs camps de fortune comme cela s’est passé à Kibeho en avril 1995 et en République démocratique du
Congo en 1996-1997.
Aujourd’hui, les Rwandais sont fatigués de vivre dans l’incertitude du lendemain et dans la crainte des souffrances atroces récurrentes, qui les attendent à un moment inconnu. D’autres vivent des humiliations quotidiennes. Quand ils ne sont pas traités
de génocidaires, ils sont étiquetés de vecteurs ou de porteurs de l’idéologie assassine, qualifiée officiellement d’«idéologie génocidaire».
Les Rwandais refusent également d’être instrumentalisés en servant de caution politique à un régime qui se sert de souvenirs tragiques pour bénéficier d’un crédit international de sympathie, avec un rituel traumatisant, qui risque de devenir une religion nationale imposée par le pouvoir en place. Nous rendrons toujours hommage aux victimes du génocide et aux autres victimes du conflit rwandais. Par contre, il nous semble inapproprié d’en imposer des cérémonies périodiques à caractère politique qui ne font que raviver le conflit d’hier et alimenter la fureur et la haine. Il appartient à tous ceux qui ressentent la peine du génocide de 1994 et d’autres crimes de déterminer en toute liberté la façon, moins traumatisante, d’honorer la mémoire des leurs.
Jamais personne, dirigeant ou pas, n’aura le droit d’enterrer l’histoire de notre pays. Bonne ou mauvaise, c’est notre histoire. Qu’elle plaise ou pas, nous devons l’assumer, ainsi que toutes nos responsabilités dans les drames ayant marqué notre peuple au cours de ces dernières années.
Nous devons nous libérer des rites, des mythes et des idéologies autour d’un
« homme fort », le seul responsable et maître de tout, propriétaire du patrimoine national, planificateur de l’avenir de tout un chacun dans notre pays. Le développement économique de tout un pays, si développement il y a, la transformation sociale et la lutte contre la pauvreté, ne peuvent en aucune circonstance être une entreprise d’un seul homme qui se permet sous ce prétexte de priver le peuple de ses libertés fondamentales. Un leader n’est pas un homme seul. Il ne doit pas non plus être un « homme fort du pays » devant tout accomplir. Dans notre entendement, un leader c’est un capitaine d’une équipe. C’est aussi un homme de consensus. Le leadership n’est pas une tyrannie, ni une autocratie dont la pérennité risquerait de provoquer la colère du peuple.
Le Rwandais doit être libre de toute contrainte des prédateurs politiciens et de tous ceux qui ont du sang sur les mains. Ces derniers devront être traduits devant les tribunaux compétents en vue de jugements basés sur la vérité et l’impartialité.
8. La liberté et le développement
Il ne peut y avoir de développement harmonieux sans liberté. Les exemples sont nombreux, surtout en Afrique. D’autres expériences instructives peuvent aussi être trouvées dans l’histoire des pays communistes qui, après 75 ans, ont réalisé que la liberté est fondamentale pour le développement économique. En effet, les pays qui restent communistes comme la Corée du Nord et Cuba ne peuvent pas nous servir de bon exemple, pas plus que le régime fort de Birmanie ne saurait être une référence pour le Rwanda. Quant à la Chine, ce pays reste communiste politiquement mais il a fait un choix capitaliste économiquement, et sa croissance
économique est exemplaire de nos jours. Mais la Chine dispose d’un atout de taille dont le Rwanda ne pourrait se prévaloir, à savoir : la liberté accordée aux opérateurs
économiques chinois d’investir dans les domaines de leur choix. En outre, en Chine le parti communiste n’accapare pas tout le patrimoine national comme le FPR au Rwanda, et le président chinois n’est ni criminel ni prédateur d’aucune richesse de pays voisins du sien.
Au Rwanda, il n’y a pas d’alternance politique et le régime est autocratique, ayant à sa tête un dirigeant avide de s’enrichir sans limite et qui ne cherche à se faire remplacer que par quelqu’un de son propre choix. Il voudrait pour sa succession, non pas un dirigeant du pays, mais un héritier de son immense fortune mal acquise.
Le développement économique auquel le dictateur rwandais fait référence de manière abusive, chaque fois qu’il est interpellé pour ses crimes, n’est pas une panacée. Il s’agit plutôt d’un leurre destiné à tromper les bailleurs de fonds
étrangers.
Depuis la prise du pouvoir par le FPR en 1994, la ville de Kigali fait l’objet d’un embellissement remarquable certes, mais au détriment d’un développement économique et social absent des milieux ruraux qui sont pratiquement abandonnés à eux-mêmes. En effet, aujourd’hui, sous le régime du président Kagame, rien n’est comparable ni avec les initiatives ni avec le bonheur et la joie qui prévalaient dans les milieux ruraux sous le régime du président Habyarimana assassiné en avril 1994. Jamais sous les régimes républicains qui se sont succédé, la paupérisation du peuple rwandais ne s’était autant généralisée et accélérée dans l’indifférence des
autorités qui, elles, s’enrichissent de plus en plus. Actuellement, il n’y a pas de redistribution équitable des richesses. Cela se traduit par des disparités sans cesse croissantes entre une minorité riche et la population qui s’appauvrit de plus en plus. Ces nouveaux riches confondent le développement économique d’un pays avec l’envol de la modernisation du secteur urbain de la ville de Kigali où les bâtiments et les maisons résidentielles sont à la dimension du blanchiment de l’argent tiré des richesses volées en RDC pendant la guerre de 1996 à 1998.
Malgré ses quartiers huppés, Kigali est loin de devenir le Singapour africain, et le
Rwanda ne sera pas pour bientôt la Corée du Sud ni l’un des Emirats arabes unis.
Les considérations précédentes mettent en évidence l’impérieuse nécessité de mettre un terme au modèle économique du dictateur de Kigali. Dans le cadre du « Rêve rwandais », nous veillerons à la mise en œuvre d’un développement harmonieux axé sur la libre entreprise et dont le peuple rwandais soit le véritable bénéficiaire, y compris dans le milieu rural.
9. La liberté et la démocratie
Il est de notre avis qu’il serait pratiquement impossible de penser à la démocratie avant de penser à la liberté. Nous devons pratiquer le débat libre à tous les niveaux sur l’avenir de nos familles d’abord, de nos régions et pour finir de notre pays d’une manière générale. C’est pourquoi, la création de clubs de discussion sur les problèmes de notre pays avec le souci de les résoudre est vivement encouragée.
La liberté d’expression et d’association, la liberté de mouvement, la liberté d’investir au Rwanda et ce dans le respect des lois pertinentes, ainsi que la liberté de choix de nos dirigeants, comme la liberté à la vie, sont des libertés fondamentales. Elles devraient ainsi être protégées.
La liberté nous servira de socle pour construire solidement la démocratie dans notre pays. A notre avis, c’est liberté d’abord, et la démocratie ensuite. La liberté ne s’acquiert pas sans combat. Nous combattrons par tous les moyens pacifiques pour l’obtenir et la conserver dans notre pays.
La réalisation du Rêve rwandais passe impérativement par le souvenir judicieusement entretenu des millions de Rwandais qui sont morts, victimes des prédateurs de tout genre. Quels que soient l’époque ou le lieu des différentes atrocités, il n’y a aucune justification au massacre des hommes non armés, qu’ils soient Hutu, Tutsi ou Twa.
Nous nous inclinons et rendons hommage à tous nos concitoyens victimes de la haine et de la folie des grandeurs de ceux qui ont pris les armes pour s’engager dans des luttes fratricides avec l’objectif soit de prendre le pouvoir, soit de s’y maintenir dans notre pays, sans se soucier le moins du monde de l’éradication du conflit qui est à l’origine de nos différends depuis plus de 50 ans.
Nous plongeons dans l’univers du Rêve rwandais, avec comme priorité absolue le souci majeur de nous pencher, aussi longtemps qu’il faudra, sur la résolution du conflit interne à notre pays, qui persiste encore aujourd’hui à l’aube de ce 21e siècle, et ce après des massacres des millions de personnes tant au Rwanda qu’en RDC.
Notre engagement est que ce conflit soit résolu, non pas par les armes, mais par la voie politique à travers un débat large et sincère, et surtout par la mise en place des institutions consensuelles qui seront plus efficaces et plus respectables que le verbiage d’hommes forts au pouvoir.
Tous, sans exception, des Batwa, des Bahutu comme des Batutsi, de loin ou de près, ce conflit nous affecte. Nous en avons tous souffert, chacun à sa façon et la douleur récurrente nous rongera tout au long de notre vie. Des solutions durables doivent être trouvées à ce conflit qui est à l’origine des luttes cruelles ayant abouti au génocide de 1994 et des crimes de génocide au Rwanda et au Congo en 1996-1997 lors de la destruction des camps des réfugiés par l’APR. Ces atrocités que la communauté internationale a observées en spectatrice, sont indignes d’un monde civilisé. Elles ne sont pas à l’avantage de ceux qui les ont initiées, car leur comportement inhumain n’a rien d’honorable, et ne s’inscrivent non plus dans aucune perspective qui augure de la résolution dudit conflit. Au contraire, ces violences sont dans l’intérêt des prédateurs qui veulent dominer le Rwanda, non seulement avec l’intention à peine cachée de continuer le pillage du peu de
ressources dont il dispose, mais aussi et surtout avec la détermination d’affaiblir la RDC afin qu’ils pillent en toute impunité, avec la complicité de leurs supporteurs, des richesses de ce pays aux dimensions continentales. A cause du conflit rwando-rwandais, ces criminels en ont profité pour créer le chaos en RDC, provoquant l’instabilité et l’insécurité permanentes, avec, entre autres conséquences dramatiques, des violences dont les femmes congolaises sont devenues des victimes innocentes, essentiellement dans les provinces du Sud et du Nord Kivu.
Il nous incombe de redonner l’espoir aux plus jeunes en mettant un terme définitif à ce conflit, et ce le plus rapidement possible. Certes, des cicatrices, des souvenirs des pertes irréparables des nôtres, ces êtres qui nous sont chers et irremplaçables, nos enfants, nos frères et sœurs, nos cousins et cousines, nos neveux et nièces, nos
épouses, nos parents et nos voisins, ne disparaîtront jamais, mais le conflit, lui, devra cesser pour de bon.
En ce qui concerne la mémoire des victimes du conflit rwandais, il sied de rejeter la falsification de notre histoire, notamment en résistant à toute tentative de destruction des symboles qui ont été érigés au nom du peuple et pour le peuple, aussi bien du temps de la monarchie que du temps de la république. En particulier, il est de notre devoir de rendre hommage aux rois et aux présidents de la république ayant contribué aux changements mémorables et hautement remarquables de la vie politique rwandaise.
Nous nous opposerons avec force à toute culture politique de violence militaire aux fins d’une consolidation dans notre pays d’un pouvoir dictatorial, à l’image de celui établi actuellement par le régime du président Paul Kagame. Nous condamnerons également tout langage injurieux et méprisant, ainsi que le traitement humiliant d’anciennes personnalités politiques, hommes d’Etat et chefs d’Etat, notamment ceux dont la contribution à notre histoire a été déterminante.
Dans cet ordre d’idées, la résistance du roi Musinga contre la colonisation de son pays, les tentatives du roi Rudahigwa pour mettre un terme à l’ubuhake, ainsi que l’audace des fondateurs de la République dont le président Kayibanda, méritent d’être évoqués publiquement et des symboles d’être élevés en leur honneur. En effet, leur courage et leur détermination restent des faits marquants de notre histoire
récente. Tout devra donc être mis en œuvre pour que leur valeureuse contribution et leur mémoire ne tombent pas dans l’oubli, n’en déplaise aux « iconoclastes » destructeurs et falsificateurs de l’histoire rwandaise.
11. Eradication de la guerre fratricide
Force est de constater que sur le terrain de l’unité et de la réconciliation nationales, le président Kagame a échoué lamentablement. Pour le grand malheur des Rwandais et de nos voisins congolais, le dictateur de Kigali a opté pour des guerres hégémoniques et des assassinats de ses opposants, sans s’inquiéter le moins du monde de la résolution définitive du conflit rwandais. Malheureusement, une certaine opinion internationale non avisée continue de tomber dans le piège du mensonge et de la manipulation savamment entretenu par le régime de Kagame qui prétend avoir réconcilié les Rwandais, alors que les faits prouvent tout le contraire. En effet, aux yeux d’observateurs avertis, la réconciliation tant vantée par le pouvoir de Kigali n’est qu’un subterfuge destiné à redorer l’image de marque du dictateur et, en définitive, une farce dommageable au peuple rwandais.
Dès à présent, nous rejetons des guerres internes et sauvages qui mettent en danger la vie de nos concitoyens en permanence depuis 1959 jusqu’à aujourd’hui.
Nous avons le devoir de mettre fin à la culture de la haine, de la violence, de la vengeance, du mépris mutuel et de l’exclusion, par des moyens adéquats dont une
éducation saine de nos enfants, le Rwanda de demain. Nous encouragerons le débat sur ce sujet entre les Rwandais, partout où ils seront, qu’ils aient eu la chance de faire des études ou non.
Nous sommes tous affectés par un même mal, et il est temps de nous en défaire une bonne fois pour toutes. Son traitement ne peut venir que de nous, par la contribution de nos réflexions profondes, nos idées constructives à la préparation de l’avenir des générations futures. Nous, les Rwandais, sommes tous condamnés à vivre ensemble à tout prix et à jamais, et pour cette raison, nous devons nous engager à signer un nouveau « contrat social », celui d’avoir pignon sur rue dans un Rwanda meilleur, un
Rwanda de notre rêve. : « Rwanda rwiza, Rwanda rw’amahoro ».
Nous condamnerons et combattrons toute tentative de prise du pouvoir par la force et toute manœuvre visant à se maintenir au pouvoir par la main mise sur la puissance publique, le recours à la violence, les manigances et autres méthodes policières contraires au choix libre des dirigeants par les citoyens eux-mêmes. Personne n’a le droit de prendre le peuple en otage en le maintenant dans un état de situation conflictuelle, de peur ou de répression à des fins d’un pouvoir personnel ou pour quelque autre raison que ce soit.
En mémoire de toutes nos victimes et aux fins de garantir un meilleur avenir aux générations futures, nous mettrons tout en œuvre afin de trouver un terrain d’entente susceptible d’unir les Rwandais et éviter ainsi, à jamais, tout ce qui pourrait les diviser. L’unité retrouvée du peuple rwandais sera, à n’en pas douter, le garant d’une paix durable, non seulement dans notre pays, mais aussi dans toute la région des Grands Lacs.
12. L’état de droit et le combat contre l’impunité
Notre rêve est de vivre dans un pays où l’état de droit est le moteur du développement tant politique, économique, que social. La justice équitable pour tous donnera confiance à tout citoyen et le rassurera de ne plus être soumis à une justice des tribunaux de la haine. Dans le Rwanda de notre rêve, personne, peu importe son rang social ou ses fonctions politiques, y compris celles du chef de l’Etat, ne pourra être au dessus de la loi. Nous nous engageons à faire de la loi de notre pays l’espoir de tous pour un avenir prometteur.
Tous, nous respecterons la loi du pays qui, en aucune façon ne pourra plus être supplantée par le dictat des dirigeants. Nous sommes certains que le respect de la loi changera la mentalité des citoyens et exorcisera la peur qu’ils éprouvent à l’égard des dirigeants dont certains leur font subir des humiliations et des traitements dégradants. C’est donc en respectant la loi que nous serons en mesure de défendre nos droits de citoyens.
Au cours de ces dernières années depuis 1990, les citoyens rwandais ont été victimes des violences provoquées par ceux qui devaient veiller à leur sécurité et à leur protection contre tout danger extérieur. Aujourd’hui encore, nous sommes
exposés au même danger d’être des victimes des violences provenant de ceux qui s’accrochent au pouvoir sans partage.
Il est de notre devoir de bons citoyens de nous engager avec force et détermination pour faire entendre nos voix, en manifestant notre volonté de vivre dans un pays d’état de droit, lequel pourra nous garantir la coexistence pacifique et durable dans notre pays. Nous mènerons un combat d’avant garde pour barrer l’accès au pouvoir
à tout dirigeant arrogant, prédateur, assassin, criminel ou terroriste et pour empêcher qu’un tel dirigeant puisse s’accrocher au pouvoir par la force ou par tout autre moyen anti-démocratique.
Tous ceux qui rêvent de vivre au Rwanda et d’y rendre leur dernier soupir, n’ont qu’un seul souhait, celui de léguer à nos enfants un « Rwanda où coule le lait et le miel », une terre d’espoir durablement pacifique. Dès maintenant, notre devoir est d’unir nos forces pour combattre énergiquement la répression politique infligée aux citoyens rwandais et conjurer les forces négatives extérieures et intérieures qui pourraient provoquer dans notre pays d’autres drames humains.
A cet effet, nous ne ménagerons aucun effort pour que les militaires du FPR ayant commis les crimes de guerre au Rwanda du 1er Janvier 1994 au 31 décembre 1994 soient eux aussi jugés par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda, TPIR, et que les Nations Unies mettent en place sans plus tarder un Tribunal Spécial pour juger les crimes commis en RDC par l’APR, en particulier, et par des armées des autres pays.
13. La question des réfugiés rwandais
Tout homme aimerait vivre dans son pays ou de le visiter, en toute liberté. L’homme rwandais ne fait pas exception. Chaque exilé rwandais rêve chaque jour de son retour dans son pays d’origine.
Notre souhait le plus ardent est que le conflit entre les Rwandais ne perdure, car plus il s’étend dans le temps, plus il donne lieu aux violences qui provoquent les massacres dans notre pays et forcent une partie des Rwandais à se refugier dans les pays étrangers. Il n’y a donc pas moyen de résoudre la question des réfugiés
rwandais sans trouver une solution à la question du conflit de pouvoir et sans mettre fin au cycle de la violence fondée sur la culture de la vengeance.
En vue d’une résolution définitive de ce conflit, il est fort judicieux de nous référer à l’Accord de paix d’Arusha, signé le 4 août 1993 entre le FPR et l’Etat rwandais, un accord qui peut encore servir de base pour solutionner quelques uns de nos problèmes, notamment en ce qui concerne l’instauration d’un état de droit et le partage du pouvoir. Il convient de rappeler que si le conflit de pouvoir a été entre les
Batutsi et les Bahutu en un certain moment de l’histoire, il a aussi existé et il existe encore entre les Bahutu et les Bahutu. En témoignent, entre autres, le coup d’Etat de
1973 et la question des « Banyenduga »massacrés par le régime hutu du président
Habyarimana, dont on ne connaît pas encore aujourd’hui la trace de leurs fosses communes depuis 1973. Ainsi, la théorie de certains Bahutu qui consisterait à «gushira ou gushyira hamwe » (conjuguer nos efforts sans autre ?) et de « kuvuga rumwe » (gommer nos divergences de vues sans autre ?) pour combattre « l’ennemi commun » n’a pratiquement plus de sens. Nous ne pouvons nous unir que pour un objectif commun, à savoir celui d’éradiquer le conflit de pouvoir entre toutes les composantes de la société rwandaise.
En acceptant les négociations de paix sur fond de partage du pouvoir avec le FPR en 1992-1993, les démocrates rwandais se sont faits rouler par ce mouvement politico-militaire, qui s’engagea dans des pourparlers de paix tout en ayant un agenda caché, lequel nous sera révélé par l’une des plus terribles tragédies du siècle passé : le génocide de 1994, provoqué par l’assassinat du président Habyarimana.
Le retour de réfugiés tutsi au Rwanda et leur participation au pouvoir, qui était le point central des négociations jusqu'à la signature de l’accord de paix d’Arusha, n’a pu être exécuté comme prévu par cet accord.
Après le génocide de 1994, dans un climat de deuil pour les uns et de triomphalisme pour les autres, le rapatriement des réfugiés tutsi sera limité, précipité, désordonné, et composé surtout des chômeurs et de peu d’intellectuels. Tous comptes faits, la question des réfugiés tutsi n’a pas été résolue, alors que le FPR en avait fait son casus belli ; elle est restée entière alors que le prix payé en termes de vies humaines pour leur rapatriement violent, dépasse les limites du raisonnable. Bien plus, le FPR a compromis l’image du peuple rwandais entraîné dans les violences de ceux qui
combattaient en réalité pour le pouvoir (et tout le pouvoir !) et non pour le retour des réfugiés rwandais.
La prise du pouvoir par le FPR, après le génocide de 1994, a provoqué une vague de réfugiés hutu dont certains seront rapatriés par la force, deux ans après ; d’autres seront massacrés par centaines de milliers en RDC, alors que ceux qui ont échappé à ces massacres seront éparpillés dans les pays africains, ainsi que dans d’autres pays, notamment d’Europe et d’Amérique.
Aujourd’hui, c’est un fait de notre histoire, il y a encore des réfugiés tutsi et des réfugiés hutu à travers le monde, et leur nombre ne cesse de croître. Cela est dû à ce que beaucoup de citoyens rwandais sont chaque fois contraints par le régime dictatorial à quitter leur pays, tout simplement pour mettre en sécurité leur vie.
Les conséquences de toutes ces violences issues du conflit rwandais sont douloureuses et insupportables, tant pour les présentes que pour les futures générations. Elles se manifestent surtout par un sentiment d’exclusion, et par des massacres à l’origine des mouvements de Rwandais contraints de renoncer à leurs biens, à leur terre, leur seule richesse, et à leurs racines.
Le FPR n’a pas été capable de trouver la solution attendue de lui à ce problème des réfugiés, pour lequel il avait pourtant pris les armes en 1990 pour envahir le Rwanda.
A l’époque, il promettait aussi d’y établir un système démocratique, qui ne verra jamais le jour, puisque une dictature militaire de la pire espèce a pris racine au sommet du pouvoir jusqu’à aujourd’hui.
Dès lors, l’échec du régime FPR est double : d’une part, les réfugiés tutsi et hutu ne sont pas tous rentrés et certains ont même été tués par centaines de milliers par l’APR en RDC ; d’autre part, la démocratie dans notre pays ne reste qu’au niveau du rêve qu’il faudra réaliser à travers un combat politique de longue haleine dirigé pour le moment contre le régime dictatorial et criminel du FPR.
Si aucun de ces deux objectifs n’a pu être atteint, malgré la peine et les souffrances endurées par les Rwandais, y compris le sang versé de millions de nos concitoyens innocents, il est de notre devoir de citoyens déterminés et conscients de l’intérêt supérieur de la nation rwandaise, de nous mettre debout comme un seul homme
pour chercher rapidement des moyens efficaces et concertés, aptes à assainir la situation politique et sociale de notre pays, pour que tout Rwandais qui le désire puisse y retourner sans condition et y vivre paisiblement.
14. Conclusion
Nous réaffirmons solennellement notre ferme conviction que le Rwanda a besoin de toute urgence d’un changement politique profond axé sur des valeurs fondamentales que sont la liberté, la vérité et la justice, seules garantes d’un véritable état de droit, d’une démocratie solidement établie et d’une paix durable. Nous sommes également conscients de l’extrême importance de l’éradication de l’impunité et du retour des exilés rwandais dans leur pays, ces deux facteurs étant indispensables à la création de conditions favorables à une réconciliation effective entre toutes les composantes de la société rwandaise et à leur coexistence harmonieuse.
Les Rwandais, hutu, tutsi et twa, doivent toujours avoir à l’esprit qu’ils forment un seul peuple et que, tout en restant fidèles à leur identité, il est dans l’intérêt des uns et des autres de bâtir une nation rwandaise cimentée par des valeurs traditionnelles communes que sont : l’intégrité (ubupfura, kwanga umugayo), l’audace (ubutwari), l’humanisme (ubuntu), la solidarité avec ses semblables (umubano mu bantu).
Toutes ces valeurs cadrent bien avec le « Rêve rwandais » tel que présenté dans ce document et sont manifestement incompatibles avec un état de dictature civile ou militaire. C’est pourquoi, tous les Rwandais épris de paix et de liberté ont le devoir de combattre avec vigueur le régime autocratique et criminel qui sévit présentement au
Rwanda sous la houlette du président Kagame. C’est d’autant plus urgent que ce régime, s’il devait rester en place quelques années de plus, il entraînerait encore plus de dégâts irréparables, aussi bien en termes de vies humaines que de libertés fondamentales.
C’est donc l’avenir de notre pays et la stabilité de l’ensemble de la région des Grands
Lacs qui sont menacés. Pour cette raison et compte tenu de la gravité de la situation, nous lançons à nouveau un appel pressant aux Rwandais et aux amis du Rwanda pour qu’ils rejoignent ou soutiennent résolument le « Rêve rwandais ».
Ensemble, forts de notre sens des responsabilités et de l’amour pour notre mère patrie, nous trouverons une solution définitive au conflit de pouvoir qui est à l’origine de toutes les violences récurrentes ayant frappé la vie des Rwandais depuis plus d’un demi-siècle et qui reste un frein de taille à tout développement politique, social, intellectuel et économique dans notre pays et dans notre région.
Ce n’est qu’après l’éradication de ce conflit que la fraternité, la solidarité, la justice et la démocratie triompheront dans le pays de nos ancêtres, en même temps que l’éducation, le travail et la libre entreprise seront la mesure de la valeur de chacun.
De plus, dans ce « Rwanda nouveau », celui de notre rêve, où la liberté, la vérité et la démocratie règneront en maîtres, rien ne s’opposera plus au retour inconditionnel et pacifique de nos concitoyens qui sont en exil et à une coexistence pacifique des Rwandais dans leur pays.
Les compatriotes qui se reconnaissent dans ce « Rêve rwandais » sont cordialement invités à adhérer au texte ci-annexé, qui tient lieu de déclaration constitutive de l’organisation politique dénommée Rwandan Dream Initiative (Initiative du Rêve
Rwandais ; Umugambi Rwanda Rwiza).
Vive le peuple rwandais !
(cliquez ici pour la 3è partie : http://veritas2010.over-blog.fr/article-declaration-constitutive-de-rwandan-dream-initiative-62714542.html )