RDC : L’UE est en discussion concernant de nouvelles sanctions à l’encontre des responsables des FARDC.

Publié le par veritas

L'Union européenne se penche actuellement sur l'élaboration d'une nouvelle liste de sanctions. À l'initiative de plusieurs États membres de l'UE, des discussions sont en cours à Bruxelles afin d'imposer de nouvelles sanctions à l'encontre de responsables de l'armée congolaise. Un fait sans précédent, la liste proposée inclut également le nom d'un officier rwandais, accusé de collaborer avec les rebelles du M23 dans la province du Nord-Kivu.

L'Union européenne (UE) envisage d'adopter un nouvel ensemble de sanctions à l'encontre des responsables des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Cette liste a été préparée conjointement par plusieurs États membres, à savoir les Pays-Bas, la Belgique et l'Allemagne. Les noms qui y figurent restent sujets à caution, mais ils sont liés aux différents conflits en cours dans l'est de la RDC. C'est notamment le cas de la guerre menée par les FARDC contre le M23, un mouvement rebelle soutenu clandestinement par Kigali, comme l'ont attesté les Nations unies (AI du 18/06/23).

En décembre 2022, l'UE avait déjà imposé des sanctions à huit responsables de groupes armés, dont le porte-parole du M23, Willy Ngoma, ainsi que Ruvugayimikore Protogène, l'un des chefs des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un mouvement initialement composé d'anciens génocidaires hutus et qui est particulièrement ciblé par Kigali. Les FARDC s'appuient régulièrement sur ce mouvement dans leur lutte contre le M23. En visant ces deux mouvements qui sont antagonistes, Bruxelles cherchait à souligner leurs exactions contre les civils.

La présence d'un officier nommé « Gasasira » sur cette liste est remarquable. Cet officier est issu des rangs des Rwanda Defence Forces (RDF). Selon nos informations, il s'agit du capitaine Jean-Pierre Niragire, également connu sous le pseudonyme de « Gasasira ». Son nom apparaît dans le dernier rapport du groupe d'experts des Nations unies, où il est décrit comme étant à la tête des troupes RDF, notamment des forces spéciales, déployées à partir de mai 2022 pour mener des opérations spécifiques dans la province du Nord-Kivu.

La présence de « Gasasira » sur cette liste peut être surprenante, étant donné que cet officier occupe un rang modeste et reçoit lui-même des instructions du général de division Ruki Karusisi. Pour l'UE, il s'agit surtout de signifier au régime de Paul Kagame sa désapprobation quant à son soutien au M23, tout en faisant suite aux différents rapports du groupe d'experts qui ont documenté l'appui décisif des RDF aux rebelles.

Les discussions concernant ces nouvelles sanctions se sont déroulées à Bruxelles lors d'une réunion début juillet du groupe de travail sur l'Afrique (COAFR), une instance relevant du Conseil européen. Bien qu'elle semble être accueillie favorablement par les autres pays membres, notamment la France, cette liste a été diversement appréciée par les représentants du Service européen pour l'action extérieure (SEAE). En coulisses, ces derniers s'interrogent sur le fait que les sociétés militaires privées détenues par des ressortissants européens, qui apportent leur soutien aux FARDC dans leur lutte contre le M23, ne fassent l'objet d'aucune prise de position ou de sanctions (AI du 06/01/23).

Lors de la réunion, le SEAE a également remis en question la pertinence de maintenir le soutien de Bruxelles au programme de désarmement, de démobilisation, de relèvement communautaire et de stabilisation (PDDRCS), étant donné que le financement européen prévu à cet effet s'élève à seulement 7 millions d'euros, une somme jugée dérisoire qu'ils proposent plutôt d'affecter à l'accueil des réfugiés au Rwanda. Face à l'opposition des États membres, ainsi que de la RDC, le SEAE a finalement fait marche arrière.

La diplomatie européenne, représentée par son haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, est régulièrement soupçonnée d'adopter une position favorable à Kigali. Cependant, cela n'a pas empêché l'UE de publier, le 7 juillet dernier, un communiqué condamnant explicitement le soutien de Kigali au M23.

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Source : Africaintelligence

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