Syrie : L’Angleterre fait l’opposition à l’UE d’imposer un embargo sur les ventes d’armes à la Turquie !
Les Etats membres, qui ont condamné l’opération militaire turque, se sont simplement engagés à « adopter des positions nationales fermes » sur la question. Les forces du régime syrien se sont rapprochées, lundi 14 octobre, de la frontière avec la Turquie, dans le nord du pays, où les troupes d’Ankara et ses milices islamistes mènent toujours des combats contre des forces kurdes.
Le déclenchement, mercredi dernier, par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, d’une opération militaire dans le nord de la Syrie contre des forces kurdes – qualifiées de terroristes par Ankara, mais partenaires de longue date des Occidentaux dans la lutte contre les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) –, a déclenché un tollé international. Dimanche, le président français, Emmanuel Macron, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont appelé la Turquie à cesser son opération. L’Union européenne (UE) a de son côté condamné, lundi, l’opération militaire turque, qui « compromet gravement la stabilité et la sécurité de l’ensemble de la région », selon une déclaration commune adoptée par les ministres des affaires étrangères de l’UE, réunis à Luxembourg.
- L’UE s’engage à adopter des « positions nationales fermes »
Réunis à Luxembourg le lendemain, les ministres des affaires étrangères de l’UE ne sont pas parvenus à imposer un embargo sur les ventes d’armes à la Turquie, en raison de l’opposition du Royaume-Uni, a-t-on appris de sources diplomatiques. Au cours de ces derniers jours, plusieurs pays – dont la France – avaient annoncé suspendre la vente d’armes à Ankara. L’Italie, l’un des principaux fournisseurs de la Turquie, a appelé dimanche à un « moratoire ».
Les Etats membres se sont simplement engagés à «adopter des positions nationales fermes concernant leur politique d’exportation d’armements vers la Turquie », précise la déclaration. Le fait que la Turquie soit membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a été avancé comme argument par le Royaume-Uni pour refuser l’embargo. L’Union européenne a, par ailleurs, appelé à « une réunion ministérielle de la coalition internationale contre Daech [le groupe djihadiste Etat islamique, EI], afin d’examiner comment poursuivre ses efforts dans le contexte actuel ».
- Les forces kurdes accusées d’avoir libéré des membres de l’EI
De son côté, Ankara a accusé les forces kurdes d’avoir délibérément relâché des membres de l’EI qu’elles détenaient dans le nord-est de la Syrie. Un haut responsable turc parlant sous couvert d’anonymat a affirmé que la milice kurde YPG (Unités de protection du peuple) « a libéré ces prisonniers de Daech pour semer le chaos dans la région ». Le président des Etats-Unis, Donald Trump, s’est fait l’écho de cette théorie. Mais, selon le locataire de la Maison Blanche, l’objectif des Kurdes est de forcer Washington à prendre part au conflit.
«Nous n’allons pas nous engager dans une autre guerre entre des gens qui se combattent depuis 200 ans », a-t-il fait valoir sur Twitter. Est-ce que les gens pensent vraiment que nous devrions entrer en guerre contre la Turquie qui est membre de l’OTAN ? Les guerres sans fin vont s’arrêter !» Il a, en outre, assuré que ces djihadistes pouvaient être «facilement recapturés par la Turquie ou les pays européens d’où beaucoup sont originaires». Le secrétaire général des Nations unies a également fait part de ses craintes face à la possible remise en liberté de combattants de l’EI.
- Au moins 160 000 déplacés, selon les Nations unies
L’offensive militaire turque a provoqué le déplacement d’au moins 160 000 personnes, a précisé, lundi, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU). Antonio Guterres, « gravement préoccupé » par l’évolution de la situation dans le nord du pays, appelle à une « désescalade immédiate et exhorte toutes les parties à résoudre leurs problèmes de manière pacifique ». Il leur demande aussi d’observer « le maximum de retenue » et que toute opération militaire préserve les civils. M. Guterres exige par ailleurs un accès sans entrave pour l’acheminement de l’aide humanitaire.
Source : le monde