Fermeture des frontières Ouganda-RDC : une conséquence des sanctions US contre le Rwanda et le M23?
L’Ouganda a pris une décision stratégique en restreignant l’exportation de marchandises à destination de la République Démocratique du Congo (RDC) via certaines frontières. Dans un mémorandum signé par Asadu Kigozi Kisitu, un haut responsable des douanes ougandaises, il est précisé que les postes frontaliers de Katuna, Bunagana, Cyanika, Ishasha River, Busanza et Kyeshero ne seront plus utilisés pour le transit des biens vers la RDC.
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Cette mesure, effective immédiatement, a été justifiée par la situation critique qui prévaut en RDC, notamment la perte de contrôle du gouvernement central sur les villes de Goma et Bukavu, deux points d’entrée majeurs pour le commerce transfrontalier.
Cette fermeture partielle des frontières intervient quelques jours après que les États-Unis ont imposé des sanctions au général James Kabarebe, ancien ministre de la Défense du Rwanda et proche du président Paul Kagame. Kabarebe est accusé de soutenir le groupe rebelle M23, actif dans l’est de la RDC, et d’être impliqué dans l’exploitation illégale des ressources minières congolaises.
Certains observateurs estiment que la décision ougandaise pourrait être une tentative de se distancer du conflit régional et d’éviter toute implication indirecte dans le trafic de minerais en provenance des zones sous contrôle du M23. En effet, Goma et Bukavu, désormais hors du contrôle du gouvernement congolais selon le mémorandum, sont des zones stratégiques pour l’exportation de ces ressources.
En prenant cette décision, l’Ouganda pourrait chercher à éviter des tensions diplomatiques avec la RDC et à montrer sa neutralité face aux pressions internationales croissantes contre le Rwanda. Cependant, il pourrait également s’agir d’une mesure purement économique pour limiter les pertes de revenus causées par l’instabilité dans l’est congolais.
La restriction du passage par ces postes frontaliers pourrait avoir un impact significatif sur le commerce transfrontalier. De nombreux commerçants et transporteurs seront contraints de rediriger leurs marchandises vers d’autres points d’entrée, ce qui pourrait entraîner des délais et des coûts supplémentaires.
De son côté, la RDC pourrait voir cette décision comme un geste favorable à son gouvernement, qui lutte contre les groupes armés dans l’est du pays. Mais cette situation risque également de tendre davantage les relations entre Kampala et Kigali, le Rwanda étant directement visé par les sanctions américaines.
Il reste à voir si cette mesure sera temporaire ou si elle s’inscrit dans une stratégie plus large de l’Ouganda pour redéfinir ses relations commerciales et diplomatiques avec ses voisins.
Veritasinfo.