Génocide rwandais : Paul Kagame a choisie de faire procès dans la presse !
Kagame a choisi de faire le procès de son coup d’État meurtrier contre Juvénal Habyarimana dans la presse et, comme cela est de coutume, à Jeune Afrique, son journal favori. C'est là qu'il allume, avec ses militants, les contre-feux de sa guerre psychologique contre la France. C'est là qu'il prédit les coups qu'il veut porter. C'est encore là qu'il vocifère et crache régulièrement son venin. J'affirmais dans la dernière chronique que le nouveau témoin sera décapité, dépecé et brûler jusqu’au dernier poil.
Le criminel de guerre n'a pas perdu de temps. Le premier coup de hache est tombé en moins de 24 heures chez Jeune Afrique : «le juge Herbaut semble avoir pris au sérieux le témoin de la 23e année ». Il a en effet adressé une convocation au ministre rwandais de la Défense, James Kabarebe, pour être confronté, en décembre, à James Munyandinda. Une perspective que le gouvernement rwandais a décliné par avance, convaincu que l’instruction parisienne, après une accalmie sous le magistère de Marc Trévidic, est redevenue perméable à «une campagne clairement identifiée qui cherche à déstabiliser le Rwanda et son président». Ça y est : «déstabiliser le Rwanda et son président». C'est la distinction des «opposants».
Kigali semble regretter à demi-mots le «très pugnace» et honorable juge Trévidic qui voulait le blanchir à la hâte. C'est trop tard, Marc est parti et sa ligne au pôle terrorisme du TGI ne répond pas. Deuxième coup de hache contre le témoin : «Se prétendant détenteurs de lourds secrets incriminant les plus hauts responsables de l’Armée patriotique rwandaise (APR) – l’ancienne rébellion tutsie – dans ce crime qui servit de déclencheur au génocide, ces témoins sont soupçonnés par Kigali d’avoir comme véritable objectif de prolonger indéfiniment l’instruction (qualifiée de «politique ») en fournissant des témoignages frelatés''».
C'est exactement ce que je prévoyais dans la dernière chronique. Kigali se demande bien quand est-ce qu'on mettra fin à ce fâcheux dossier qui indispose tant la démocratie multiethnique du Rwanda. Ce témoignage de James Munyandinda est, d'après Kigali ou ses militants, comme les autres : «frelaté». Troisième coup de hache : « Se présentant comme un ancien garde du corps de Paul Kagame au temps des années de maquis, James Munyandinda affirme avoir travaillé de 1992 à 2008 auprès de James Kabarebe, ministre rwandais de la Défense depuis 2010. C’est à ce titre, affirme-t-il, qu’il aurait été le témoin direct, début 1994, du chargement des deux missiles sol-air SAM-16 ayant servi à abattre l’avion d’Habyarimana en avril ».
Ce témoin qui «se présente donc comme un ancien garde du corps de Kagame » et qui « dit avoir travaillé avec James Kabarebe » n'aurait donc rien à dire. Il ne sait rien, il est myope. Il lui faut consulter un ophtalmologiste compétent car le missile qui a abattu l'avion d'Habyarimana est parti de Kanombe,... Nom de dieu ! Ce sont les... euh.. Les Hutus qui ont abattu l'avion vous comprenez! En quelle langue doit-on le dire ? Puisque même en Kinyarwanda vous ne comprenez toujours pas. En plus, ce qu'aurait dit ce témoin au juge est manifestement bourré de « contradictions ». Ce n’est pas moi qui parle. C'est Kagame qui s'énerve là. Ça se sent dans l'article de Jeune Afrique.
Attention ! Le criminel de guerre peut avoir des gestes habituels, disons incontrôlables. Il peut dégainer facilement contre le témoin. Il n'a pas beaucoup perdu les manières du maquis. Les Congolais en savent quelque chose. En fait, il n'aime pas les gars de l'APR qui parlent au juge. Le seul qui ne s'est pas encore présenté devant un juge et qui ne s'est pas encore contredit : c'est Paul Kagame. Pour l'aider à poursuivre sa campagne de Pinocchio, il faut rappeler qu'il disait en 1995 au journaliste François Misser qu'il avait besoin «d'expertise technique» pour enquêter sur les auteurs de l'attentat. A cette occasion, il a soutenu que ce sera sa priorité.
Ensuite, il a changé d'avis en demandant à un journaliste « mais qui est Habyarimana ? Je m'enf...». Après il a dit à BBC qu'en combattant son régime comme membre de l'APR, Habyarimana pouvait mourir. Alors, confus ou contradictoire ? Embarras ou mensonge ? C'est au choix et en plus, gratuit ! Au prochain épisode...
Charles Onana, Journaliste d’investigation. (facebook)