Faustin Twagiramungu : quand les nostalgiques de la «suprématie KIGA » le traitent de tous les noms!
Dans un article publié en date du 17/04/2015 sur www.shikamaye.blogspot.com, le Dr Nkusi Joseph s’en prend avec véhémence à certains Commissaires du parti politique RDI Rwanda-Rwiza qui, dans divers écrits publiés par le blog www.veritasInfo.fr, ont dû démentir ses allégations mensongères concernant l’action politique de Faustin Twagiramungu, Président de ce parti. Tout porte à croire que, pour des raisons obscures, le Dr Nkusi aurait épousé les thèses des BAKIGA extrémistes, selon lesquelles les politiciens BANYENDUGA, Twagiramungu en tête, sont des traîtres ayant vendu le Rwanda au FPR-Inkotanyi.
Ces positions sont inacceptables et condamnables, et surtout contraires à la vérité et à la ligne politique du parti RDI selon laquelle le régionalisme et l’ethnisme sont des maux qui n’ont cessé de miner la vie nationale rwandaise et qu’il faut éradiquer à tout jamais si l’on veut installer durablement le Rwanda sur la voie de l’unité et de la réconciliation nationales.
Bref rappel historique sur la problématique Kiga-Nduga.
Le Rwanda a été dirigé par une monarchie tutsi qui opprimait le menu peuple dont la majorité hutu jusqu’aux années 1959, date à laquelle certains leaders hutu dont Grégoire Kayibanda ont conduit une révolution qui mit fin au régime féodo-monarchique tutsi et au système colonial belge et instaura la République en 1961 dont Kayibanda Grégoire, Hutu, fut le premier président élu démocratiquement. En 1973, le président Kayibanda fut renversé par un coup d’Etat militaire dirigé par le Général Habyarimana Juvénal.
Après s’être emparé du pouvoir, soi-disant pour sauver le Rwanda du « gouffre » vers lequel le précipitait le régime du Président Kayibanda (KUVANA U RWANDA MU RWOBO !), Habyarimana jeta en prison Kayibanda et ses proches collaborateurs originaires de Gitarama et d’autres régions regroupées au sein de ce que l’on a appelé le « NDUGA », c’est-à-dire toutes les préfectures du pays autres que Gisenyi, Ruhengeri et Byumba. Ces prisonniers politiques furent sauvagement exterminés, au mépris du rôle historique joué par certains d’entre eux, le Président Kayibanda en tête, en tant que pères du Rwanda républicain, démocratique et indépendant.
L’équilibre régional et ethnique fut l’un des piliers du régime du Président Habyarimana Juvénal. Dans la pratique, le système fut dévoyé en une concentration du pouvoir et des privilèges entre les mains d’une clique de personnalités issues de la même région que Habyarimana. Le premier cercle de cette clique appelé AKAZU était composé des proches du Général-Président et de son épouse. Pour mieux défendre ses intérêts politiques et autres, ce premier cercle coopta d’autres personnalités sur une base essentiellement régionaliste, les plus influentes étant celles provenant des régions du nord du pays désignées sous le vocable « KIGA », notamment en préfecture de Gisenyi dont le Président Habyarimana était originaire et en préfecture voisine, celle de Ruhengeri.
En somme, alors que le Général Habyarimana avait renversé le Président Kayibanda en l’accusant de favoritisme envers les gens de la région « NDUGA », il a fait pire que son prédécesseur, mais dans l’autre sens. En effet, sous le régime du Président Habyarimana, l’essentiel du pouvoir politique et économique était détenu par les « BAKIGA », notamment ceux de « L’AKAZU », pendant que les « BANYENDUGA » étaient, dans l’ensemble, des citoyens de seconde zone privés de représentation équitable dans les hautes sphères politiques et administratives et même en matière d’accès à l’éducation publique.
De nos jours, le régionalisme fait encore rage au sein de la communauté rwandaise, y compris chez certains intellectuels qui, à l’instar du Dr NKUSI Joseph, avancent, souvent en des termes à peine voilés, des thèses selon lesquelles pour diriger le Rwanda, il faut être ou ne pas être originaire de telle ou telle région du pays.
Twagiramungu Faustin dans l’histoire politique récente du Rwanda
Suite à la révolution sociopolitique de 1959, les dignitaires tutsi se sentant menacés ont quitté massivement le Rwanda pour se réfugier dans les pays voisins, notamment au Burundi et en Ouganda. Après plusieurs échecs dans leur tentative de reconquête du pouvoir par les armes entre 1963 et 1967, leurs descendants se sont regroupés au sein du Front Patriotique Rwandais (FPR) en 1987. Ils entrèrent en guerre contre le Rwanda le 1er octobre 1990, officiellement pour rapatrier les réfugiés rwandais et installer la démocratie dans leur pays d’origine.
Leurs revendications eurent des échos favorables auprès d’une bonne partie de la Communauté internationale, au motif que le régime Habyarimana leur avait refusé le retour pacifique au Rwanda. Si, selon le discours officiel, les problèmes opposant les hutus et les tutsis avant 1973 étaient de l’histoire ancienne (HABYARIMANA YAGARUYE AMAHORO N’UBUMWE !!!), pourquoi ce régime refusait–il le retour des Rwandais tutsi? Le Docteur PhD Nkusi Joseph nous en donnerait une réponse convaincante, peut-être !
En même temps qu’il faisait face à une opposition armée depuis la guerre d’octobre 1990 jusqu’ à la défaite des FAR en 1994, le régime monopartite des BAKIGA sous la houlette du parti MRND était également confronté à une opposition intérieure organisée en une structure de concertation dénommée Forces démocratiques de changement (FDC) et présidée par Faustin Twagiramungu, en sa qualité de leader du MDR (Mouvement démocratique républicain), alors principal parti d’opposition. Alors que le MRND et ses alliés dont le parti extrémiste CDR (Coalition de Défense de la République) refusaient le partage du pouvoir avec les membres du FPR et les BATUTSI en général, les partis membres des FDC, sous la direction de Faustin Twagiramungu, plaidaient, quant à eux, pour l’égalité des Rwandais, pour les négociations de paix avec le FPR en vue du partage du pouvoir et du retour intégral des réfugiés tutsi qu’ils qualifiaient de frères (ABAVANDIMWE). Par son discours fermement engagé en faveur de l’unité des Rwandais, toutes ethnies confondues, de l’éradication de la dictature du MRND et de la tenue d’une conférence nationale souveraine « RUKOKOMA », Twagiramungu a pu marquer les esprits et bénéficier de l’admiration d’une bonne partie de l’opinion tant nationale qu’internationale.
Dans ces conditions, quoi de plus normal que des diplomates en poste à Kigali, y compris ceux des Etats-Unis d’Amérique, aient eu avec lui, à plusieurs reprises, des échanges de vues sur la situation qui prévalait alors au Rwanda ? Les observateurs avertis savent le rôle déterminant qu’il a joué dans les négociations relatives au Gouvernement multipartite mis en place en avril 1992. Par ailleurs, nul n’a été surpris de le voir désigné comme Premier Ministre du Gouvernement de transition à base élargie qu’avaient prévu les accords de Paix d’Arusha d’août 1993.
Il est vrai qu’après sa victoire militaire en juillet 1994, le FPR a vidé de leur substance ces Accords pour accaparer tout le pouvoir, mais il est aussi de notoriété publique que Faustin Twagiramungu, jusqu’à sa démission du Poste de Premier Ministre en août 1995, n’avait cessé de dénoncer les dérives totalitaires du FPR et de son Président, le Général Paul Kagame.
Dans ledit article du 17/4/2015, le Docteur PhD Nkusi Joseph semble épouser les thèses régionalistes de ceux qui s’emploient à faire passer Twagiramungu comme le roi des traîtres pour avoir osé combattre le régime dictatorial du MRND entre 1990 et 1994. Pourtant, ce combat était juste, et n’eût été l’agenda caché du FPR sous le couvert des Accords d’Arusha, le changement politique pour lequel militaient Twagiramungu et d’autres leaders des FDC était la meilleure solution pour résoudre le conflit de pouvoir rwandais. S’il fallait désigner un responsable des malheurs actuels du peuple rwandais, il faudrait plutôt chercher du côté de ceux qui ont fragilisé la République en 1973 en renversant les institutions légalement établies et en massacrant les pères de la Révolution et de l’Indépendance du Rwanda.
Point n’est besoin d’être un spécialiste des affaires rwandaises pour comprendre que le Coup d’Etat du 5 juillet 1973 a ouvert une brèche dans laquelle allaient s’engouffrer ceux qui projetaient de reconquérir le pouvoir qu’ils avaient légitimement perdu par le référendum du 25 septembre 1961. Et ils y sont arrivés en exploitant habilement les faux pas du régime Habyarimana, tel que le refus du retour des réfugiés au début des années 1980, sous le fallacieux prétexte que le Rwanda était un petit pays surpeuplé !
En tout état de cause, c’est un non-sens que d’attribuer à Twagiramungu la responsabilité de la détresse qui frappe aujourd’hui une majorité de Rwandais, que ce soit ceux réduits à l’état d’esclavage (UBUCAKARA) à l’intérieur du pays par le FPR-Kagame, ou ceux contraints à vivoter en exil car ne pouvant pas rentrer au Rwanda tant que des conditions de rapatriement dans la sécurité et la dignité ne seront pas garanties. Faudrait-il rappeler qu’entre 1990 et juin 1994, Faustin Twagiramungu n’a exercé aucune fonction au sein de l’appareil politico-administratif du Rwanda, encore moins au plan militaire ?
Si son tort est d’avoir combattu énergiquement et sans réserve, par le discours politique, le pouvoir dictatorial du MRND et de son Président fondateur, en fustigeant le caractère monarchique du régime Habyarimana (CYAMI MPUTU, CYAMI NSHIRU), l’histoire lui sera plutôt reconnaissante du courage et du patriotisme exceptionnels dont il aura fait preuve à une époque où tout le monde avait peur d’exprimer une quelconque opposition au pouvoir en place. En fait, si Twagiramungu n’avait pas combattu le MRND et Habyarimana, il aurait mérité l’indulgence de tous ces nostalgiques de l’AKAZU et de la « suprématie KIGA » dont les thèses sont abondamment relayées par les écrits du journal www.ikazeiwacu.fr. Franchement, où va le Rwanda, s’il faut que les hommes politiques se renient pour défendre des « causes fausses » pour que les gens comme le Dr Nkusi et ses semblables leur adressent des éloges? C’est très grave !
Dans quel intérêt le Dr NKUSI cherche-t-il à opposer les FDLR à la RDI et à la CPC ?
Fort de son expérience politique de plus de 25 ans et convaincu de la nécessité, pour l’Opposition rwandaise, d’unir ses efforts en vue d’œuvrer plus efficacement à l’avènement au Rwanda du changement politique tant attendu, Faustin Twagiramungu a eu le mérite de rassembler certaines forces politiques rwandaises en exil au sein de la « Coalition des Partis politiques rwandais pour le Changement » (CPC) créée le 01 mars 2014 à Bruxelles. La naissance de cette Coalition qui comprend, entre autres, les FDLR et la RDI-Rwanda Rwiza, a suscité un immense espoir au sein de la Communauté rwandaise et a fait l’objet de nombreuses réactions positives provenant de tous les coins du Rwanda. Certaines d’entre elles voient dans cette coalition un grand pas vers la défaite inéluctable du FPR-Kagame, parti criminel et dictatorial au pouvoir à Kigali depuis juillet 1994.
Mais d’autres personnes, heureusement très peu nombreuses, se sont attaquées à cette « union gagnante » qu’est la CPC. A y regarder de plus près, la plupart de ces détracteurs sont des nostalgiques du régime Habyarimana, qui ne supportent pas l’idée que Faustin Twagiramungu, considéré à tort comme le tombeur de leur champion, puisse consolider sa position de leader de l’opposition rwandaise en sa qualité de Président de la CPC. Dommage que même certains dirigeants des FDLR soient tombés dans le panneau, allant jusqu’à se rendre coupables d’insubordination envers le Président de la CPC, au grand dam des esprits éclairés qui mettent en garde les fautifs contre l’aubaine que ne manque pas d’en tirer le régime du FPR-Kagame. En effet, tant que les opposants s’entredéchirent, les dignitaires au pouvoir à Kigali n’en demandent pas mieux!
Il va sans dire que dans n’importe quelle organisation, lorsque survient un problème d’indiscipline, celui-ci doit être réglé en conformité avec les dispositions statutaires, bien entendu pour la bonne marche de la structure commune. N’en déplaise au Dr Nkusi Joseph et à ses adhérents, Faustin Twagiramungu tient à ce que la Coalition qu’il préside se donne les moyens d’atteindre ses objectifs, tout en restant unie, car l’union fait la force. C’est pour cela que les allégations du genre «Twagiramungu fait tout pour semer la zizanie au sein des FDLR » sont sans le moindre fondement et que ceux qui les propagent ne peuvent se targuer d’aucune crédibilité. Eh bien, au risque de décevoir les détracteurs de la CPC, il est utile de leur servir sur un plateau d’argent cette vérité immuable : les partis politiques au sein de la CPC se sont coalisés en tant que INSTITUTION dans l’intérêt supérieur du peuple rwandais. Par conséquent, Twagiramungu et ses compagnons de lutte n’ont aucun intérêt à diviser les FDLR ou à les fragiliser d’une quelconque façon. Et d’ailleurs le voudraient-ils qu’ils ne le pourraient même pas, dans la mesure où ils ne participent pas à la gestion quotidienne des FDLR !
Conclusion
La libération du Rwanda du régime criminel et dictatorial du FPR-Kagame est un chemin encore long et parsemé d’embûches. C’est un « parcours du combattant » qui exige la contribution de toutes les bonnes volontés engagées en faveur du changement politique tant attendu au Rwanda. Plus particulièrement, l’on se serait attendu à ce que les « esprits éclairés » prennent les devants pour « montrer la voie » à toutes les personnes désireuses de faire avancer la lutte. A ce titre, on a de bonnes raisons d’attendre d’un éminent intellectuel, de surcroît journaliste et analyste politique tel que le Dr Nkusi, qu’il diffuse des messages pertinents et constructifs censés motiver « les troupes ».
Quoi qu’il en soit, il n’est pas digne et juste de s’en prendre gratuitement à une grande figure de l’opposition rwandaise, en l’occurrence Faustin Twagiramungu, en qui de nombreux rwandais ont placé leur espoir pour son expérience politique et sa capacité à conduire la lutte contre le pouvoir honni du FPR-Kagame. On peut ne pas être d’accord avec ses idées ou ses stratégies, mais la moindre honnêteté intellectuelle ne permet, en aucun cas, l’atteinte à son honneur ou à sa crédibilité. A cet effet, des propos diffamatoires comme ceux contenus dans ledit article du 17.04.2015 précédemment incriminé ou encore ceux qui occupent depuis quelques mois « la une » du blog www.ikazeiwacu.fr sont nuls et non avenus, et ne font que jeter le discrédit sur leurs auteurs.
Qu’on le veuille ou non, Faustin Twagiramungu est et restera l’un des grands hommes politiques rwandais que le pays ait jamais connu. Ses prises de position contre la dictature, que ce soit celle du MRND et du Président Habyarimana ou celle, plus grave encore, du FPR-Kagame sont toujours d’actualité. Il en est de même des vues qu’il n’a cessé d’exprimer en faveur de l’unité du peuple rwandais : non seulement elles se nourrissent des vérités immuables de l’histoire politique rwandaise, mais encore elles offrent à la jeunesse l’espoir de lendemains meilleurs dans un pays exempt de divisions et de discriminations à caractère ethnique, régional ou autre (U RWANDA RWIZA).
Il est vrai que quelques irréductibles dont des nostalgiques du régime MRND et de la suprématie des BAKIGA en voudront toujours à Twagiramungu d’avoir contribué à l’affaiblissement politique de l’AKAZU au début des années 1990 jusqu’à l’effondrement du régime Habyarimana en 1994, mais c’est aussi un fait que celui connu sous le célèbre surnom « RUKOKOMA » ne faisait que son devoir d’opposant politique, en plus par des voies démocratiques et pacifiques. Le régime dictatorial du FPR-Kagame en sait lui aussi quelque chose, pour avoir été combattu par le même Twagiramungu depuis 1995 jusqu’à ce jour, que ce soit à travers les FRD (Forces de Résistance démocratique fondées en 1996), l’élection présidentielle de 2003 ou, plus récemment, son parti RDI-Rwanda Rwiza fondé en août 2010 et la CPC (Coalition des Partis politiques rwandais pour le Changement) datée du 01 mars 2014.
Comme Twagiramungu le répète sans cesse à qui veut l’entendre, rien ni personne ne va le dissuader de son noble objectif visant à instaurer au Rwanda un système politique démocratique fondé sur la vérité de l’histoire du peuple rwandais et garantissant à tout citoyen le plein exercice de ses libertés et droits fondamentaux. Il a payé le prix fort de ses idées, notamment en perdant une trentaine des membres de sa famille massacrés par les INTERAHAMWE en 1994. Aujourd’hui encore, il vit sous la menace des tueurs de Kagame qui, à plusieurs reprises ont essayé d’attenter à sa vie. Cependant, ce ne sont pas ces « risques du métier » ni d’autres intimidations, notamment celles des BAKIGA extrémistes, qui vont le détourner de son combat politique, surtout qu’il ne le mène pas pour lui, mais, comme à l’accoutumée, pour l’intérêt supérieur du peuple rwandais.
A bon entendeur, salut!
Source : http://www.rdirwandarwiza.com/