L’attentat contre Habyarimana : l’armée française incriminée

Publié le par veritas

avion.pngDepuis plus de dix-sept ans, on discute de savoir si les missiles ayant abattu l’avion transportant Juvénal Habyarimana, président du Rwanda, et Cyprien Ntaryamira, président du Burundi, le 6 avril 1994, auraient pu avoir été lancés par un commando du Front patriotique rwandais qui serait parvenu à s’infiltrer dans la zone de l’aéroport de Kigali, pourtant lourdement contrôlée par les forces gouvernementales de l’époque.


En juin 1994, Colette Braeckman publiait dans Le Soir, de Bruxelles, un document qui lui était parvenu, émanant d’un chef de milices, qui dénonçait deux soldats français comme étant les auteurs de ces tirs de missiles. Il précisait le nom d’un de ces deux soldats : « Etienne ».


L’enquête permettra d’établir qu’il pouvait s’agir d’un instructeur de tir portant le surnom d’Etienne, le dénommé Pascal Estreveda. Dix-sept ans plus tard, bien que gravement interpelée ainsi dans les colonnes du principal quotidien belge, l’armée française n’aura toujours pas fourni d’explications sur l’emploi du temps de Pascal Estreveda le 6 avril 1994 ; ni celui-ci aura cru utile de présenter quelque alibi que ce soit.


Quelques jours après la publication de cette terrible mise en cause, dans la presse belge, le capitaine Barril se présentait à la télévision française prétendant avoir rassemblé tous les éléments de l’enquête. Début juillet, dans Libération, Stephen Smith publiait deux pages d’élucubrations du même tonneau tendant à démontrer que cet attentat aurait été l’œuvre du FPR.


Malgré la manifeste indigence de cette thèse, elle aura été « instruite » par le juge Bruguière, à partir de 1998, Pierre Péan se chargeant de diffuser ses « résultats », dès 2000, dans Le Vrai journal papier. En 2002, celle-ci était reprise par le camerounais Charles Onana, puis, en 2004, par le canadien Robin Philpot.


En 2006, le juge Bruguière publiait une « ordonnance de soit-communiqué » prétendant conclure à la responsabilité du FPR, et lançait des mandats d’arrêts internationaux contre ses dirigeants dont le président actuel du Rwanda, Paul Kagame. Cette même instruction, reprise par le juge Trévidic, aura finalement conclu que les tirs de missiles se seraient produits à partir du camp de Kanombe, où résidaient les coopérants militaires français et les para-commandos de l’armée rwandaise.


Depuis dix-sept ans, nous persistons à demander : pourquoi l’armée française n’a-t-elle jamais répondu aux accusations portées contre elle ? Et pourquoi ses propagandistes ont-ils tant usé d’énergie pour répandre des contre-vérités ? Responsable d’avoir constamment soutenu le régime génocidaire, l’armée française est aussi impliquée dans un crime d’Etat qui indique qu’elle aurait dirigé de bout en bout l’exécution du dernier génocide du XXème siècle.


Le devoir d’inventaire s’impose pour examiner avec rigueur l’action conjointe de François Mitterrand, alors Président de la République et chef des armées, et du gouvernement d’Edouard Balladur, associé de près à la gestion de a crise rwandaise.

 

 

La Nuit rwandaise,
Paris, le 12 janvier 2012

 

 

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