Déclaration du Représentant de HRW sur la situation des droits humains en Afrique, cas du RWANDA.
Présentation de Human Rights Watch à la 61e Session ordinaire de la Commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuples
Madame la Présidente, mesdames et messieurs les commissaires et les délégués des chefs de gouvernement :
Human Rights Watch salue l’opportunité qui lui est donnée de s’adresser à la Commission africaine dans ce point de l’ordre du jour. Madame la Présidente, la situation générale des droits humains dans une grande partie de l’Afrique reste préoccupante. Cependant, dans le cadre de cette allocution, Human Rights Watch se concentrera sur les problématiques de droits humains urgentes concernant le Rwanda et la République démocratique du Congo.
Rwanda
Suite aux élections présidentielles de 2017, remportées par le président sortant Paul Kagame avec un score annoncé de 98,79 pour cent des voix, les conditions ne sont pas réunies pour les voix et l’activisme politiques indépendants. Pendant les préparatifs de l’élection ainsi que lors du scrutin, nous avons observé de nombreuses violations du droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion dans le pays. Les opposants politiques qui ont osé remettre en cause le statu quo sont maintenant en prison et des journalistes ont été menacés.
Au cours des 12 dernières années au moins, les autorités rwandaises ont arrêté des personnes pauvres dans les rues, les détenant arbitrairement dans des « centres de transit » (également appelés « centres de réhabilitation ») dans tout le pays, en violation de la loi rwandaise. Les conditions dans ces centres sont souvent inhumaines – de nombreux détenus ont été battus – et reflètent la perception du gouvernement qui voit certains groupes de personnes comme des sources de nuisance sociale ou des petits délinquants, plutôt que comme des victimes ou des personnes vulnérables.
Des dizaines d’individus suspectés de collaborer avec les «ennemis» du gouvernement rwandais ont été détenus arbitrairement et torturés dans des centres de détention militaires par des soldats de l’armée rwandaise et des agents des services de renseignements de 2010 à 2017. Certaines de ces personnes ont été détenues dans des lieux inconnus, y compris au secret, pendant des périodes prolongées et dans des conditions inhumaines.
En octobre, le Sous-comité pour la prévention de la torture, un organisme de surveillance du Protocole facultatif à la Convention contre la torture, ratifié par le Rwanda en 2015, a effectué une visite officielle. Il a dû suspendre sa visite et partir plus tôt que prévu, mentionnant une obstruction de la part du gouvernement rwandais et une crainte de représailles envers les personnes interrogées. Ce n’était que la troisième fois en 10 ans que le Sous-comité suspendait une visite.

I.Conformément à la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, nous demandons instamment l’ouverture immédiate d’une enquête sur les cas d’exécutions extrajudiciaires, de détention arbitraire et de torture.
II.Nous exhortons respectueusement la Commission à maintenir des exigences et une pression fortes en faveur de la responsabilisation pour ces violations des droits humains et d’autres.