Visas pour le Rwanda : Paul Kagame ménage la chèvre anglophone et le chou francophone
Lors du sommet Royaume-Uni – Afrique, le président rwandais a annoncé qu’il envisageait d’exempter de visa les ressortissants des États membres du Commonwealth, de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et de l’Union africaine. Une manière de jouer la carte de l’intégration africaine, tout en ménageant les puissances française et britannique.
Ce n’est pas parce que le flamand rose somnole parfois sur une patte qu’il en oublie la seconde. Ce n’est pas parce que le Rwanda a fourni à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) sa secrétaire générale, en la personne de Louise Mushikiwabo, qu’il en oublie de soigner ses relations avec l’anglophonie politique. En juin prochain, le Rwanda accueillera d’ailleurs la 26e réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth (Chogm). Et c’est dans le pays d’Elizabeth II, reine de l’organisation intergouvernementale, que Paul Kagame a décidé de ménager, une fois de plus, la chèvre anglophone et le chou francophone.
Présent à Londres pour un sommet Afrique-Royaume Uni focalisé sur les conséquences internationales du Brexit, le président rwandais est intervenu, ce 21 janvier, à l’International School for Government du King’s College. Au cœur d’un discours très diplomatique sur la «communauté de valeurs» ou l’opportunité de «réinventer les accords commerciaux et d’investissement mondiaux», le chef de l’État a marqué les esprits en évoquant son souhait d’exempter du paiement des frais de visa les citoyens du Commonwealth, de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) ainsi que de l’Union africaine (UA).
Urgence, unité et autonomie
Avec trois langues officielles – l’anglais, le français, le swahili et le kinyarwanda, le Rwanda joue tout à la fois la carte de l’intégration africaine et de l’équidistance des puissances britannique et française avec lesquelles il a partagé des expériences historiques bien différentes.
Même si, selon l’OIF, le français n’était parlé que par 6 % de la population rwandaise en 2014, le pays est membre de l’Organisation depuis 1970. Et c’est en 2009 qu’il a décidé d’adhérer, en parallèle, au Commonwealth.
Source: Par Damien Glez Damien Glez est dessinateur-éditorialiste franco-burkinabè /J.A