Tanzanie : la présidente Suluhu accuse des étrangers d’avoir infiltré les manifestations — le doute persiste sur la présence de Rwandais.

Publié le par Veritas

Lors de sa prestation de serment à Dodoma, la présidente de la Tanzanie, Samia Suluhu Hassan, a tenu un discours ferme face à un pays encore secoué par des troubles post-électoraux. Dans son allocution, elle a déclaré que les personnes qui ont manifesté contre les résultats du scrutin n’étaient pas des citoyens tanzaniens, mais des individus venus de l’étranger. Selon elle, plusieurs de ces personnes ont été arrêtées et « ne maîtrisent même pas la langue swahilie ». Ces propos ont immédiatement suscité de vives réactions dans l’opinion et au sein de la communauté régionale.

Des «étrangers» parmi les manifestants : une affirmation politique.

La présidente Suluhu a assuré que les manifestations n’étaient pas d’origine locale, accusant des ressortissants étrangers d’avoir «attisé la violence». Le gouvernement, relayé par la police nationale, affirme que certains de ces étrangers auraient été interpellés dans plusieurs régions du pays.
Ces accusations interviennent alors que la Tanzanie tente de rétablir le calme après une élection présidentielle marquée par des tensions, des coupures d’internet et des arrestations massives.

Des précédents d’arrestations d’étrangers en Tanzanie.

Selon des médias régionaux, les autorités tanzaniennes avaient déjà mené, en septembre dernier, une opération d’arrestation de 34 étrangers dans la région de Geita, à proximité du lac Victoria. Ces personnes, identifiées comme des ressortissants du Burundi et du Rwanda, avaient été arrêtées pour séjour irrégulier, sans lien direct avec les manifestations actuelles. Ce précédent est aujourd’hui souvent cité pour appuyer l’idée d’une présence étrangère dans les troubles récents — bien que rien ne prouve que ces personnes aient participé aux protestations politiques.

Aucune preuve publique sur la présence de Rwandais parmi les manifestants.

Jusqu’à présent, aucun document officiel ni rapport indépendant ne confirme la participation de ressortissants rwandais aux manifestations qui ont suivi les élections. Les médias tanzaniens proches du pouvoir évoquent de manière vague des « étrangers », mais aucune liste de nationalités précises n’a été publiée par la police.

Les grands médias internationaux (AP, Le Monde, Al Jazeera) se contentent de relayer la déclaration de la présidente, sans apporter de preuve factuelle sur l’identité ou la nationalité des manifestants arrêtés.

Une thèse plausible mais non vérifiée.

Sur la base des informations disponibles, il est plausible que des ressortissants rwandais figurent parmi les étrangers présents sur le territoire tanzanien, certains ayant pu être interpellés lors de contrôles d’immigration. Cependant, il n’existe aucune preuve vérifiable que ces ressortissants aient pris part aux manifestations électorales ou qu’ils aient été arrêtés pour des activités politiques.

En insistant sur la présence supposée d’« étrangers », le pouvoir tanzanien cherche à rallier l’opinion autour de l’idée d’une menace extérieure. En l’absence de données officielles et transparentes, aucune preuve ne permet aujourd’hui d’affirmer que des Rwandais ont participé aux manifestations ayant suivi les élections en Tanzanie.

Les déclarations de la présidente Suluhu Hassan relèvent donc davantage d’une accusation politique que d’un constat établi. Pour clarifier la situation, il serait nécessaire que la Tanzanie publie des informations précises sur les personnes arrêtées et ouvre ces dossiers à une vérification indépendante.

Veritasinfo.

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