Au Burundi, la « drôle » d’interview de l’ambassadeur de France continue de faire réagir
Dans un entretien accordé au journal en ligne proche de Bujumbura, l’ambassadeur de France a affirmé se « sentir en sécurité » dans le pays. « Je me sens en sécurité dans ce pays », n’avait pas hésité à titrer le journal burundais Ikiriho le 27 janvier. Sur ce média en ligne réputé proche du pouvoir, cette phrase banale serait sans doute passée inaperçue si ces propos n’avaient pas été ceux de l’ambassadeur de France, Laurent Delahousse, en poste au Burundi depuis plus de trois mois.
« Il m’est arrivé à plusieurs reprises de me déplacer à l’intérieur du pays et je crois que le plus fort risque d’insécurité auquel j’ai été confronté, c’est l’insécurité routière une fois la nuit tombée », déclare-t-il à Ikiriho dans cette interview fleuve. Dans le pays de Pierre Nkurunziza, qui n’a eu cure de la Constitution et a brigué un troisième mandat en 2015, déclenchant ainsi une grave crise politique, sécuritaire et humanitaire, les propos de l’ambassadeur français continuent de provoquer de vives réactions.
Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui reprochent à la France d’être trop conciliante envers ce pouvoir qui réprime dans le sang toute forme d’opposition. Les organisations des droits humains ont en effet dénombré depuis avril 2015 plus de 1 000 personnes tuées, 5 000 détenues, 800 disparues, des actes de torture, des milliers d’arrestations arbitraires et plus de 250 000 Burundais partis se réfugier dans les pays voisins.
« Décrispation possible »

L’ambassadeur affirme aussi vouloir « rabibocher » les deux pays. « Je crois qu’après un an et demi de crise, la situation du pays est telle que la décrispation est possible, de même que la pacification du débat politique, l’ouverture dans la perspective des élections de 2020 d’un espace politique libre et ouvert au retour de ceux qui le souhaiteraient », a déclaré M. Delahousse. D’aucuns l’accusent de reprendre des éléments de langage du gouvernement burundais qui cherche à montrer coûte que coûte que la situation sécuritaire actuelle permet le retour des milliers de réfugiés.