Le droit de la personne au Rwanda ? Il est mort enterré et oublié (Nadia Uwimpuhwe)!
Les droits de la personne sont des droits moraux que tout individu possède partout dans le monde. Nous possédons ces droits simplement en tant qu'êtres humains. En revendiquant nos droits en tant qu'êtres humains, nous exprimons une demande éthique. Nous pouvons le faire de notre propre initiative, pour signifier qu'un pouvoir ne peut pas enfreindre une sphère morale de notre dignité personnelle et/ou collective. Personne, c'est-à-dire aucun individu ni gouvernement, ne peut nous priver de nos droits.
Cependant, alors que certains affirment avec force que les droits humains sont inaliénables pour tous, sans distinction de race, de sexe, de nationalité, d'origine ethnique, de langue, de religion ou de toute autre situation, ce n'est malheureusement pas le cas au Rwanda! Au Rwanda, le droit est mort ! Ce petit pays, niché au cœur de l'Afrique et légendairement connu comme le pays aux mille collines, est malheureusement devenu la nation aux mille violations des droits. Sous la gouvernance du FPR depuis 1994, le pays ne respecte pas le droit à la vie, à la liberté, à la dignité, à l'intégrité, à la vie privée, à l'intimité et à la sécurité. Au Rwanda, le droit n'est pas seulement mort, il est également enseveli et tout simplement oublié.
Pour étayer le fait que tous les droits sont bafoués au Rwanda, «Veritasinfo» a recueilli le témoignage de Mademoiselle Nadia Uwimpuhwe, qui souhaite partager son expérience douloureuse. Elle souhaite aussi exprimer ses espoirs et ses rêves de vivre un jour dans un Rwanda démocratique. Comme de nombreux jeunes Rwandais, Nadia ressent une profonde indignation. Elle ne comprend pas pourquoi la communauté internationale reste silencieuse face aux violations flagrantes des droits au Rwanda et dans le monde en général. De plus, elle a confié sa détermination à faire de son pays un endroit où les droits humains les plus fondamentaux sont respectés.
Elle est arrivée en Europe le 25/02/2021. Aujourd'hui, elle sollicite la reconnaissance de son statut de réfugiée. En effet, selon la Convention de 1951, un document juridique clé en matière de statut de réfugié, ainsi que les instruments régionaux et les statuts du HCR permettant de définir un réfugié, il est stipulé que les réfugiés sont des personnes se trouvant en dehors de leur pays d'origine en raison de la crainte de persécution, de conflits, de violence ou d'autres circonstances perturbant gravement l'ordre public et nécessitant donc une « protection internationale ». Or, la situation au Rwanda est si critique qu'il est insupportable d'y vivre. Selon Nadia, tous les Rwandais, à l'exception de ceux au pouvoir, quitteraient leur pays s'ils en avaient la possibilité. Le Rwanda est l'un de ces pays où les gens sont profondément mécontents ! Toutes les frontières du Rwanda avec les pays voisins sont fermées.
Veritasinfo : Pouvez-vous vous présenter aux lectrices et lecteurs ?
NU (Nadia Uwimpuhwe) : Je me présente, je suis Nadia Uwimpuhwe, une citoyenne rwandaise âgée de 29 ans. J'ai été contrainte de quitter mon cher pays, le Rwanda, en raison des conditions de vie devenues insoutenables. La violence règne partout, sous toutes ses formes. Les arrestations arbitraires et les meurtres odieux sont devenus monnaie courante. Le chômage parmi les jeunes engendre désespoir et désolation. C'est pourquoi, dès que j'en ai eu la possibilité, j'ai quitté le Rwanda pour devenir la voix des sans-voix en tant qu'activiste des droits de la personne.
«Veritasinfo »: À votre avis, pourquoi est-il « essentiel » que tous respectent les droits, et pourquoi ces droits ne sont-ils pas respectés au Rwanda ?
NU : Chaque individu devrait respecter les droits fondamentaux de chaque être humain, car nous partageons tous cette humanité qui nous confère droits et responsabilités. Normalement, la plupart des personnes s'opposeront à toute violation de la dignité d'autrui. L'idée est de ne pas nuire aux autres. De plus, dans de nombreux pays, il existe des lois qui obligent les gouvernements à garantir les droits de leurs citoyens, qu'ils le souhaitent ou non. Malheureusement, cela ne prévaut pas au Rwanda. Le président rwandais, Paul Kagame, a affirmé lors d'une interview que son pays fonctionne selon « des lois écrites et non écrites », privilégiant ces dernières. Les actes absurdes tels que meurtres, enlèvements, viols, disparitions forcées et emprisonnements injustes semblent être acceptés au Rwanda.
«Veritasinfo »: Qui a des droits au Rwanda selon vous ?
NU : Au Rwanda, tout le monde ne bénéficie pas de droits. Alors que le droit international reconnaît que chaque individu, même les criminels, les dirigeants, les enfants, les hommes, les femmes, les Africains, les Américains, les Européens, les réfugiés, les apatrides, les chômeurs, les travailleurs, les banquiers, les personnes accusées de terrorisme, les bénévoles, les enseignants, les danseurs, les astronautes, etc., possède des droits, au Rwanda, seul un petit groupe au pouvoir semble en jouir. Malheureusement, le dictateur est le seul à agir comme bon lui semble.
«Veritasinfo »: Nadia, vous insistez sur les droits et les responsabilités des individus. Pourriez-vous nous expliquer davantage ?
NU : Bien que certains penseurs et organisations aient proposé des idées de responsabilités humaines et même des codes ou des déclarations pour les définir, la communauté des droits de l'homme a souvent hésité. Cela est dû au fait que de nombreux gouvernements, comme celui du Rwanda, conditionnent l'octroi des droits de l'homme à des obligations imposées par l'État ou ses dirigeants, ce qui remet en question le concept de droits inhérents à chaque être humain à sa naissance.
Cependant, il est essentiel d'agir de manière responsable en respectant les droits d'autrui, en évitant de porter atteinte aux droits de l'homme et en promouvant les droits d'autrui ainsi que les nôtres. En effet, l'article 29 de la Déclaration universelle des droits de l'homme énonce que chaque individu a des devoirs envers la communauté pour permettre le libre épanouissement de sa personnalité. Dans l'exercice de nos droits et libertés, nous ne devons pas empiéter sur ceux d'autrui et respecter les limitations imposées par la loi pour assurer le respect mutuel et le bien-être collectif dans une société démocratique.
«Veritasinfo » : Nadia, pourquoi avez-vous fui le Rwanda ? Auprès de qui souhaitez-vous revendiquer vos droits ?
NU : Les droits de l'homme énoncés dans les textes internationaux sont essentiellement des revendications envers nos gouvernements, leurs représentants et la communauté internationale. Ces droits protègent nos intérêts face à l'État, et il est donc nécessaire de les revendiquer auprès de l'État ou de ses représentants. Si nos droits sont violés par exemple par notre employeur ou notre voisin, nous pouvons faire appel au droit international des droits de l'homme. Cependant, en l'absence de mesures efficaces contre les abus dans notre pays d'origine, comme au Rwanda, nous sommes contraints de chercher refuge ailleurs et ensuite d'agir pour rétablir les droits dans notre pays.
«VeritasInfo » : Nadia, les problèmes liés aux droits de l'homme se limitent-ils aux pays non démocratiques comme le Rwanda ?
NU : Aucun pays dans le monde n'a un bilan parfait en matière de droits de l'homme. Le Rwanda détient certainement le triste record en matière de violations des droits de la personne. Cependant, toute violation des droits de l'homme, même dans les démocraties les plus établies, est inacceptable et doit être résolue. Un individu dont les droits sont bafoués dans une démocratie établie ne sera pas apaisé en sachant que son cas fait partie des exceptions. Nous espérons qu'en tant que Rwandais, nous deviendrons de plus en plus conscients de ces enjeux.
« Veritasinfo »: Avez-vous des propositions pour réduire les violations des droits de l'homme ?
NU : Des progrès considérables ont été accomplis à l'échelle mondiale, même si ceux-ci peuvent sembler modestes. Ce qui a été réalisé ailleurs peut également l'être chez nous. L'abolition de l'esclavage, le droit de vote des femmes, l'abolition de la peine de mort dans certains pays… Au Rwanda aussi, nos rêves se réaliseront. Nous bâtirons un État fondé sur la primauté du droit et des devoirs, même si beaucoup de travail reste à accomplir.
Témoignage de Nadia UWIMPUHWE -Veritasinfo