Iran, Allemagne, Rwanda, Corée du Sud, Chili, Pays-Bas : ces pays qui voteront (aussi) en 2017
Le président iranien Hassan Rohani, la chancelière allemande Angela Merkel et le président rwandais Paul Kagamé.
Les Français ne seront pas les seuls à voter en 2017. En Europe, en Afrique mais aussi en Asie et en Amérique du Sud, des scrutins importants sont prévus. Tour d'horizon.
La présidentielle française occupera les esprits et les unes de la presse l'an prochain mais, ailleurs dans le monde, des millions de personnes voteront aussi en 2017. Voici, de l’Europe à l’Afrique et de l’Asie à l’Amérique du Sud, quelques-uns des scrutins attendus:
Allemagne
Ce sera l’un des scrutins européens les plus importants de l’année à venir : chancelière depuis 11 ans, Angela Merkel briguera un quatrième mandat lors des législatives de septembre 2017. Réélue en décembre à la tête de son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), sa campagne électorale s’annonce difficile : celle qui entend faire barrage au parti de droite populiste Alternative für Deutschland (AfD) a été critiquée jusque dans son propre camp après l’attentat au poids-lourd sur un marché de Noël de Berlin.
Ses détracteurs lui reprochent sa décision d’accueillir en Allemagne près de 900 000 demandeurs d'asile fuyant notamment la guerre en Syrie. Angela Merkel n’a pas attendu l’attentat de Berlin pour réajuster son discours : "une situation comme celle de l'été 2015 ne peut et ne doit pas se répéter. C'était et c'est notre et mon objectif politique", a-t-elle insisté lors de sa désignation à la tête de la CDU.
Pays-Bas
Après le Brexit des Britanniques, le Nexit des Néerlandais ? Le sujet devrait être l’un des enjeux des législatives qui auront lieu en mars 2017 : le leader de droite populiste, Geert Wilders, s’est en effet engagé à faire sortir les Pays-Bas de l’Union européenne si sa formation politique, le Parti pour la liberté (PVV), remportait les élections. Or à trois mois du scrutin, le PVV est donné en tête des sondages. Geert Wilders s'est imposé ces dernières années dans la classe politique néerlandaise en adoptant un discours anti-immigration et anti-islam. Tout récemment, il s’est posé en victime de la liberté d’expression après avoir été reconnu coupable début décembre de discriminations pour avoir promis après les élections municipales de mars 2014, "moins de Marocains" aux Pays-Bas.
Iran
S’il n’est pas encore officiellement candidat, l'actuel président Hassan Rohani devrait solliciter un second (et dernier) mandat de quatre ans auprès des électeurs en mai 2017. L’élection en 2013 de ce conservateur modéré avait déclenché des scènes de liesse à Téhéran. À six mois de la fin de son mandat et malgré une levée progressive de l’embargo, son bilan économique apparaît fragile : entre le renouvellement des sanctions américaines et les critiques de l'accord nucléaire par le président américain élu Donald Trump, le rial iranien est tombé fin décembre à son plus bas niveau historique face au dollar américain.
De nombreux responsables des partis réformateurs et modérés ont néanmoins affirmé qu'ils allaient soutenir Rohani. Le camp conservateur chercherait à présenter un candidat unique mais aucun candidat ne s'est encore déclaré. L'ancien président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad ne sera en tout cas pas dans la course : sommé par l'ayatollah Ali Khamenei de ne pas se présenter, il a déjà annoncé qu'il ne serait pas candidat à la présidentielle de mai 2017.
Corée du Sud
La Corée du Sud est en proie à une crise politique sans précédent depuis quelques mois : le Parlement a voté début décembre 2016 une motion de destitution de la présidente Park Geun-Hye. La fille de l'ancien dictateur Park Chung-Hee est en effet empêtrée dans un retentissant scandale de corruption qui a provoqué des manifestations monstres à Séoul. La destitution de la présidente élue en 2012 doit encore être entérinée par la Cour constitutionnelle, ce qui donnerait lieu à des élections anticipées avant la date initialement prévue de décembre 2017.
Dans ce contexte, le Saenuri, le parti de Park Geun-Hye, pouvait voir en Ban Ki-Moon l’homme providentiel du camp conservateur. Mais celui qui quittera son poste de secrétaire général de l’ONU le 31 décembre fait, lui aussi, face à des allégations de corruption : un journal sud-coréen l’accuse d’avoir touché pots-de-vin il y a dix ans. Dans ce contexte, Moon Jae-in, le candidat potentiel du parti progressiste Minjoo, apparaît comme favori des sondages.
Hong Kong
Les tensions, très fortes dans l'ex-colonie britannique revenue en 1997 dans le giron de la Chine, ont atteint un nouveau pic avec les législatives de septembre 2016 et l'élection d'une poignée de candidats demandant une plus grande autonomie vis-à-vis de la Chine. C’est dans ce climat que se tiendra, en mars 2017, l'élection du chef du gouvernement de Hong Kong. Leung Chun-ying, l'impopulaire dirigeant sortant, accusé par ses opposants d'être la marionnette de Pékin, a d’ores et déjà annoncé qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat.
Mais le mode de scrutin pour élire la tête de l'exécutif de l'ancienne colonie britannique — vote d'un comité électoral composé d'élites acquises à Pékin — est en soi critiqué par les partisans de davantage d'indépendance. D'ailleurs, de l’aveu même de la députée démocrate Claudia Mo, "quel que soit le nouveau chef du gouvernement, il sera choisi par Pékin".
Rwanda
Président du Rwanda depuis le 17 avril 2000, Paul Kagamé est en réalité l'homme fort du pays depuis 1994 lorsque son ex-rébellion tutsi a chassé du pouvoir les extrémistes hutu et mis fin au génocide déclenché trois mois auparavant — environ 800 000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi. Paul Kagamé a d’ores et déjà annoncé qu’il serait candidat à sa propre succession lors du scrutin présidentiel d’août 2017. Rien ne s’y oppose depuis l’adoption en décembre 2015 d’une réforme de la Constitution destinée à lui permettre de se présenter pour un troisième mandat.
Quid de l’opposition ? La Constitution du Rwanda consacre le multipartisme, mais il n'existe pratiquement pas d'opposition, le Front patriotique rwandais (FPR) du président Kagame contrôlant d'une main de fer les sphères politique, sociale et économique du pays. Frank Habineza, le président du Parti démocratique vert, seule formation d'opposition reconnue par le gouvernement rwandais, a toutefois annoncé sa candidature à la présidentielle d'août 2017. "Nous voulons apporter la démocratie à ce pays", a-t-il déclaré à la presse. Le scénario sera-t-il différent cette fois ? En juillet 2010, peu avant la précédente élection présidentielle, le corps du vice-président de ce parti avait été retrouvé dans un marais. Frank Habineza avait dès lors quitté le Rwanda pour la Suède, avant d'y revenir en 2012. Paul Kagame avait finalement été réélu avec plus de 90 % des voix.
Chili
Qui succèdera à Michelle Bachelet en novembre 2017 ? Au pouvoir depuis 2014 après un premier mandat en 2006, la présidente socialiste a atteint des records d’impopularité dans le pays. Plusieurs candidats se sont déjà déclarés, comme la fille de Salvador Allende, l’ancien président socialiste chilien renversé en 1973 par le général Augusto Pinochet. Le président socialiste Ricardo Lagos qui a gouverné le Chili entre 2000 et 2006 briguera aussi un nouveau mandat. Également en lice : José Miguel Insulza, l’ex-secrétaire général de l’Organisation des États américains. À droite, l’homme d’affaires et président de 2010 à 2014, Sebastian Piñera, est déjà présenté comme favori par les sondeurs…même s’il n’a pas encore fait acte de candidature.
Source : France 24