Assassinat de l’artiste Kizito MIHIGO par Paul KAGAME, Président du Rwanda
Communiqué de presse n° 0242020/02/18
Le MRCD-UBUMWE a appris avec stupéfaction l’assassinat de Kizito MIHIGO, célèbre artiste rwandais qui s'est particulièrement illustré, au cours des dernières années, comme apôtre du pardon, de la réconciliation et du vivre ensemble entre les rwandais.
Selon les sources de notre organisation au sein de la police et de l’armée rwandaise, la décision a été prise par le président rwandais Paul KAGAME lui-même. Le refus par Kizito MIHIGO de témoigner à charge de son ami Callixte NSABIMANA SANKARA, ancien Vice-Président du MRCD-UBUMWE, dans son procès en cours, a été interprété comme une adhésion à la cause de l’opposition.
Les proches de la famille de Kizito MIHIGO confirment son arrestation à son domicile familial dans le district de Nyaruguru, province du Sud, le vendredi 14/02/2020. Il a été depuis lors détenu par le tristement célèbre Rwanda Investigation Bureau (RIB) dans les mains duquel il vient de trouver la mort.
Dès vendredi 14/02/2020, RIB a publié un communiqué officialisant cette arrestation tout en organisant une mise en scène pour faire croire qu’il aurait été arrêté en tentative de fuite vers le Burundi. Il a exhibé comme preuve une photo montrant Kizito MIHIGO avec deux amis dont l’un détenait la Bible. Les agents de police déguisés en simples citoyens ont immédiatement pris contact avec les radios internationales pour faire accréditer cette thèse. Les accusations farfelues ont été alors immédiatement formulées contre lui: traverser la frontière illégalement avec pour but de se joindre aux "groupes terroristes" ayant pour intention de déstabiliser le Rwanda et de corruption.
Kizito MIHIGO aurait informé ses proches qu’il s’agit d’une ancienne photo prise en picnic.
Quant aux circonstances de ce décès, le MRCD-UBUMWE rejette catégoriquement la thèse du suicide avancée par le RIB. En effet, des informations provenant de nos différentes sources au sein de la police et de l’armée rwandaise confirment que, sur ordre du Président Paul KAGAME lui-même, Kizito MIHIGO a été torturé et sauvagement mis à mort dans la prison-mouroir du camp militaire de KAMI le soir du samedi 15/02/2020 avant que son corps ne soit acheminé au Commissariat de police de Remera où, selon la version officielle mensongère, il se serait suicidé par pendaison à l'aube du dimanche 16/02/2020.
Le MRCD-UBUMWE se doit de rappeler que l'icône Kizito MIHIGO avait été arrêté et écroué début avril 2014, au lendemain de la sortie de sa chanson "Igisobanuro cy'urupfu= signification de la mort" devenue depuis une sorte d'hymne à réconciliation entre rwandais. Selon les observateurs et analystes, le message de ladite chanson, qui met sur un même pied d'égalité les victimes Tutsis et Hutus, aurait provoqué l'ire du gouvernement rwandais qui, on le sait, a institutionnalisé la différenciation ethnique et l'instrumentalisation du drame rwandais.
Arrêté, détenu au secret pendant une semaine et soumis à la torture pendant une semaine, l'artiste Kizito MIHIGO avait été présenté à la presse et puis au parquet où il avait plaidé coupable de toutes les accusations possibles et imaginables dont la tentative d'atteinte à la sûreté de l'Etat, une incrimination chimérique portée par l'article 463 du Code Pénal rwandais disposition qui, en réalité, ne vise qu'à réduire au silence les opposants réels ou supposés.
Condamné à 10 ans de prison ferme, Kizito MIHIGO avait vécu avec sérénité son incarcération car, ayant auparavant conduit dans toutes les prisons du Rwanda un vaste programme d'éducation à la vérité, au pardon et à la réconciliation, il avait été accueilli dans les prisons comme un héros. Cette sérénité et utilité en milieu carcéral lui avaient d'ailleurs valu une libération conditionnelle en septembre 2018.
Ayant vécu cette libération conditionnelle en toute discrétion, son regain de popularité a fini par inquiéter le pouvoir, étant donné l'influence que pouvait avoir le message de ses chansons sur la jeunesse désabusée du Rwanda.
Au moment où nous condamnons l’assassinat de Kizito, nous aimerions aussi mettre en garde le gouvernement rwandais concernant la santé et la vie de Callixte NSABIMANA NSAKARA, ami et compagnon de Kizito MIHIGO. Nous appelons la Communauté Internationale à la vigilance vu les informations faisant état du projet de son assassinat par les services de sécurité.
Le MRCD-UBUMWE présente ses condoléances les plus attristées à la famille, aux amis et collaborateurs de Kizito MIHIGO, notre héros national de la vérité, du pardon et de la réconciliation dont le projet doit se poursuivre dans l’intérêt des rwandais.
Au regard de ce qui précède, le MRCD demande:
-La mise sur pied d'une commission d'enquête indépendante pour faire la lumière sur les circonstances du décès de feu Kizito MIHIGO mais aussi d'autres décès et disparitions suspectes d’opposants rwandais;
-la fermeture immédiate de tous les centres de torture et de mise à mort cyniquement appelés "Safe Houses";
-La libération sans condition de tous les prisonniers politiques et d’opinion ;
-L'ouverture de l'espace politique;
-Le boycott du sommet du Commonwealth prévu à Kigali en juin 2020;
-La prise de toutes les mesures nécessaires pour obliger Paul KAGAME à arrêter le massacre des Rwandais.
Fait à Bruxelles, le 18/02/2020.
Pour le MRCD-UBUMWE,
Faustin TWAGIRAMUNGU, Vice-Président et Porte-Parole