Lettre du MRD au UNHCR : détresse des réfugiés rwandais et Hutus congolais menacés de refoulement vers le Rwanda

Publié le par Veritas

Mouvement pour la République et la Démocratie (MRD)
Washington, le 20 mai 2025.

À l’attention de Monsieur Filippo Grandi
Haut-Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR)
Genève, Suisse

Objet : Détresse des réfugiés rwandais et des populations hutu congolaises menacés de refoulement vers le Rwanda

Monsieur le Haut-Commissaire,

Le Mouvement pour la République et la Démocratie (MRD) souhaite, par la présente, vous faire part de sa vive préoccupation face à la situation dramatique que traversent les réfugiés rwandais présents en République Démocratique du Congo (RDC), en particulier dans les régions de Goma et Bukavu, désormais sous contrôle de forces armées rwandaises agissant sous couvert du groupe armé M23.

Cette lettre fait suite à celle adressée le 14 février 2025 à Son Excellence le Secrétaire général de l’ONU, dans laquelle nous alertions déjà sur les menaces graves pesant sur les réfugiés rwandais, victimes d’un régime autoritaire à Kigali dirigé par le président Paul Kagame. Malheureusement, les récents événements confirment nos craintes les plus profondes.

Nous assistons, impuissants, à des opérations de refoulement forcé de réfugiés vers le Rwanda, pays qu’ils ont fui en raison de persécutions. Ces actes, manifestement contraires à l’article 33 de la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés, violent le principe fondamental de non-refoulement. Plus inquiétant encore, ces refoulements seraient facilités par certaines composantes du HCR opérant à Goma.

Il nous a été rapporté que ces opérations de refoulement touchent non seulement des réfugiés rwandais d’ethnie hutue, mais également des citoyens congolais de la même origine ethnique ou partageant la langue kinyarwanda. Ces Congolais sont spoliés de leurs biens par les rebelles du M23, soutenus par les Forces de défense du Rwanda (RDF), et victimes d’abus graves, notamment la destruction de leurs papiers d’identité et l’accusation infondée d’appartenir aux FDLR. Peut-on honnêtement croire que les vieillards, femmes et enfants filmés dans ces vidéos seraient des combattants ?

Nous vous prions instamment de suivre de près le sort de nombreux hommes réfugiés – absents parmi ceux refoulés – dont on craint qu’ils aient été arrêtés ou même disparus. Les femmes et les enfants transférés au Rwanda ne peuvent à eux seuls représenter la totalité des populations concernées.

Nous considérons que ces atrocités sont la conséquence directe de l’impunité prolongée dont jouissent certains acteurs clés du régime rwandais et du M23 depuis plus de trente ans. Sous la direction de Paul Kagame, les RDF – parfois qualifiées de « machine à tuer » – bénéficient d’une impunité qui rend possibles les pires violations des droits humains.

Nous rappelons ici l’importance de la « Mapping Report » publiée par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies en octobre 2010, qui répertorie de graves violations des droits humains commises en RDC, susceptibles d’être qualifiées de crimes de génocide si elles étaient dûment examinées par une juridiction compétente. Quinze ans après sa publication, cette documentation reste lettre morte.

Plus de dix millions de Congolais auraient perdu la vie, des millions de femmes ont été violées, et les atrocités se poursuivent quotidiennement dans les zones occupées par le M23/RDF. Parmi les principales cibles de cette violence se trouvent les réfugiés rwandais et les populations congolaises jugées indésirables dans l’Est de la RDC.

Au regard de ces faits, nous demandons instamment :

  1. Que toutes les mesures nécessaires soient prises pour faire cesser ces violences.
  2. Que le HCR assure la protection effective des réfugiés rwandais encore présents en RDC, abandonnés par la communauté internationale.
  3. Que les auteurs de ces crimes contre l’humanité soient identifiés, poursuivis et jugés afin de rompre définitivement le cycle de l’impunité.
  4. Que le HCR enquête sur le sort des réfugiés refoulés de force au Rwanda, notamment les hommes dont la disparition est inquiétante.

Dans l’attente d’une action concrète et urgente de votre part, nous vous remercions, Monsieur le Haut-Commissaire, de l’attention que vous porterez à cet appel, que nous vous adressons au nom de la dignité humaine et du droit international.

Veuillez agréer, Monsieur le Haut-Commissaire, l’expression de notre haute considération.


Rév. Christine COLEMAN
Présidente du MRD (sé)

Copies à :

  • S.E. Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies
  • S.E. Donald J. Trump, Président des États-Unis
  • S.E. Emmanuel Macron, Président de la République française
  • Secrétaire général de l’Union Européenne
  • Secrétaire général de l’Union Africaine
  • S.E. Félix Antoine Tshisekedi, Président de la RDC
  • S.E. Evariste Ndayishimiye, Président du Burundi
  • S.E. Samia Suluhu Hassan, Présidente de la Tanzanie
  • Lewis Mudge, Directeur pour l'Afrique centrale de Human Rights Watch
  • Agnès Callamard, Secrétaire générale d’Amnesty International

 

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