RDC à l’ONU : Thérèse Kayikwamba Wagner exige la reconnaissance du Genecost et du «génocide des Hutus burundais».

Publié le par Veritas

New York, ONU – Une session du Conseil de sécurité des Nations Unies consacrée à la crise persistante dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) a été marquée ce mardi par une intervention percutante de Madame Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre des Affaires étrangères de la RDC.

Prenant la parole au nom du gouvernement congolais, la cheffe de la diplomatie congolaise a secoué l’assemblée en brandissant une note de mémoire datant d’avril 1994, exigeant de la communauté internationale qu’elle reconnaisse un pan ignoré de l’histoire des Grands Lacs : le génocide des Hutus burundais«Il ne peut y avoir de paix durable sans une reconnaissance pleine et entière des tragédies de tous les peuples de la région», a-t-elle déclaré avec solennité.

Le Conseil de sécurité mis face à ses responsabilités.

Dans un discours aux accents graves, Madame Thérèse Kayikwamba Wagner a dénoncé ce qu’elle qualifie de complicité tacite du Conseil de sécurité dans la déstabilisation de la région. Selon elle, l’exportation du conflit rwandais vers la RDC est en grande partie le résultat d’une gestion internationale biaisée, voire intéressée.

«Le chaos à l’Est du Congo est le fruit d’un engrenage initié en 1994, et dont les Nations Unies ont été les témoins silencieux, voire les facilitateurs », a-t-elle affirmé, pointant du doigt une série de décisions et de non-décisions ayant permis l’installation durable de groupes armés sur le territoire congolais.

Le «Genecost » : une tragédie sous silence.

C’est avec une intensité particulière que la ministre congolaise a introduit le terme «Genecost» pour qualifier les violences et les massacres à répétition dans l’Est du pays. Pour elle, il s’agit ni plus ni moins d’un génocide masqué, orchestré au nom d’intérêts géostratégiques et économiques étrangers.

«Ce n’est pas seulement un conflit armé, c’est un projet systémique d’extermination, d’exploitation et de pillage. Le Genecost, c’est notre douleur, c’est notre cri, et il est temps que le monde l’entende», a lancé Madame Kayikwamba Wagner.

Elle a par ailleurs rappelé que ces exactions ont causé des millions de morts et de déplacés, sans que la communauté internationale n’en reconnaisse l’ampleur ni la dimension structurelle.

Appel à la responsabilité du Rwanda et au retour des FDLR.

Dans la dernière partie de son discours, la ministre a été catégorique : la présence des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) en RDC est inacceptable et ne doit plus être tolérée.

«Les FDLR doivent retourner au Rwanda, et le Rwanda doit assumer ses responsabilités», a-t-elle déclaré, appelant à une solution régionale sincère et respectueuse de la souveraineté congolaise.

Ses propos relancent une fois de plus le débat sur l’implication présumée du Rwanda dans la crise à l’Est du Congo, un sujet de discorde récurrent au sein des instances internationales.

Une ONU sous pression.

Face à ces accusations directes, plusieurs membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur malaise, tout en reconnaissant la nécessité d’une «approche historique honnête et inclusive». Le discours de Thérèse Kayikwamba Wagner marque une rupture avec le ton diplomatique habituel : il s’inscrit dans une nouvelle dynamique africaine, plus exigeante et affirmée sur la scène internationale.

Alors que la RDC fait face à une situation humanitaire et sécuritaire catastrophique, ce plaidoyer inédit pourrait bien forcer l’ONU à reconsidérer son rôle, ses responsabilités, et surtout, sa mémoire.

La rédaction de « Veritasinfo ».

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