France : Tshisekedi claque la porte du Sommet de la Francophonie, Kagame prend le devant de la scène !
Le 19e Sommet de la Francophonie, qui s'est tenu à Villers-Cotterêts du 4 au 5 octobre, a été marqué par un incident diplomatique majeur opposant la République Démocratique du Congo (RDC) et la France, avec en toile de fond les tensions persistantes entre la RDC et le Rwanda. Félix Tshisekedi, le président congolais, a quitté précipitamment la réunion, mécontent du traitement réservé à la crise qui sévit dans l'est de son pays, en particulier de l’attitude du président français Emmanuel Macron vis-à-vis du rôle du Rwanda dans ce conflit.
Une ouverture cordiale mais trompeuse
Le sommet s’est ouvert sous des auspices prometteurs avec une poignée de main polie entre Tshisekedi et Louise Mushikiwabo, la secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), ancienne ministre des Affaires étrangères du Rwanda et proche du président rwandais Paul Kagame. Cependant, cette rencontre dissimulait mal les profondes tensions entre la RDC et le Rwanda, en raison des accusations de soutien du Rwanda aux rebelles du M23 dans l'est de la RDC.
L’ambiance semblait pourtant détendue après une entrevue fructueuse entre Emmanuel Macron et Félix Tshisekedi, au cours de laquelle le président français a exprimé sa condamnation des actions rwandaises. Cependant, la déception est rapidement apparue pour le dirigeant congolais. Lors de son discours d’ouverture, Emmanuel Macron a omis de mentionner explicitement le conflit en RDC, préférant centrer ses propos sur d'autres crises internationales telles que l'Ukraine et Gaza.
Tshisekedi quitte la scène, Macron sur la sellette
Cette omission a été la goutte d’eau pour Tshisekedi. Après avoir suivi la cérémonie d'ouverture, il a décidé de quitter les discussions en huis clos du samedi matin, déléguant la représentation de son pays à Bestine Kazadi, ministre déléguée aux Affaires étrangères. Ce départ précipité souligne la frustration de Tshisekedi, notamment face à ce qu'il perçoit comme une politique française de "deux poids, deux mesures". Alors que la France a pris position dans d'autres conflits, notamment entre l'Algérie et le Maroc, elle reste, selon les Congolais, trop conciliante vis-à-vis du Rwanda.
L’absence de Tshisekedi au déjeuner et son départ avant la fin du sommet ont jeté une ombre sur les discussions. En réponse, Macron a tenté de minimiser l'incident lors d'une conférence de presse, affirmant avoir consacré du temps au conflit RDC-Rwanda lors de réunions en coulisses. Il a également réitéré la position française, appelant au retrait du M23 et des troupes rwandaises, ainsi qu’à la démilitarisation de toutes les parties. Cependant, cette intervention tardive n’a pas apaisé les frustrations congolaises.
Kagame à l’honneur, les relations RDC-France fragilisées
Pendant que Tshisekedi quittait le sommet, Paul Kagame, le président rwandais, a lui, bénéficié d’un accueil chaleureux. Placé aux côtés de Macron lors de la photographie officielle, il a aussi été mis à l’honneur lors du dîner d’État à l’Élysée. Cette proximité entre les présidents français et rwandais a alimenté les soupçons du camp congolais, qui voit dans cette relation une volonté de la France de ménager le Rwanda.
Le sommet a révélé la difficulté pour Emmanuel Macron de jongler entre les alliances africaines, notamment dans ce triangle complexe entre la RDC, la France et le Rwanda. La RDC, qui espérait un soutien plus ferme de la France contre les ingérences rwandaises, se retrouve désillusionnée, tandis que le Rwanda maintient une position inflexible, rejetant toute responsabilité dans l’échec des pourparlers de paix.
Conséquences diplomatiques : un processus de paix au point mort
Cet incident pourrait avoir des répercussions importantes sur les relations diplomatiques entre la France, la RDC et le Rwanda. Le départ précipité de Tshisekedi risque de creuser davantage le fossé entre la RDC et la France, un allié traditionnel, mais perçu aujourd’hui comme peu fiable par les Congolais. D’un autre côté, la proximité entre la France et le Rwanda, symbolisée par la nomination de Louise Mushikiwabo à la tête de l'OIF, renforce le poids diplomatique de Kigali sur la scène internationale.
La crise dans l’est de la RDC, qui continue de ravager la région, reste un point de tension majeur. Le processus de paix initié par la médiation angolaise est dans l’impasse, et une rencontre directe entre Tshisekedi et Kagame semble improbable à court terme. La RDC refuse toute discussion avec le M23, un groupe qu'elle considère manipulé par Kigali, tandis que le Rwanda accuse la RDC de ne pas vouloir s'attaquer aux racines du problème.
En somme, le sommet de la Francophonie, censé promouvoir la coopération internationale, a révélé les fractures diplomatiques et les limites de la médiation française dans les conflits africains. Les relations entre la RDC et la France risquent d'être durablement affectées, tandis que le Rwanda semble tirer parti de ce climat pour renforcer sa position.
Veritasinfo