Sommet d'Erevan: «L'Arménie a eu à cœur de soutenir les valeurs de la France»
Le chef de la diplomatie arménienne Zohrab Mnatsakanyan, photographié ce mardi 9 octobre 2018 à Erevan. (RFI)
L’Arménie se met à la langue française. L'ancienne république soviétique du Caucause accueille les 11 et 12 octobre 2018 le 17e sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qu'elle a rejointe en 2012. MM. Macron et Trudeau en tête, plusieurs dizaines de chefs d'Etat et de gouvernement seront dans la capitale de ce petit pays de 3 millions d'habitants cette semaine. Une première pour Erevan. Le ministre arménien des Affaires étrangères, Zohrab Mnatsakanyan, répond aux questions de RFI.
RFI : L’Arménie s'apprête à accueillir le sommet de la Francophonie. Quatre-vingt délégations sont attendues dans la capitale cette semaine. Qu’attendez-vous de ce rendez-vous ?
Zohrab Mnatsakanyan : Pour l’Arménie, être membre de l’Organisation internationale de la Francophonie, c’est très important. En premier lieu pour la promotion de la langue française. La diversité linguistique est extrêmement importante pour un petit Etat comme le nôtre. C’est primordial du point de vue du développement, des échanges avec nos nombreux partenaires.
Le principal pays porteur de la langue française, la France, a des liens séculaires et profonds avec l’Arménie. De tous temps, l’Arménie a eu à cœur de soutenir les valeurs et l’idéologie de la France : égalité, fraternité et liberté. La Francophonie, ça n’est pas seulement le français, c’est aussi une plateforme pour la promotion et le développement de valeurs telles que la démocratie, les droits de l’homme, la diversité et la solidarité, qui sont au fondement de cette organisation.
Il y a cinq mois, l’Arménie connaissait un changement de pouvoir qui a été baptisé ici «révolution de velours». A l'époque, certains observateurs émettaient des doutes quant à la possibilité d’organiser, de tenir ce sommet de la Francophonie. Finalement, on voit qu’il va bien avoir lieu. C'était un pari risqué ?
Dès sa prise de fonction, le nouveau gouvernement a réaffirmé sa détermination à organiser ce sommet. Et il faut souligner que les institutions étatiques et publiques étaient assez solides pour assurer la continuité des préparatifs, qui ont été poursuivis avec le même élan et dirigés par le vice-Premier ministre. Le Premier ministre en personne a supervisé l’ensemble. Et nous avons mis en place une commission interministérielle chargée d’organiser le sommet.
Aujourd’hui encore, la situation politique n’est pas tout à fait stabilisée, les événements derniers au Parlement l’ont montré. Quelque chose pourrait-il venir gâcher la fête ?
Je suis certain que toutes nos questions de politique intérieure n’auront aucune incidence sur le sommet de la Francophonie. Notre politique intérieure, c’est notre politique intérieure. En effet, il y a des différends sur la scène politique, il y a des questions qui restent à régler.
Mais le plus important, c’est que tous ces processus se déroulent dans le cadre de la Constitution et de la démocratie. L’Arménie, avec ses institutions publiques et sa vie politique, est assez mûre et solide pour gérer sa politique interne, tout en étant en même temps entièrement mobilisée pour la tenue de ce grand événement international en Arménie.
En marge du sommet de la Francophonie, auquel va assister Emmanuel Macron, le président français va aussi effectuer une visite de travail en Arménie. Quelles sont vos attentes par rapport à cette visite ?
Depuis plus de cinq mois qu’il est en fonction, notre Premier ministre a eu déjà à plusieurs reprises l’occasion d’échanger avec le président français. J’ai l’impression qu’il y a une bonne entente entre eux, non seulement sur le plan politique, mais aussi en tant qu'individus, qui ont naturellement un rôle très important à jouer dans le développement de nos relations bilatérales.
Les relations franco-arméniennes sont si profondes, si riches historiquement, et si solides, que nous avons déjà une bonne base. À mon sens, les relations personnelles qu’ils ont réussi à créer, leurs visions politiques et l’expérience de nos chefs politiques constituent une base solide pour développer davantage encore les relations entre nos peuples.
Il y a quelques jours à Paris, nous faisions nos adieux à Charles Aznavour, une personnalité hors du commun, le fils de l’Arménie et de la France. Il incarnait lui-même cette amitié franco-arménienne. Cela a été un moment émouvant lorsque le Premier ministre arménien et le président français ont assisté côte à côte à la cérémonie d’hommage national. Mais ce moment émouvant traduisait aussi la profondeur des relations.
RFI