Le Rwanda au Conseil de sécurité, c’est une nouvelle preuve des incohérences de l’ONU !
Un rapport dénonce son rôle au Congo en fournissant des armes, munitions et conseils politiques.
Le Rwanda a été élu jeudi membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. Le choix du pays des «mille collines», seul candidat en lice pour l'Afrique, n'est pas une surprise. Cette possibilité laissait cependant nombre de diplomates circonspects. Mercredi, un rapport du groupe d'experts mandatés par les mêmes Nations unies accusait directement le Rwanda de soutenir une rébellion active dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), à l'origine de graves violations des droits de l'homme. «C'est une nouvelle preuve des incohérences de l'ONU», soulignait un membre d'une ONG.
Le texte confidentiel, dévoilé par plusieurs médias, assure, sans prendre de gants, que Kigali «continue de violer l'embargo sur les armes en fournissant un soutien militaire direct aux rebelles du M23, en facilitant leur recrutement (…) ainsi qu'en (leur) fournissant armes, munitions et conseils politiques». Le M23 est un mouvement qui agrège des mutins de l'armée congolaise ainsi que des combattants d'ex-groupes armés agissant dans l'est de la RDC. Formée au début de 2012, cette rébellion s'est rendue maître de plusieurs districts dans le Nord-Kivu, le long de la frontière rwandaise. «Dans les faits, le M23 est une nouvelle forme des groupes qui défendent, depuis le génocide de 1994, la minorité rwandaphone vivant dans cette partie de la RDC», souligne Thierry Vircoulon du groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).
Soutien à la guérilla
Ainsi, les experts soulignent le rôle joué aujourd'hui par Bosco Ntaganda, ancien haut responsable d'une ex-rébellion essentiellement tutsie active en 2008, poursuivi par la Cour pénale internationale et surtout par le gouvernement de Kigali. «La chaîne de commandement de facto du M23 (…) a à sa tête le ministre rwandais de la Défense, James Kabarebe.» Le M23 se livre au recrutement d'enfants soldats, «des centaines de garçons et de filles». Ces accusations avaient déjà été portées par les experts dans un premier rapport publié en juin et vivement rejetées par Kigali qui bénéficie du soutien des États-Unis, ni sanctionner des responsables rwandais comme le réclame Kinshasa.
La nouveauté de la dernière mouture est de mettre en lumière l'importance de l'Ouganda dans la crise. Ce pays limitrophe est présenté comme la capitale politique du M23. Kampala a qualifié ces allégations de «sottises». Mais, plus que tout, les experts ont pu cette fois décortiquer les circuits de l'exploitation illégale des richesses minières du Nord-Kivu au profit du Rwanda et, dans une moindre mesure, de l'Ouganda. Ce trafic est aux yeux des spécialistes la raison principale de la guerre sans fin qui ravage le Kivu.
Lors de sa visite à Kinshasa, samedi, le président français François Hollande a longuement plaidé pour «l'unité du Congo» et pour un élargissement du mandat de la mission des Nations unies présente sur place depuis dix ans. L'objectif serait de permettre aux Casques bleus de surveiller les frontières et de mettre un terme à la contrebande. L'arrivée du Rwanda au Conseil de sécurité ne facilitera pas cette solution.
Le Conseil de sécurité a la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationale. Ses décisions --résolutions ou déclarations-- sont en principe contraignantes et doivent recueillir au moins neuf voix sur 15, sans veto.
Source : Le figaro.