Rwanda- arrestation de Victoire Ingabire : Un régime en déroute face à sa propre fin ?

Publié le par Veritas

Dans la nuit du 19 juin 2025, dans un silence parfaitement orchestré, Victoire Ingabire Umuhoza, figure de proue de l’opposition pacifique rwandaise, a été arrêtée à son domicile de Kigali. Aucun mandat, aucune explication officielle. Juste l’obscurité, les méthodes d’un régime qui vacille, et la peur nue d’un pouvoir qui voit s’approcher sa propre fin.

Victoire Ingabire comparaît cette semaine devant le tribunal de Kagame, où elle avait été initialement convoquée comme témoin, avant d’être requalifiée en coaccusée.

Cette arrestation n’est pas un simple fait divers politique. Elle est le symptôme d’un régime Kagame plus isolé que jamais, acculé à la fois par les pressions internationales, les défaites militaires et l’éveil d’une population qui n’accepte plus le monopole d’un récit officiel.

Une arrestation qui en dit long.

Victoire Ingabire a toujours incarné une autre voie : celle de la réconciliation, de la justice équitable, de la mémoire inclusive. Son engagement non violent et structuré en fait, depuis plus d’une décennie, une voix redoutée par le régime de Kigali.

Mais ce 19 juin marque une étape supplémentaire : désormais, le pouvoir ne cache même plus son acharnement. Il agit la nuit, sans témoins, en dehors de toute légalité. Ce mode opératoire en dit long sur la nervosité actuelle des cercles dirigeants.

Le contexte régional et international : l'étau se resserre

L’arrestation de Victoire Ingabire intervient dans un moment de forte tension géopolitique. Le Rwanda, longtemps perçu comme un allié stratégique dans la région des Grands Lacs, voit aujourd’hui son image s’effondrer.

1.Isolement diplomatique croissant : Le soutien actif du régime rwandais au groupe rebelle M23 en République Démocratique du Congo (RDC) a fini par provoquer une rupture de confiance entre Kigali et une grande partie de la communauté internationale. Les rapports onusiens, les déclarations officielles de l’Union africaine et de plusieurs chancelleries occidentales pointent du doigt la responsabilité directe du Rwanda dans l’instabilité dans l’est du Congo.

2.Défaites militaires : Sur le terrain, la situation s’est retournée contre le régime. Les forces armées rwandaises (RDF), engagées officieusement dans le Nord et le Sud-Kivu, ont subi ces dernières semaines des revers majeurs face aux FARDC appuyées par des forces locales de résistance de Wazalendo. Ce repli militaire contribue à fragiliser la posture dominante du Rwanda dans la région.

3.Appels à un changement de régime : Jamais la pression pour un changement politique au Rwanda n’a été aussi forte. Des voix de plus en plus nombreuses – venant de la diaspora, de la société civile africaine, mais aussi de partenaires traditionnels – réclament une transition démocratique crédible. Victoire Ingabire, en tant que figure consensuelle, incarne cette alternative pacifique.

4.L'ombre de la succession : L’état de santé de Paul Kagame, sujet de spéculations récurrentes, alimente l’anxiété du pouvoir. Dans un système hyper centralisé autour de sa personne, toute faiblesse physique devient une menace politique. Et dans les couloirs du pouvoir, une idée circule de plus en plus ouvertement : Victoire Ingabire pourrait être la figure de la relève. Ce seul soupçon suffit à justifier, dans une logique paranoïaque, son arrestation.

Une tentative de briser une dynamique de transition.

L’arrestation d’Ingabire n’est donc pas une opération de routine. C’est un geste stratégique. Un aveu de faiblesse. Une tentative désespérée de contenir l’inévitable : la remise en question du régime, de ses fondements et de ses pratiques.

Mais cette stratégie pourrait se retourner contre lui. Car en touchant à Victoire Ingabire, le régime de Kigali offre au monde une preuve tangible de son autoritarisme. Il remet au centre du débat une femme que beaucoup, même parmi les plus sceptiques, considèrent désormais comme une alternative crédible à la présidence.

Et maintenant ?

Les appels à sa libération immédiate se multiplient. Des ONG, des diplomates, des intellectuels et des citoyens ordinaires appellent à des sanctions, à l’envoi d’observateurs, à la fin de l’impunité. Le régime peut encore reculer. Mais le mal est fait. La peur a changé de camp. Victoire Ingabire est en prison. Mais son combat, lui, est plus libre que jamais. « La prison, pour les régimes en fin de course, n’est pas une solution. C’est un aveu. ».

Par la rédaction.

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