Rwanda-Troisième mandat de Paul Kagamé : « Je suis irremplaçable »…
Selon l’avocat Thierry Kevin Gatete, la réforme constitutionnelle qui permet au président Paul Kagamé de se représenter à la prochaine élection présidentielle crée « un précédent dangereux ». «Même si je me rends bien compte que c’est ce que désirent majoritairement les Rwandais, je suis mal à l’aise à l’idée qu’on personnalise la Constitution. »
En juillet 2015, Thierry Kevin Gatete, blogueur et avocat spécialiste des droits humains, déposait donc devant la Cour suprême un mémoire au nom du Centre rwandais pour les droits de l’Homme à l’appui de la requête du Parti vert visant à contester la réforme constitutionnelle qui permet au président Paul Kagamé de se représenter, le 4 août, au terme de son deuxième mandat. « Je trouve qu’on crée là un précédent dangereux, commente l’intéressé. Même si le Rwanda a un bon président, nul ne doit être considéré comme irremplaçable. »
Dans son argumentaire, Me Gatete invoquait la nuance entre « le peuple rwandais », auquel se réfère le préambule de la Constitution, et l’opinion publique rwandaise, qui a choisi, en décembre 2015, d’accorder par référendum, à une écrasante majorité, une dérogation sur mesure à Paul Kagamé.
4 millions de signatures
Contrairement à l’opinion publique, à l’origine de la pétition qui avait recueilli près de 4 millions de signatures et qui avait ouvert la voie à cette révision constitutionnelle, « le peuple rwandais inclut [les] ancêtres et [les] descendants, qui, bien que n’ayant signé aucune pétition, se retrouvent eux aussi affectés par une décision qui modifie l’un des principes essentiels sur lesquels est fondée notre Constitution », écrivait-il.
«Je savais que la cause était perdue d’avance. Mais je ne voulais pas qu’on puisse dire devant l’Histoire qu’aucune voix discordante ne s’était fait entendre », conclut l’avocat.
Mehdi Ba /http://abidjantv.net