Diplomatie à géométrie variable : l’AFC/M23 à Doha malgré ses propres conditions non remplies.

Publié le par Veritas

Contre toute attente, la délégation de l’AFC/M23 a atterri à Doha pour la deuxième phase des négociations de paix avec le gouvernement congolais — et ce, sans que les plus de 700 prisonniers du mouvement, dont elle exigeait la libération préalable, aient été relâchés. Cette volte-face interroge sur la cohérence de la stratégie du mouvement rebelle et la dynamique réelle des pourparlers de paix en République Démocratique du Congo (RDC).

Benjamin Mbonimpa, secrétaire exécutif de l’AFC/M23

Fin juillet, Benjamin Mbonimpa, secrétaire exécutif de l’AFC/M23, avait été catégorique : « Il n’y aura pas de participation à la phase 2 des discussions à Doha sans la libération préalable de nos prisonniers. » Cette position se voulait non négociable, présentée comme une condition de base pour bâtir la confiance entre les parties. À en croire Mbonimpa, cette libération représentait un geste de bonne foi essentiel de la part du gouvernement congolais, censé ouvrir la voie à un processus crédible de réconciliation et de désescalade militaire dans l’Est du pays.

Pourtant, la délégation du M23 arrive à Doha

Le retournement s’est produit à peine quelques jours plus tard. Sans qu’aucune libération de prisonniers n’ait été constatée, la délégation de l’AFC/M23 a finalement accepté de se rendre à Doha, avant même la date officielle d’ouverture des discussions. Ce geste, inattendu, a suscité à la fois surprise, perplexité et critiques. Certains observateurs parlent de docilité, d’autres de contradiction flagrante, voire de désaveu stratégique. Pourquoi ce revirement ? Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce changement de cap :

  • Négociations parallèles non divulguées : Des canaux diplomatiques discrets pourraient avoir offert des garanties informelles ou un calendrier de libération différée.
  • Pressions extérieures : Les pays médiateurs ou certains alliés régionaux (à commencer par le Rwanda, souvent cité dans les coulisses du conflit) pourraient avoir exercé une influence décisive.
  • Calcul politique : Le M23 pourrait chercher à éviter l’isolement diplomatique, à maintenir une image de bonne volonté, ou à préserver sa place à la table des négociations avant toute reconfiguration du processus de paix.

Le gouvernement congolais, de son côté, campe sur sa position : la libération des prisonniers ne saurait précéder l’accord global. Cette posture est à la fois une tactique de négociation et une démonstration de fermeté politique, destinée à ne pas céder au chantage.

Le fait que le M23 ait finalement accepté de négocier malgré l’absence de concessions préalables pourrait affaiblir sa crédibilité, ou au contraire refléter un pragmatisme diplomatique. Tout dépendra de la suite des discussions.

Inévitablement, les regards se tournent vers le Rwanda, régulièrement accusé de soutenir le M23. La décision de se rendre à Doha sans condition remplie pourrait être interprétée comme un signe que Kigali — ou un autre acteur majeur — tire toujours les ficelles et pousse à la désescalade, peut-être dans un souci de restaurer son image régionale.

Parallèlement, les rumeurs persistent sur une possible réintégration de certains combattants M23 dans les forces armées congolaises (FARDC), une stratégie déjà employée par le passé pour pacifier temporairement les groupes armés. Le mouvement reste flou sur ce point, oscillant entre refus idéologique et volonté d’influence interne.

Questions clés pour l’avenir.

  • Le M23 peut-il encore négocier d’égal à égal après avoir plié sur une exigence centrale ?
  • Le gouvernement congolais utilisera-t-il cet épisode pour renforcer sa position dans les négociations ?
  • Le processus de paix survivra-t-il à ces contradictions stratégiques?

Alors que les pourparlers reprennent dans un climat de méfiance et de surprise, une chose est certaine : la paix en RDC reste suspendue à un fil, où la cohérence des discours et des actes pèsera autant que la force des arguments.

Veritasinfo.

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K
Attention! Kagame a plus d'un tour dans son sac! Soyez vigilants surtout du cote RDC et le Burundi. L'homme est capable de tout surtout que Emmanuel Macron se mele dans la mafia!
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