Rwanda:Suite de la tournée de Mary Robinson. Opium de Kigali. Mushikiwabo ment, Kagame se cache!
• Après Kinshasa, Mary Robinson s’est rendue à Kigali. Ce, avant Kampala, Bujumbura, Pretoria et Addis-Abeba. Dans la capitale rwandaise, c’est la toute-puissante Mme Mushikiwabo qui, jetant la poudre aux yeux de l’Envoyée spéciale de Ban ki-Moon, promet à Mary Robinson sa coopération pour appliquer l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.
• Un mensonge cousu de fil blanc, certes. Paul Kagame a saboté cette visite. Sournois, il s’est contenté de s’entretenir avec son hôte par téléphone pendant que Louise Mushikiwabo continue, elle, à ne croire qu’à une issue politique, et non au déploiement de la Brigade onusienne
• Si personne n’est dupe sous les effets de l’opium, ce n’est en tout cas pas à Kigali, encore moins à Kampala que doit se jouer la belle partition en faveur de la pacification de l’Est de la Rdc.
C’est à vrai dire une simple visite, une formalité bien connue dans les milieux diplomatiques que l’Envoyée spéciale de l’Onu pour la région des Grands Lacs, Mary Robinson effectue à Kigali et Kampala. Ce, avant de poursuivre son périple à Bujumbura, Pretoria et Addis-Abeba. D’aucuns pensent que ces trois dernières étapes ainsi que celle de Kinshasa constituent le point d’orgue de ce périple ; Kigali et Kampala étant aux côtés du M23. C’est bien dans ce cadre qu’il sied de voir la première descente sur le terrain de l’ancienne présidente irlandaise.
Mensonge cousu de fil blanc
Hier à Kigali, ce fut une promesse sur fond de sourire jaune. Louise Mushikiwabo promettait à Mary Robinson la coopération de Kigali pour appliquer l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. L’envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la région des Grands lacs, Mary Robinson s’est déclarée, encouragée de l’engagement du gouvernement rwandais à mettre en œuvre l’accord-cadre d’Addis-Abeba, en Ethiopie. Celui-ci a été signé le 24 février dernier. Il prévoit le déploiement d’une force de l’Onu dans l’Est de la Rdc pour neutraliser les groupes armés actifs dans cette région, notamment le M23.
Comment peut-on justifier cette conversion de celle qui, la barre du Conseil de sécurité de l’Onu en mains, a clamé haut et fort que ce n’est pas le déploiement de la Brigade, mais plutôt une solution politique qui tirerait l’Est de la Rdc des griffes des assaillants ? Les onze pays africains signataires de cet accord s’étaient engagés, en présence du Secrétaire général de l’Onu Ban Ki-Moon, à œuvrer ensemble pour le retour de la paix dans l’Est de la Rdc.
Pour ceux qui savent à quel jeu joue traditionnellement le Rwanda dans ce chapelet, ce ne fut qu’aux fins de leurrer que pareil discours a été prononcé. Et l’ancienne présidente irlandaise n’est pas dupe pour croire sans voir bientôt des actes palpables de cet engagement curieux. Elle n’a pas droit à l’erreur là où des stratégies ont été longtemps peaufinées.
Même si des défections massives se signalent au quotidien dans les rangs du M23, Kigali ne se tient guère pour battu. ‘’Il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose’’ peut-on affirmer en empruntant Jean de La Bruyère. Et ce ne sont pas de nouvelles cartouches qui font défaut dans cette affaire.
L’Envoyée spéciale de Ban ki-Moon connaît certes à quel incube elle a à faire. Lors d’un point de presse tenu avant de quitter le sol rwandais, elle a clairement mis en garde la ministre des Affaires étrangères de Paul Kagame contre toute implication dans cette guerre. « Si nous pouvons amener la paix, c’est ce que nous devons faire, et empêcher les groupes armés de toutes sortes d’opérer dans l’Est de la Rdc. Cela aidera le Rwanda et la région toute entière », a-t-elle martelé.
Une visite inclusive
(la photo ci-contre: Kagame se cache aux USA)
A l’étape de Kampala en Ouganda, Mme Robinson devra s’entretenir avec le président Yoweri Kaguta Museveni. A moins que ce dernier joue le même jeu que son frère siamois Paul Kagame, refusant pour des raisons évidentes à rencontrer l’Envoyée spéciale de l’Onu. Celle-ci se rendra ensuite à Bujumbura au Burundi, puis à Pretoria en Afrique du Sud, avant de boucler sa tournée, dimanche 5 mai prochain au siège de l’Union africaine, à Addis-Abeba en Ethiopie.
Mme Robinson a annoncé qu’elle reviendra à nouveau dans la région afin de rencontrer d’autres signataires de l’Accord-cadre de paix. Elle veut ainsi faire de sa visite un tour de table complet. Pour rappel, l’Envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la région des Grands Lacs a débuté sa première visite dans la région, lundi 29 avril, à Kinshasa. Au sortir de son entretien avec le chef de l’Etat congolais, l’ancienne présidente irlandaise avait affirmé que : « l’accord d’Addis-Abeba est un accord d’espoir » pour le retour de la paix dans la région.
Le M23 agonise
Bien que sentant la fin prochaine, le M23 veut qu’on continue de parler de lui. Poursuivant sa logique de pillage avant de passer le tablier à ses mandataires en vue de la balkanisation, objet de toute la guerre, les rebelles viennent de nommer de nouveaux administrateurs à Nyiragongo et Rutshuru.
Sur base de leur décision du mercredi 1er mai 2013, le territoire de Nyiragongo sera administré par Gaspard Karemera. Il sera secondé par Daniel Manganzini et Janvier Rwagati, respectivement chargés des finances et des questions politiques. A Rutshuru, Pascal Azamukunda Rubumba est désigné administrateur, en remplacement de Benjamin Mbonimpa à la tête de ce territoire, qui est placé au secrétariat exécutif du M23.
Interrogé sur la radio onusienne, le porte-parole de la société civile du Nord-Kivu, Omar Kavota, qualifie ces nominations de provocation. « Nous dénonçons ces nouvelles nominations du M23 qui ne font que renforcer une administration parallèle en province du Nord-Kivu. Et par cet acte, nous réalisons que le M23 est en train de cracher sur les efforts de pacification et témoigne de sa détermination de balkaniser et de déstabiliser cette province », a-t-il déclaré.
De ce fait, que le mouvement rebelle continue à renforcer ses positions fait croire que ces territoires sont des pays qu’il administre. Et cela est encore inacceptable, pire encore au moment où l’Envoyé spéciale de Ban ki-Moon est dans la Région.
« C’est pourquoi, nous voudrions prendre à témoin, Madame Robinson l’Envoyée spéciale de l’ONU dans cette région, parce que nous pensons qu’il s’agit là, d’un acte de provocation que le M23 est entrain de réaliser. Et nous appelons la CIRGL, les Nations Unies et le gouvernement congolais à ne pas rester indifférents face à cet acte de provocation », a interpellé Omar Kavota.
Le M23 contrôle de mains de maître une bonne partie du territoire de Rutshuru depuis leur création en avril 2012. Ils y perçoivent des taxes et ne cessent de nommer des chefs pro-M23 à la place des chefs traditionnels légaux. De quoi allonger la liste des ennemis de la Rdc lorsqu’un jour justice sera faite. Et ce n’est plus qu’une question de jours.
Tous ceux qui se rendent coupables de ces crimes de près ou de loin doivent absolument subir la rigueur de la loi lorsque cette portion de terre échappera à ces hors-la-loi. La population locale sera spirituellement touchée si jamais tous ces bandits étaient amnistiés.
En aucun ils ne doivent l’être. Pour le moment, tous les regards sont tournés vers l’Envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations Unies qui, nous l’espérons bien, prendra sans état d’âme des décisions qui s’imposent afin que les habitants de ce coin meurtri retrouvent la sérénité, le calme et la sécurité. Nous croyons que c’est pour très bientôt.
L’Avenir