RDC – Rwanda : Julien Paluku démonte la « rhétorique usée » des FDLR brandie par Kigali.

Publié le par Veritas

Dans une réponse percutante à Olivier Nduhungirehe, ancien diplomate rwandais et figure médiatique de Kigali, l’actuel ministre congolais de l’Industrie, Julien Paluku Kahongya, ancien gouverneur du Nord-Kivu, est monté au créneau pour déconstruire ce qu’il qualifie de «rhétorique rwandaise éculée» autour de la question des FDLR.

l’actuel ministre congolais de l’Industrie, Julien Paluku Kahongya.

Depuis plus de deux décennies, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) sont brandies par Kigali comme la menace principale justifiant ses incursions militaires répétées dans l’est de la République démocratique du Congo. Mais pour Paluku, cette stratégie de communication sert d'écran de fumée pour dissimuler les véritables motivations du régime de Paul Kagame : le pillage des ressources naturelles et la domination géopolitique de la région.

Une rhétorique vieille de 30 ans

«C’est la rhétorique depuis 30 ans qui a aveuglé le monde», accuse Julien Paluku. Selon lui, la narration rwandaise d’un Congo infesté de génocidaires FDLR n’est plus tenable à l’heure actuelle, tant les faits sur le terrain contredisent ce discours.

En s'appuyant sur les rapports successifs des experts de l'ONU, Paluku rappelle que les effectifs des FDLR ont fondu à environ un millier de combattants — un groupe largement affaibli, fragmenté, et dont plusieurs éléments ont été «recyclés» ou instrumentalisés par Kigali lui-même, selon ses mots. Il met en évidence un paradoxe que peu soulignent : durant les périodes où l'armée rwandaise a occupé l’Est de la RDC (1998–2003, puis 2022–2025), les FDLR n’ont jamais été neutralisés.

«Pendant ces 8 ans, n’ont-ils pas toujours trouvé leurs FDLR ?», s’interroge-t-il avec une pointe d'ironie, soulignant l’hypocrisie ou l’inefficacité manifeste de cette obsession rwandaise.

Le piège de la stigmatisation ethnique.

Julien Paluku élargit sa réflexion en dénonçant la stigmatisation communautaire qui accompagne systématiquement le discours sécuritaire de Kigali. Selon lui, la logique de l’ethnicisation du conflit — en accusant systématiquement les Hutus réfugiés ou opposants de connivence avec les FDLR — a permis de justifier des interventions militaires et une occupation prolongée de régions riches en minerais stratégiques.

«Déconstruire un mensonge inoculé comme du venin depuis 30 ans est un travail de longue haleine», prévient-il. Cette tâche de réhabilitation de la vérité, selon lui, incombe aux acteurs de terrain, Congolais, qui ont vécu les réalités du conflit bien au-delà des récits fabriqués dans les chancelleries ou les laboratoires de Kigali.

Un appel à l’unité nationale contre la manipulation.

Paluku conclut son propos par un appel à la vigilance nationale. Il invite ses compatriotes à ne pas se laisser manipuler ni servir de «béquilles» à un régime étranger dont le projet régional, selon lui, consiste à affaiblir la RDC de l’intérieur. Il cible notamment l’attitude de certains Congolais qu’il qualifie de «distraits», qui, par naïveté ou par intérêt, reproduisent la propagande rwandaise au détriment de leur propre souveraineté.

Un discours qui bouscule les lignes.

Les propos de Julien Paluku interviennent dans un contexte de méfiance croissante entre Kinshasa et Kigali, sur fond d’avancées du M23, de tensions diplomatiques persistantes, et de tentatives de médiation infructueuses. Son intervention marque une inflexion dans le narratif congolais, de plus en plus structuré autour de la souveraineté, la mémoire, et la responsabilisation des acteurs étrangers dans les conflits à l’Est.

Si le dossier des FDLR a longtemps servi de bouclier à Kigali pour justifier sa présence, les nouvelles données sur le terrain, l’épuisement de cette rhétorique et la contre-offensive narrative congolaise semblent aujourd’hui changer la donne.

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