Syrie, dangereuse escalade
«Ne nous laissez pas seuls ! » Cet appel d'un Syrien à la France, résonne sans fin. Il ne peut laisser les consciences inertes. Car il porte la plainte de millions de Syriens victimes d'un conflit inhumain qui se transforme en une guerre aux implications mondiales. Cette semaine, les Nations Unies ont sonné l'alarme. Il existe « un risque de confrontation régionale et internationale », alertait le représentant de la France. « C'est le moment le plus violent, le plus inquiétant et dangereux... », déclarait Staffan de Mistura, l'envoyé spécial pour la Syrie.
Pourtant, après la quasi-défaite de Daesh, on pouvait espérer qu'un chemin de paix s'ouvre en Syrie pour que cesse la souffrance de ce peuple. Mais, en quelques jours, le pays a de nouveau basculé dans la violence. Des pays de la région et de grandes puissances se sont affrontés de plus en plus directement.
« Dépeçage de la Syrie »
Les civils sont sous le feu de combats multiples. Le régime syrien est accusé d'utiliser des bombes chimiques ! La situation humanitaire s'aggrave. Les Nations Unies demandent une trêve pour faire parvenir les secours aux populations assiégées, en particulier dans la Ghouta où la nourriture manque. L'Unicef demande l'évacuation des enfants et des blessés, pris au piège. Plus de 6 millions de personnes souffrent de la faim d'après les Nations Unies.
Sourde à ces appels, l'escalade de la violence s'est poursuivie : « On assiste au dépeçage de la Syrie en diverses zones d'influence », explique le chercheur Joseph Baout (1). Turquie, Iran, Russie, États-Unis, Israël... Chacun cherche ses propres intérêts. Or, ils sont opposés ! L'armée turque est entrée en Syrie contre les Kurdes. L'Iran et Israël se sont affrontés. La Russie a envoyé des mercenaires, certains ont été tués par les États-Unis là où se trouvent d'importantes ressources en gaz et en pétrole. Les anciennes tensions internationales ressurgissent entre des puissances qui sont, sur le terrain, alliées à des armées ou à des groupes opposés.
Des observateurs constatent une récente accalmie. Mais rien n'est réglé pour autant. La paix de la région semble de plus en plus à la merci d'un accident dont on s'inquiète des répercussions mondiales qu'il pourrait déclencher. Il est grand temps de répondre aux appels répétés des Nations Unies. Elles demandent à toutes les parties de respecter le Droit international et de se réunir, sous leur égide, pour trouver une solution politique, seule capable de « mettre fin aux terribles violences du peuple syrien ».
L'avenir de la Syrie doit se dessiner dans la conciliation et non dans le chaos, dans une négociation fondée sur le Droit et non sur des rapports de forces qui écrasent les peuples. Si les États aux intérêts conflictuels continuent de s'affronter en Syrie et si rien ne les arrête, alors ce pourrait être le début d'une confrontation plus vaste aux conséquences imprévisibles. Le peuple syrien entrera en mars dans sa 8e année de guerre. Il pleure déjà 500 000 morts et des millions de personnes réfugiées et déplacées. Ne l'abandonnons pas !
Source : ouest-france.fr