Les raisons cachées du rapprochement « soudain » entre la RD Congo et le Rwanda!
Depuis l’arrivée de Félix Tshisekedi au pouvoir à la faveur d’un « deal » négocié avec le Président sortant Joseph Kabila, les relations entre la RD Congo et le Rwanda se sont normalisées, voire renforcées.
C’est au Rwanda que Félix Tshisekedi s’est rendu lors de son premier voyage à l’étranger et tout récemment, le chef d’état-major de l’armée rwandaise (RDF), le général Patrick Nyamvumba, porteur d’un message du Président Paul Kagame, a été reçu par le numéro un congolais. Signe que Kinshasa et Kigali marchent désormais main dans la main, Félix Tshisekedi a invité son homologue rwandais aux obsèques de son défunt père, l’opposant historique Étienne Tshisekedi, décédé il y a deux ans en Belgique. Un tête-à-tête entre les deux hommes a eu lieu dans la résidence du chef de l’État congolais de la N’sele.
Si la présence de Paul Kagame aux obsèques de Tshisekedi père a suscité l’émoi et la colère dans l’opinion publique congolaise, plusieurs observateurs s’interrogent sur le rapprochement entre Kigali et Kinshasa. Qu’est-ce qui explique ce rapprochement soudain, surtout quand on sait que le Rwanda a souvent déstabilisé son grand voisin, pillant sans vergognes ses ressources naturelles et causant des millions de morts depuis 1998 ? Qu’est-ce qui explique l’empressement de Félix Tshisekedi de se rapprocher de Paul Kagame, alors que ce dernier ne s’est jamais excusé pour ses innombrables crimes au Congo ?
Les raisons du rapprochement entre Tshisekedi fils et Kagame sont multiples, mais je vais m’attarder sur une seule en raison de son caractère explosif. Il s’agit des tensions entre le Rwanda et l’Ouganda.
En effet, le torchon brûle entre les deux pays voisins de la région des Grands Lacs, longtemps alliés et que plusieurs différends opposent désormais. Dernière tension en date, un incident frontalier, vendredi 24 mai, qui a entraîné la mort de deux hommes tués à proximité d’un poste frontalier, non loin des villes de Kashekye (Ouganda) et de Tabagwe (Rwanda). Kampala a aussitôt pointé du doigt Kigali. La guerre entre les deux pays est imminente, estiment certains observateurs.
C’est cette dynamique politico-militaire explosive qu’il explique le rapprochement observé ces derniers temps entre le Rwanda et la RD Congo. Proche de Joseph Kabila en fin de mandat, Paul Kagame a vite réalisé qu’il était dans son intérêt d’avoir un allié sûr et docile en RDC après le départ de Kabila. Alors que le pays de Patrice Lumumba est plongé dans une grave crise post-électorale en janvier, Paul Kagame, alors Président de l’Union africaine (UA), se propose, à la demande d’un groupe de chefs d’État africains, de jouer le modérateur entre les parties, tout en encourageant secrètement Joseph Kabila à céder le pouvoir à Félix Tshisekedi qui est arrivé en troisième position à l’élection présidentielle, derrière Emmanuel Shadary et Martin Fayulu, qui aurait, selon toute vraisemblance, remporté le scrutin.
On apprendra par la suite que Félix Tshisekedi a conclu un «deal» avec Joseph Kabila. Son contenu reste un mystère. Mais une chose est certaine, Tshisekedi fils a décidé de ne pas remettre en question le statu quo. Kabila est parti sans partir et les relations avec le Rwanda sont renforcées.
À Kigali, Félix inspire confiance. Un observateur rwandais de souligner qu’ «il semble plus docile que Joseph Kabila». C’est donc autour du nouveau président congolais que l’homme fort du Rwanda a décidé d’articuler sa stratégie dans la région des Grands Lacs. À couteaux tirés avec l’Ouganda et étant également en froid avec le Burundi qu’il a tenté de déstabiliser à quelques reprises, Kagame, qui a désormais plus d’ennemis que d’amis dans la région, a fait de la RDC son alliée de circonstance. Avec Félix Tshisekedi au pouvoir, il est au moins sûr que le « coup fatal » ne partira pas de la RDC.
Ce que les Congolais et les populations de la région (Ougandais et Burundais) doivent savoir, c’est que le Rwanda s’apprête, avec la complicité naïve de Félix Tshisekedi, d’embarquer la RDC dans une opération militaire d’envergure qui devrait culminer à des massacres de masse et se retourner contre le Congo.
De source digne de foi, nous pouvons affirmer sans crainte d’être contredits que le Rwanda veut impliquer la RDC dans la guerre qu’il prépare contre l’axe Kampala-Bujumbura. Les arguments qui vont être servis à l’opinion publique sur la présence de soi-disant « forces négatives » opérant à partir du Congo sont totalement fausses. Au moment où nous couchons ces lignes, plus de 1000 soldats des forces spéciales rwandaises opèrent dans certaines localités de l’Est congolais. Ils ont traversé la frontière congolaise au moment où Paul Kagame débarquait à Kinshasa à l’occasion des obsèques d’Étienne Tshisekedi. Nous ne saurons dire avec certitude si Félix Tshisekedi, qui a donné son feu vert à une opération conjointe FARDC-RDF, est au courant de cette pénétration des forces de défense rwandaises en territoire congolais. Nous ne pourrons pas non plus donner davantage de détails sur ce qui se trame. Du moins pour le moment.
Ce que les Congolais et les populations de la région (Ougandais et Burundais) doivent savoir, c’est que le Rwanda s’apprête, avec la complicité naïve de Félix Tshisekedi, d’embarquer la RDC dans une opération militaire d’envergure qui devrait culminer à des massacres de masse et se retourner contre le Congo. Les revendications des soi-disant « Banyamulenge » que l’on a observées ces dernières semaines s’inscrivent dans la droite ligne de cette stratégie rwandaise. L’objectif de Paul Kagame est double : faire de la RDC la base arrière des attaques contre l’Ouganda et le Burundi, et provoquer des massacres de masse en RDC même, massacres qui devraient conduire la communauté internationale à créer une « zone humanitaire sûre » sur le territoire congolais afin de protéger une certaine minorité. « Votre président ne verra que du feu » nous a confié une source. Ce qui laisse penser que Félix Tshisekedi ne comprend pas le scénario dans lequel Kagame l’a embarqué.
Les opérations rwandaises en RDC ont déjà fait des millions de victimes. faut-il le rappeler aux autorités congolaises ? Pendant ce temps, la MONUSCO, qui est au courant de tous les coups tordus contre le Congo, fait comme si de rien était. Des morts. La RDC n’a pas encore fini d’en compter, on dirait…
Patrick Mbeko/ ingeta.com