Quel jeu joue l'administration Biden en RDC ?

Publié le par veritas

La situation en République démocratique du Congo (RDC) reste marquée par une guerre complexe, alimentée par des forces internes et externes. L'attitude de l'administration Biden face aux agissements de Paul Kagame et du groupe rebelle RDF/M23 soulève des questions sur la stratégie américaine dans la région. Ce silence apparent, couplé à certaines interventions diplomatiques, dessine un rôle ambigu des États-Unis dans ce conflit.

Refus de signer l'accord de paix : un silence éloquent ?

Le 15 décembre 2024, Paul Kagame, président du Rwanda, a refusé de signer un accord de paix lors des discussions tenues à Luanda. Cet échec représente un revers majeur pour les efforts diplomatiques régionaux. Mais ce qui interpelle davantage, c'est l'absence de réaction de la part de l'administration Biden. Aucun commentaire n'a été formulé pour condamner cette posture ou pour faire pression sur Kigali afin d'encourager un dialogue constructif. Ce mutisme a été interprété par certains comme un soutien implicite à Kagame.

Une médiation à double tranchant

Alors que le gouvernement congolais s'efforçait de récupérer des zones stratégiques, préalablement occupées par les forces RDF/M23 dans le territoire de Lubero, une intervention inattendue a compliqué la donne. Antony Blinken, secrétaire d'État américain, a publié un communiqué appelant au cessez-le-feu. Ce message est survenu à un moment crucial où les forces rebelles étaient en grande difficulté sur le terrain, laissant planer le doute sur les véritables motivations de cette demande.

Au lieu de résoudre le conflit, cette intervention semble avoir permis aux forces RDF/M23 de se réorganiser. Cela renforce l'idée que les États-Unis jouent un rôle indirect dans la prolongation de cette guerre, sous couvert de défendre des principes diplomatiques.

Une absence de sanctions contre les responsables des violences

Malgré les multiples rapports d'ONG et les accusations contre le RDF/M23 pour des attaques ciblées sur les civils et des violations des droits de l'homme, aucune sanction n'a été imposée par l'administration Biden à l'encontre de ces groupes ou du Rwanda. Cela contraste fortement avec la politique américaine dans d'autres régions, où les sanctions économiques et diplomatiques sont fréquemment utilisées pour dissuader de tels actes.

L'inaction américaine est d'autant plus surprenante que le groupe RDF/M23 ne cache pas ses intentions. Ce dernier a publiquement déclaré son objectif de s'emparer des villes stratégiques de Goma et Bukavu, sous prétexte de neutraliser les frappes aériennes congolaises. Une telle rhétorique belliciste aurait normalement attiré une condamnation ferme de la part de Washington, mais il n'en a rien été.

Une guerre par procuration ?

La posture de l'administration Biden soulève ainsi une question fondamentale : les États-Unis utilisent-ils le RDF/M23 et Paul Kagame pour mener une guerre indirecte en RDC ? Plusieurs observateurs avancent que Washington pourrait chercher à contrer l'influence chinoise et russe dans cette région riche en ressources naturelles. En adoptant une approche discrète mais calculée, l'administration américaine pourrait soutenir un allié stratégique (le Rwanda) tout en évitant d'être perçue comme un acteur direct du conflit.

Cependant, cette stratégie comporte des risques importants. Elle alimente les tensions locales, fragilise la légitimité du gouvernement congolais, et aggrave une crise humanitaire déjà catastrophique. De plus, elle menace de ternir la réputation des États-Unis en Afrique, une région où la concurrence avec d'autres puissances mondiales est de plus en plus féroce.

Veritasinfo

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