Nicolas Sarkozy invite le président rwandais : c'est une honte

Publié le par veritas

gahima.pngLE PLUS. En début de semaine Paul Kagame s'est rendu à l'Elysée, invité par Nicolas Sarkozy. Faut-il vraiment tendre la main à celui que certains qualifient de dictateur ? Gerald Gahima, qui fut proche de Kagamé et procureur au Rwanda après le génocide d'avril-juin 1994, a tranché.

 

Pour la première fois depuis le génocide rwandais, le Président Paul Kagame était en visite en France, lundi 12 et mardi 13 septembre. La volonté française d’accueillir Kagame tombe à point nommé pour le président assiégé. Kagame apparaît profondément, et plutôt à raison, isolé dans la communauté internationale. Cet état de fait est une épreuve qu’il s’est lui-même infligée, la conséquence directe de ce qu’il a accompli dans le domaine des droits de l’homme et de la gouvernance démocratique.

 

 

Kagame, un fléau persistant


 

Les motivations du gouvernement français, en honorant le président Kagame d’une invitation à Paris, fait l’objet de nombreuses interrogations. Ce qui est certain, c’est que Kagame n’a pas fait grand-chose pour gagner la légitimité qu’il entend tirer de cette visite. Kagame a toujours été un fléau persistant dans la vie politique française. Il a accusé l’Etat français d’avoir collaboré au génocide rwandais. Il a commandé un rapport qui a souillé la réputation des militaires français en les accusant de crimes contre l’humanité (comprenant des accusations de viols) et complicité de génocide.

 

Le gouvernement rwandais a aboli l’utilisation du français comme langue officielle et langue d’instruction dans les établissements scolaires. Les critiques de Kagame à l’égard de la France ont toujours été ouvertes, sévères et acharnées.

 

Cette visite de Kagame cause le plus grand mal à la France car elle envoie le message que la France ne peut pas toujours prendre une position claire et nette en matière de droits de l’homme et de démocratie.

Kagame-a-l-Elysee.jpg

 

 

Le rapport Mapping, publié en octobre 2010 indique que les attaques contre des réfugiés au Congo pourraient constituer un génocide. Le président Paul Kagame a transformé le Rwanda en un Etat autoritaire qui n’a qu’un seul et unique parti au sein duquel le pouvoir est détenu par un petit groupe de militaires issus de la communauté Tutsie.

 

 

Peur, terreur... dictateur


 

Kagame est un dictateur à la brutalité stalinienne. Il use de la terreur et de la répression pour rester au pouvoir. Il répond à la critique et à l’opposition en emprisonnant ou tuant les opposants politiques, défenseurs des droits de l’Homme et journalistes indépendants. Des centaines de milliers de Rwandais réfugiés dépérissent toujours en exil. Le peuple du Rwanda vit dans la peur perpétuelle, la politique de Kagame conduisant inéluctablement le pays vers une reprise de conflits violents.

 

Directement ou non, Kagame a mené des guerres injustifiées contre notre sœur, la République démocratique du Congo, sous la forme d’agressions et de pillages. Ces guerres ont causé une immense souffrance, ainsi que la mort de millions de Congolais. Ces guerres ont attisé la haine xénophobe que les futures générations devront peut-être un jour payer de leur sang et de leurs vies.

 

 

La France et le respect des droits de l'Homme


 

La complexité de la politique internationale de la France me rend perplexe, en tant qu’observateur extérieur. C’est la France qui a dirigé l’offensive de l’Otan contre le dictateur Kadhafi, jusqu’ici ami, accusé d’avoir mené des attaques contre les civils libyens. Mais c’est aussi la France qui, dans le même temps, déroule le tapis rouge à un autre dictateur (Paul Kagame), qui n’est pas seulement responsable de crimes flagrants, mais qui a aussi toujours, par le passé, ouvertement affirmé son hostilité à l’égard de la société française, de sa culture et qui est très fier d’humilier ses différentes institutions. La France a reçu un tyran qui a qualifié le ministre des Affaires étrangères français (Alain Juppé, ndlr) de génocidaire. Sans s’en excuser.

 

 

La gestion française des affaires Kadhafi et Kagame a entraîné quelques tensions. Comment peut-on comprendre la politique étrangère française sur tous ces sujets ? Quelles sont les règles de la France en matière de droits de l’Homme, de démocratie et de respect de la loi ? Jusqu’où va l’attachement de la France à ces valeurs ? A quel point le rapprochement entre les hommes politiques français et Kagame est-il sincère ? La France souhaite-t-elle défendre les droits démocratiques du peuple rwandais (ce qu’elle a fait partout ailleurs) ou cherche-t-elle à apaiser Kagame afin d’éviter d’éventuelles railleries à propos du passé ?

 

 

La France doit prendre ses responsabilités


 

Le désarroi qui a récemment saisi le nord de l’Afrique et le Moyen-Orient est une nouvelle preuve que les régimes répressifs ne peuvent gouverner un pays pour toujours. Ni la violence ni les immenses ressources économiques contrôlées par les despotes ne peuvent empêcher le changement démocratique. Chercher à apaiser les dictateurs emmène un peu plus les oppressés vers l’agonie, mais ne sauvera pas les tyrans de leur chute inévitable et méritée. La France, puissance mondiale, peut exercer une forte influence sur le terrain international.

 

L’exercice de ce pouvoir et de cette influence, qui incombe à la France, peut seulement servir le bien de l’humanité si cela s’applique aux valeurs, notamment celles de la dignité humaine, de l’égalité et de la justice. La France devrait plutôt servir la démocratie et la paix au Rwanda en obligeant Kagame à respecter les normes internationales en matière de droits de l’Homme, comme on pourrait l’attendre de n’importe quel pays.

 

Source: Le Plus

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article