Rwanda, agresseur et «gardien de la paix» : une contradiction intenable au cœur de l’ONU !

Publié le par Veritas

Hier, une photographie largement relayée montrait un contingent de policiers rwandais en partance pour la République centrafricaine. Leur mission : relever leurs compatriotes déjà déployés au sein de la MINUSCA, l’opération de maintien de la paix des Nations unies. Une scène apparemment anodine dans le ballet des Casques bleus. Sauf que cette mission se déroule alors que le Rwanda est officiellement condamné par l’ONU, dans sa résolution 2773, pour agression contre la République démocratique du Congo (RDC), en violation flagrante de la Charte des Nations unies.

À première vue, cela semble un non-sens : comment un pays condamné pour avoir agressé un autre État membre peut-il en même temps être autorisé à envoyer des troupes pour "maintenir la paix" ailleurs, sous la bannière onusienne ? Mais les faits sont encore plus graves.

Des Casques bleus tués par un pays toujours en mission onusienne.

Le soutien actif de l’armée rwandaise, les Rwanda Defence Forces (RDF), au groupe rebelle M23, classé sous sanctions de l’ONU, ne s’est pas limité à une ingérence politique. Lors de la prise de la ville de Goma, dans l’est de la RDC, les forces du M23 – appuyées selon plusieurs rapports par les RDF – ont attaqué et tué un nombre significatif de Casques bleus de la MONUSCO, la mission des Nations unies en RDC.

Or, s’en prendre à des soldats de la paix constitue un crime de guerre au regard du droit international. Le fait qu’un pays ayant participé ou facilité ces actes violents contre les forces de l’ONU continue d’y participer sans aucune sanction contraignante soulève une indignation légitime.

Un silence qui dérange.

Jusqu’à présent, l’ONU n’a pris aucune mesure disciplinaire contre le Rwanda sur ce point précis. Aucun embargo sur les missions de paix, aucune exclusion, aucune procédure pénale. Ce silence devient de plus en plus intenable, tant pour les défenseurs du droit international que pour les populations concernées.

Un double jeu onusien ?

Il faut comprendre que les Nations unies reposent sur une diplomatie de compromis. Aucune règle formelle n’interdit actuellement à un État membre de participer aux opérations de maintien de la paix, même s’il est sous condamnation politique ou soupçonné de crimes graves, tant qu’il n’a pas été formellement sanctionné à ce sujet. Et c’est bien là le nœud du problème : les grandes puissances, membres permanents du Conseil de sécurité, n’ont pas voté de sanction directe interdisant au Rwanda de contribuer aux opérations. L’ONU semble paralysée par ses propres équilibres politiques.

Une ONU minée par la realpolitik.

Le Rwanda reste un allié stratégique pour plusieurs pays influents, notamment les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, ce qui limite fortement toute velléité de sanction. À cela s’ajoute une dépendance pratique : les troupes rwandaises sont jugées efficaces, bien formées et rapidement mobilisables. Dans un contexte de crise de vocation chez les Casques bleus, l’ONU semble préférer détourner le regard plutôt que de compromettre ses missions opérationnelles.

Vers une crise de crédibilité de l’ONU ?

À la lumière de ces contradictions, la légitimité morale de l’ONU est sérieusement entamée. Peut-on encore croire à une organisation qui ferme les yeux sur les crimes de guerre perpétrés contre ses propres troupes ? Comment l’ONU peut-elle se prétendre garante du droit international si elle tolère en son sein un pays accusé de crimes contre la paix et contre ses propres forces ?

L’opinion internationale est en droit de demander des comptes. La situation actuelle ne révèle pas seulement une faille juridique, mais un abandon des principes fondateurs des Nations unies. Si l’ONU veut rester crédible, elle devra tôt ou tard affronter cette dissonance insupportable entre ses discours et ses actes.

Par notre rédaction.

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K
N'oubliez pas que c'est la France qui est a la tete des Operations de maintien de la Paix a l'ONU. Sachez aussi que les soldes des soldats et policiers rwandais finissent en grande partie dans les caisses du FPR.
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