Trump - Clinton, le symbole du malaise américain : débordés par la Chine, titillés par la Russie, dépassés au Moyen-Orient.
[Il y aura eu des rebondissements jusqu'à la fin de cette campagne ! À quelques heures du scrutin, le FBI a lancé une nouvelle bombe. Il a annoncé dimanche qu'après examen du nouveau lot d'e-mails découvert sur l'ordinateur du mari d'une conseillère d'Hillary, il "ne chang[eait] pas [ses] conclusions". En juillet, il avait déclaré que Clinton avait fait preuve d'une "extrême négligence", mais que cela ne méritait pas de poursuites judiciaires. Un immense soulagement pour la campagne Clinton, sur laquelle cette affaire pesait comme une épée de Damoclès. Les tout derniers sondages donnent presque tous Hillary Clinton modestement en tête, de 1 à 5 points. Selon NBC News/Wall Street Journal, elle est à 44 % des intentions de vote contre 40 % pour Trump, une baisse de 11 points par rapport au dernier sondage de la mi-octobre (le figaro]
Les deux candidats issus de New York décochent leurs dernières flèches. D’ici à l’élection de mardi, reportage dans les secteurs où la crise d’identité américaine s’exprime. Avec deux candidats issus de New York (Donald Trump est né dans le Queens et y possède son fleuron, la Trump Tower, Hillary Clinton y réside et en fut sénatrice), il était assez naturel d’aller sentir la tendance là-bas jusqu’à la soirée électorale de mardi. Non pas à Manhattan, richissime îlot de la finance bien à part aux États-Unis, mais dans les boroughs (arrondissements) plus éloignés du Queens et du Bronx, à Newark dans le New Jersey voisin, de l’autre côté de l’Hudson River et du Holland Tunnel (rien à voir avec François).
Hillary Clinton, de première dame à première femme candidate

Celle qui révèle brutalement cet énergumène ou OVNI de Donald J. Trump (choisissez l’appellation) qui a chamboulé le paysage politique américain ou du moins servi de révélateur à une transformation profonde. Finis le pouvoir absolu de l’establishment, le rêve américain, le système politique stable, les États-Unis ne sont plus ce pays dominateur et sûr de lui, de son idéologie, de sa force et de son avenir. Et c’est un milliardaire qui vous le dit et se fait le chantre du discours antisystème !
«Ne sous-estimez pas la réalité du phénomène Donald Trump, prévient le politologue américain de l’Atlantic Council et de l’IRIS, Nicholas Dungan. C’est un gros accident mais pas un hasard. Il reflète les aspirations populistes d’une partie de la population antimondialisée. » La majorité blanche et chrétienne va devenir minoritaire et se crispe. La concentration des capitaux, le creusement abyssal des inégalités et l’affaiblissement de la classe moyenne ébranlent la société. Ajoutons la peur du déclin. Les États-Unis ne veulent plus et ne peuvent plus être cette sorte de gendarme moral du monde. Ils sont débordés par la Chine, titillés par la Russie, dépassés au Moyen-Orient.
Il est probablement l’heure pour une femme de devenir présidente des États-Unis. Avec cette affaire de serveur Internet privé utilisé par Clinton pour régler des affaires d’État, les pronostics pour l’élection de mardi restent tendus (45 % - 42 % selon le dernier sondage du New York Times et de CBS). Mais ensuite, il viendra d’autres Donald Trump ou Bernie Sanders (l’adversaire de gauche de Clinton lors des primaires démocrates), symboles du malaise américain.
«Il est temps que cette campagne se termine»

« Tout ça me met en colère »
Le jeune maître de conférences à Sciences Po Paris observe la progressive déliquescence de la société américaine, les inégalités sociales qui ont pris le pas sur la méritocratie, la santé chancelante (deux tiers des adultes sont en surpoids ou obèses) aux prises avec les lobbies agro-industriels. «Tout ça me met en colère car les États-Unis ont les moyens de régler tous ces problèmes. » Le duel Clinton - Trump montre enfin que « le système électoral est presque à bout de souffle, en phase d’ubérisation, Trump en faisant une sorte de satyre ». « La dérégulation des financements privés des campagnes amène désormais les parlementaires à passer de 30 à 70 % de leur temps à lever des fonds », conclut Henri Landes, atterré. Allô Houston ? Nous avons un problème.
Source : lavoixdunord.fr