Le Burundi quitte la mission AUSSOM en Somalie pour redéployer ses troupes en RDC.
Le Burundi a officiellement annoncé son retrait de la Mission de soutien et de stabilisation en Somalie (AUSSOM) de l’Union africaine à partir du 01/01/2025, citant des divergences croissantes sur le déploiement des troupes. Cette décision, dévoilée par l’ambassadeur burundais Willy Nyamitwe, met en lumière les frustrations du gouvernement burundais face à un quota de 1 041 soldats imposé par l’Union africaine, jugé insuffisant pour garantir un rôle efficace dans cette mission complexe. Le Burundi avait pourtant plaidé pour un contingent d’au moins 2 000 soldats, mais ses demandes sont restées sans suite.
Cette annonce s’inscrit dans un contexte régional de tensions accrues, notamment en Somalie où le gouvernement a récemment décidé d’exclure les forces éthiopiennes de la mission AUSSOM, invoquant des préoccupations relatives à sa souveraineté. Cette décision a compliqué davantage les relations entre les États de la Corne de l’Afrique, rendant le cadre opérationnel d’AUSSOM encore plus fragile.
De plus, la zone de Gedo, où le Burundi était censé déployer ses troupes pour remplacer les forces éthiopiennes, constitue un point de discorde majeur. Stratégique mais contestée, cette région est le théâtre de tensions récurrentes entre les intérêts somaliens et éthiopiens, ce qui a poussé le Burundi à résister à tout déploiement avec un effectif qu’il juge insuffisant pour garantir la sécurité de ses soldats.
Pour compenser le retrait des troupes burundaises, la Somalie prévoit un repositionnement stratégique en s'appuyant davantage sur ses Forces de Sécurité Nationales (FSN) et sur les contributions d'autres pays membres de l'AUSSOM, tels que Djibouti, le Kenya et l'Ouganda. L'Union africaine a également assuré qu'il n'y aurait pas de vide sécuritaire grâce à une transition coordonnée entre les partenaires internationaux et les autorités somaliennes.
Cependant, au-delà des enjeux en Somalie, cette annonce prend une tournure plus significative dans le contexte des décisions récentes du président burundais, Évariste Ndayishimiye. En effet, celui-ci a décidé de redéployer les troupes burundaises précédemment engagées en Somalie vers la République démocratique du Congo (RDC), où elles participeront aux opérations contre les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda selon les accusations récurrentes de Kinshasa.
Ce redéploiement illustre un repositionnement stratégique du Burundi sur le plan régional. En envoyant ses troupes en RDC, le gouvernement burundais semble chercher à renforcer sa coopération avec Kinshasa et les pays de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), qui ont également engagé des efforts pour stabiliser l’Est de la RDC. Cette démarche pourrait être perçue comme une volonté de recentrer les priorités militaires du pays sur des enjeux plus immédiats et proches de ses frontières.
Néanmoins, ce choix soulève des questions quant à l’effet qu’aura le retrait burundais sur l’efficacité d’AUSSOM. Alors que la Somalie continue de lutter contre le groupe terroriste Al-Shabaab et d’équilibrer ses relations avec ses voisins, l’absence des troupes burundaises pourrait affaiblir la mission.
Dans l’immédiat, la priorité semble être ailleurs pour le Burundi. L’enjeu est d’assurer une présence militaire forte en RDC pour contrer les mouvements rebelles et éviter une propagation de l’instabilité dans la région des Grands Lacs. Ce repositionnement marque un tournant dans la politique extérieure et militaire du Burundi, qui s’inscrit de plus en plus comme un acteur clé de la stabilisation de l’Afrique centrale et de l’Est.
Veritasinfo.