L’Union européenne condamne l’agression du Rwanda en RDC : quelles conséquences ?

Publié le par Veritas

Le Parlement européen a adopté, le 13 février 2025, une résolution condamnant l’implication du Rwanda dans le conflit en République démocratique du Congo (RDC). Accusé de soutenir militairement le groupe rebelle M23 et d’exploiter illégalement les ressources minières congolaises, le Rwanda se retrouve sous pression diplomatique. Cependant, cette condamnation reste symbolique et devra être suivie d’actions concrètes pour avoir un impact réel.

Depuis janvier 2025, les affrontements entre les rebelles du M23 et l'armée congolaise ont connu une escalade dramatique, menant à la prise de Goma, capitale du Nord-Kivu. Environ 3 000 personnes ont perdu la vie et près de 800 000 habitants ont été contraints de fuir, s’entassant dans des camps de fortune. L’aéroport de Goma reste fermé, compliquant l’acheminement de l’aide humanitaire.

Malgré l’annonce d’un cessez-le-feu unilatéral par le M23 le 4 février, les combats persistent. La ville minière de Nyabibwe, au Sud-Kivu, serait également tombée sous le contrôle des rebelles, qui cherchent à étendre leur territoire.

L’implication du Rwanda sous le feu des critiques

Le Parlement européen dénonce la responsabilité directe du Rwanda dans cette crise. Un rapport du Groupe d’experts de l’ONU publié en juin 2024 avait déjà révélé la présence de 3 000 à 4 000 soldats rwandais aux côtés du M23. La prise de Goma a suscité une vague d’indignation à travers la RDC, avec des manifestations violentes devant plusieurs ambassades à Kinshasa.

Crimes de guerre et violences sexuelles

Les exactions contre les civils se multiplient. La Mission de l’ONU en RDC (MONUSCO) a été attaquée par le M23 les 23 et 24 janvier, causant la mort de 13 Casques bleus. De nombreux témoignages font état de violences sexuelles massives et d’exécutions sommaires à la prison de Munzenze, où des centaines de femmes auraient été violées et certaines brûlées vives. L’hôpital de Panzi à Bukavu, dirigé par le Dr Denis Mukwege, alerte sur la gravité de la situation.

Des enjeux économiques majeurs

Le Nord-Kivu regorge de ressources stratégiques comme le cobalt, l’or et l'étain. Selon les estimations, le M23 exporterait 120 tonnes de coltan par mois vers le Rwanda, générant jusqu’à 288 000 euros de revenus mensuels. L’Union européenne, qui a signé un mémorandum d’accord avec le Rwanda sur les matières premières, est critiquée pour son manque de vigilance. Le Parlement européen demande maintenant la suspension immédiate de cet accord.

Les mesures exigées par le Parlement européen

Dans sa résolution, le Parlement européen formule plusieurs recommandations :

1.Condamnation de l’occupation de Goma par le M23 et les RDF.

2.Enquêtes internationales sur les crimes de guerre et violences sexuelles.

3.Sanctions ciblées contre les responsables du M23 et des RDF.

4.Suspension des accords économiques entre l’UE et le Rwanda.

5.Embargo sur les armes à destination du Rwanda et du M23.

6.Réouverture immédiate de l’aéroport de Goma pour l’aide humanitaire.

7.Protection accrue pour l’hôpital Panzi et les survivantes de violences sexuelles.

8.Création d’une commission d’enquête sur les crimes commis depuis 2022.

9.Annulation du championnat du monde de cyclisme UCI 2025 à Kigali si le Rwanda ne met pas fin à son implication dans le conflit.

Une pression croissante sur la communauté internationale

Le Conseil des affaires étrangères de l’UE se réunira le 24 février pour débattre d’actions supplémentaires. Un sommet régional à Dar es Salaam, le 8 février, a déjà appelé à un cessez-le-feu et au retrait des forces étrangères non invitées.

L’UE, qui a versé 260 millions d’euros au Rwanda entre 2021 et 2024 et annoncé 60 millions d’euros d’aide humanitaire pour 2025, devra repenser sa politique vis-à-vis de Kigali. Alors que le conflit menace la stabilité régionale, la pression monte sur les dirigeants européens pour qu’ils adoptent des mesures fermes et empêchent une aggravation de la crise.

Veritasinfo.

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