Suspension de l’aide après l'attaque de Goma : une pression croissante sur le Rwanda !

Publié le par Veritas

La situation dans l'est de la République Démocratique du Congo (RDC) continue de se détériorer, exacerbée par l'attaque du groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, sur la ville stratégique de Goma en janvier 2025. Cet incident a provoqué une onde de choc sur la scène internationale, suscitant des répercussions diplomatiques majeures pour Kigali, notamment la mise en péril d'une aide internationale cruciale.

Des troupes rwandaises RDF déployées à Goma en soutien au M23

Dans un contexte où la guerre dans l'est de la RDC dure depuis plusieurs années et fait des milliers de victimes, plusieurs pays européens ont pris des mesures concrètes en réponse à l'implication présumée du Rwanda dans le soutien au M23. L'Allemagne a suspendu ses discussions sur l'aide au développement et a annulé des consultations gouvernementales prévues pour le mois de février, exigeant un retrait des troupes rwandaises de l'est de la RDC avant de reprendre les pourparlers. Les Pays-Bas ont également suspendu une partie de leur aide, d'un montant de 5 millions d'euros, destinée au programme de justice rwandais.

Le Royaume-Uni, principal donateur d'aide au Rwanda, a émis un avertissement direct à Kigali, soulignant que l'attaque de ses voisins pourrait entraîner une réévaluation de son soutien. David Lammy, le ministre des Affaires étrangères britannique, a indiqué dans une conversation téléphonique avec le président rwandais, Paul Kagame, que le soutien financier de son pays à Kigali, estimé à plus d'un milliard de dollars par an, était désormais sous menace. Lammy a affirmé qu'il était inacceptable que des pays violent l'intégrité territoriale de leurs voisins, précisant que ce principe devait s'appliquer à toutes les régions du monde, pas seulement en Europe.

D'autres pays, notamment les pays scandinaves et les États-Unis, pourraient emboîter le pas en suspendant ou réévaluant leur aide, notamment si les accusations de soutien militaire au M23 se confirment. Les États-Unis avaient déjà, en 2012, gelé une aide militaire de 200 000 dollars en raison de la situation en RDC.

L'ONU, ainsi que de nombreux acteurs internationaux, ont lancé des appels urgents demandant au Rwanda de retirer ses forces de la région et de cesser son soutien au M23. Dans une déclaration ferme, le ministre congolais des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a dénoncé une « agression délibérée et méthodique contre un État souverain », qualifiant l'attaque de Goma d'« attaque flagrante contre la paix et la sécurité internationales ».

Cette situation est d'autant plus complexe que des ressources naturelles précieuses, telles que le coltan et le tungstène, sont au cœur du conflit. La région de Goma, riche en minéraux, représente un enjeu économique majeur, avec des accusations de trafic illégal de ces ressources, souvent détournées vers le Rwanda. Le ministre congolais des Finances, Nicolas Kazadi, a déclaré qu'une grande partie de la richesse minière de la RDC se retrouvait en Rwanda, renforçant ainsi les tensions autour des motivations géopolitiques du conflit.

Le soutien de longue date des pays occidentaux envers le Rwanda, en particulier pour son rôle dans la gestion de la crise des réfugiés, semble désormais vaciller. Le gouvernement rwandais, qui a longtemps été salué pour ses politiques internes et son rôle de stabilisateur régional, se trouve aujourd'hui sous pression face aux accusations de soutien aux groupes armés dans la RDC voisine.

Le président Kagame a fermement nié toute implication dans le soutien aux rebelles du M23, accusant le gouvernement congolais d'armer des milices issues du groupe FDLR, composé de rescapés des massacres des réfugiés rwandais en RDC (Ex-Zaïre) depuis 1996. Cependant, les preuves accumulées par les Nations unies et d'autres observateurs pointent de plus en plus vers une implication directe de l'armée rwandaise dans la poursuite de ses intérêts géopolitiques et économiques.

Dans ce climat tendu, la diplomatie internationale se trouve à un carrefour, et l'avenir des relations entre le Rwanda et ses partenaires internationaux semble incertain. L'issue de ce conflit pourrait redéfinir non seulement les rapports entre la RDC et le Rwanda, mais aussi les dynamiques de l'aide internationale en Afrique centrale.

Veritasinfo.

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