Rwanda-Politique: Le diable est dans les détails !
La messe est dite! Ite missa est, disait-on avant le concile Vatican II. Un chapitre se ferme, un autre s’ouvre.
Quel chapitre? Il ne s’agit pas ici de la démission du Pape Benoit XVI ni des tractations au conclave pour désigner son successeur. Il s’agit plutôt de la fin du second et dernier mandant du Président Rwandais Paul Kagame. Il s’agit aussi des préambules ou mieux encore, des inconnues entourant sa succession.
Pour sûr -excusez-moi l’anglicisme-, il ne briguera pas un troisième mandat. Je crois Kagame sur parole. Je le crois surtout sur cette parole: « I am not the person who needs the third term…Just look at me, I don't need it. »
Et il n’en veut pas en effet. Mais de grâce, ne lui demandez pas plus. Comme dirait Friedrich Nietzsche, « Der Teufel steckt im Detail » ou, si je me permets de traduire de mon piètre allemand, “le diable est dans les détails.” Le diable étant dans les détails, sa parole aussi concise et aussi tranchée nous cache-t-elle un diable? Juste un seul diable?
Essayons justement de tenter le diable et posons six questions qui tuent :
1) Comment penses-t-il à l’après-lui même?
2) Va-t-il revamper la constitution pour se forger un poste comme il le fit sous la présidence de son prédécesseur ?
3) Rééditer l’exploit du duo Poutine-Medvedev en Russie?
4) Suivre les traces du couple argentin Christina et Nestor Kirchner et céder son siège à sa douce moitie?
5) Se retirer complètement de l’exécutif et tirer les ficelles à partir de son poste de Chairman du FPR?
6) Prendre sa retraite, se retirer de la vie politique et profiter de la vie tout court en dehors des camera?
On voit très bien que les détails sont trop nombreux pour cacher un seul le diable, mais tous les diables de l’Enfer. Nul n’est dans les secrets des dieux, encore moins dans ceux de l’homme fort de Kigali. Alors permettons-nous d’apporter un correctif a la fameuse citation de Nietzsche et disons plutôt que les diables, beaucoup de diables, sont dans ces détails, dans cet imbroglio, dans ces scenarii aussi plausibles les uns que les autres.
Comment sera le Rwanda d’après-Kagame? Vous n’en savez rien? Moi non plus ou, comme Socrate, « Je ne sais qu'une seule chose. C'est que je ne sais rien »
[2]. En fait, contrairement à Socrate qui ne sait rien, je sais quant à moi que nous avons une multitude de diables dans les détails.
[1] http://www.reuters.com/article/2013/02/27/us-rwanda-kagame-idUSBRE91Q13U20130227
[2]http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=3648
Nul n’est dans les secrets des dieux, encore moins dans ceux de Paul Kagame. Je ne sais qu’une seule chose. C’est qu’il n’a pas encore dit son dernier mot. Et je sais également qu’il a plusieurs cordes à son arc et qu’il n’a pas encore joué sa dernière carte ou plutôt n’a pas encore tiré sa dernière flèche, sa dernière cartouche.
Nul n’est dans les secrets des dieux, encore moins dans ceux de Paul Kagame. Convenons-nous au moins sur cela, ainsi que sur le fait que beaucoup de diables sont dans les détails.
À en croire le premier concerné qui a fixé les objectifs de la succession à trois points à savoir continuité, stabilité et progrès, on en déduit que le changement n’est pas au rendez-vous. Paul Kagame privilégie le statu quo et ne tolérera aucun aggiornamento politique. Toute opposition au statu quo sera taxée de vecteur de l’instabilité et d’élément destructeur des acquis des 14 dernières années. Les élections de 2017 seront donc marquées, une fois de plus, par une opposition brillant par son absence ou se contentant d’un simple rôle de figurant. L’après-Kagame, sera donc synonyme de passation de pouvoir à la chinoise.
Une question à deux sous : Devons-nous attendre sagement quelle surprise nous réserve l’année électorale 2017 ou bien tenter le diable et pousser l’establishment du parti au pouvoir à Kigali à nous dévoiler la nature des diables qui sont cachés dans les détails?
Poser la question c’est y répondre. Ma réponse à moi s’inspire de Jean-Jacques Rousseau et se formule comme suit: « Quelque faible influence que puisse avoir ma voix dans les affaires publiques, le droit d’y voter suffit pour m’imposer le devoir de m’en instruire »
source: rdirwandarwiza.com