Personae non gratae au Rwanda : Les intellectuels, artistes et journalistes.
Au Rwanda, certains rwandais sont personae non gratae dans leur propre pays ! Parmi les élites, le spectre des exécutions massives rôde. Les intellectuels qui osent penser sont exilés, emprisonnés ou tués. Les artistes qui suivent leur inspiration sont persécutés ou exécutés. Les journalistes qui croient en la liberté d'expression perdent leur droit d’exister, soit en s'exilant, en subissant des emprisonnements arbitraires ou en mourant tout simplement. Rien ne suit la logique et la normalité des choses. Qui pourrait penser que le fait d’avoir un talent artistique soit une cause suffisante de bonheur, de risque et péril ? N’est-ce pas que la plupart des artistes rwandais occultent leur muse pour éviter les admonestations et détresses qui pourraient leur arriver de la part des détenteurs du pouvoir ?
Reprenant un cas similaire à celui de Jean Damascène Mbarushimana, que Veritas Info a déjà publié, nous souhaitons dans cet article offrir à nos lecteurs l'expérience d'Abdallah Nsengiyumva. C'est un autre artiste persécuté, humilié et discriminé. C'est un grand talent international qui a été maltraité, frustré et contraint de fuir son pays, le Rwanda. En effet, les représailles sauvages, les humiliations déplorables et les ignobles ségrégations raciales sont les outils que le FPR a choisis pour se maintenir au pouvoir. Pour comprendre cela, il suffit de visiter les lieux historiques du pouvoir au Rwanda.
Dirigé par un Empire du mensonge depuis 400 ans, aujourd'hui le Rwanda est entre les mains des dictateurs autocrates qui sont protégés par des impérialistes internationaux. Le FPR a bien appris la leçon. Il use du mensonge comme mode de gouvernement. Le plus caricatural est le dictateur du Rwanda Paul Kagame est une créature et un pion de cet Empire du mensonge séculaire. Il utilise les mensonges dans tous les secteurs de la vie du pays. Cet article emploie l'expérience de Abdallah afin d’attirer l’attention des rwandais sur le système vicieux et méprisant instauré pour la gouvernance de leur pays. Il vise aussi à signifier à l’Empire du mensonge international qu’en ce qui concerne le Rwanda, la population est fatiguée. Aussi est-elle scandalisée par les mensonges des pions regroupés dans FPR. La communauté internationale serait donc tenue comme responsable des crimes qui sont actuellement occultés par leurs mensonges...
L'art est une source d'enrichissement pour l'humanité. Un artiste est une personne qui a le sens de la beauté. Aussi est-il capable de créer une œuvre d'art selon son inspiration. La sensibilité d'un artiste lui accorde des capacités d’interpréter la réalité. L'artiste trouve alors un rôle didactique dans la société. Il élève l'homme ordinaire à découvrir l’extraordinaire. Abdallah Nsengiyumva nous a accordé un interview pour que nous puissions dire au monde les injustices que subissent beaucoup de rwandais qui demandent refuge surtout en Europe. Dans cet article VI désigne Veritas Info. Tandis que AN exprime Abdallah Nsengiyumva.
VI : Voulez-vous, s’il vous plait, vous présenter aux lecteurs de Veritas Info ? Que dites-vous de vous-même ? Qui êtes-vous Monsieur Abdallah Nsengiyumva?
AN : Je réponds au nom d’Abdallah Nsengiyumva. J’appartiens a la communaute minoritaire du Rwanda Abatwa (LES AUTOCTONES). Né à KAMONYI, j’ai toujours eu l’honneur d’appartenir aux danseurs traditionnels. Je suis chanteur, compositeur, danseur traditionnel (INTORE) et olographe et entraîneur des ballets. Je joue aisément au Tam tam (Umukaraza). Du point de vue artistique, je suis polyvalent. Je peux danser, chanter et jouer au Tam Tam. Toutefois, j’ose croire que suis un Intore au plus profond de ce sens. Mes œuvres peuvent confirmer ce que je dis humblement.
VI : Il semble que vous avez appartenu au ballet national URUCYEREREZA ?
AN : Permettez-moi de vous corriger. Je n'appartiens pas à Urukerereza. Je suis la tête pensante du groupe. Malheureusement, la discrimination et chauvinisme tutsi m'a maintenu dans le secret ou l'anonymat. L'humiliation et l'offense m'ont fait me sentir indésirable dans mon pays. Je me suis sentie abusée et utilisée. J'ai été dégoûté par la méthode consistant à présenter des inaptes pour remplacer les véritables auteurs.
VI Qu’est-ce que Urukerereza ou Urukerereza?
AN : Le Ballet National Urukerereza est une troupe de danse traditionnelle rwandaise. Il a été créé en 1970 par le ministère de la Jeunesse et de la Culture de la première république. En 1974, à la demande du président Juvénal Habyarimana, le groupe continue ses représentations spectaculaires.
Petit à petit, Urukerereza est devenue la principale ballet Nationale ayant une formation nationale junior, appelée Indangamirwa (littéralement "ceux qui reçoivent l'attention de tous"). La compagnie junior a été créée par Simon Bikindi, superviseur des activités culturelles, en 1985. Les juniors ont été formés dans l'ancien palais du mwami à Nyanza.
Urukerereza et Indangamirwa s'entraînent dans l'ancien palais du mwami à Nyanza. Ils sont l'expression culturelle du pays. Ils participent régulièrement à des festivals de danse et se produisent à l'étranger et dans le pays. En 2000, par exemple, Urukerereza s'est rendu pour la première fois en Amérique du Nord et s'est produit au Festival international des enfants de Seattle. J'étais présent en tant qu’entreneur caché dans les oubliettes de l'apartheid rwandais.
VI : Quel est le rôle que vous occupiez dans l’Ukerereza ?
AN : comme je l’ai dit, en haut, je m’occupe de plus en plus du rôle de jouer le Tam Tam. Je sais et j’aime danser comme INTORE. Je pratique également d’autres danses traditionnelles. Je chante et j’interprète. En réalité, je suis un artiste polyvalent. Toutefois mon identité ou mon appartenance ethnique ne m’a pas permis de profiter de mes talents et de mes droits.
VI : Après la prise du pouvoir par le FPR, vous avez rejoint un autre groupe de danse traditionnelle. Pourriez-vous nous décrire ce nouveau groupe ?
AN : Après la prise du pouvoir par le FPR au Rwanda, je suis resté dans notre Ballet URUKEREREZA. Cependant, j’ai subi beaucoup de harcèlement moral et physique. Les humiliations pour tout Umutwa ne manquent pas. Des blagues de mauvais goût...
VI : Il paraît que malgré tes efforts en utilisant tes talents pour cajoler le FPR, celui-ci aurait osé de décimer les membres de ta famille. Toutefois, nous n’aimerions pas que Veritas Info soit considéré comme cynique ou sadique ; mais dans une liberté totale pouvez-vous vous exprimer sur ce sujet ?
AN : Notre village a été décimé. J’ai perdu beaucoup des membres de ma famille. (cfr le rapport écrit par Cllir de MrJoseph Matata). En 1998 plus de 350 personnes ont été tuées par les militaires du FPR. Parmi les tués il y avait des membres de ma famille. J’ai accepté de danser dans de telles conditions pour préserver ma vie ; mais ma dignité, une fois bafouée, j'ai décidé de fuir.
VI : Après ces péripéties perpétrées contre ta famille ; à savoir disparition, possible assassinats, la chasse à l’homme envers ta personne, comme est-ce que vous vous sentez, ici en Belgique ? Votre sécurité serait-elle assurée ?
AN : Je suis très triste. Je n’ai pas reçu le statut de réfugié. Je n’arrive pas à comprendre comment une personne rescapée, discriminée et pourchassée comme moi n’arrive pas à être accueillie comme réfugiés (cfr le discours du Dr Mukwege prix Nobel de la paix). En effet, quand FPR et les milices de Kabila tuaient au Congo, je vivais dans le camp de Mugunga. Nous avons subi des rapatriements forcés. Chemin faisant, dans les camps des Goma, on tuait les personnes humaines comme des mouches. (cfr Le rapport Mapping. Aussi le génocide commis dans notre village en 1997-98, dans le diocèse de Nyundo, j’ai survécu ! Je suis un des témoins oculaires des méfaits que Mme Mukashema Claudine avait exposés, dans son témoignage sur la RTV UBUMWE, en date du 20.10.2021.
VI: Je vous ai vu participer à des manifestations, pourquoi manifestez-vous?
AN : Pour moi les manifestations sont très importantes. C’est une des façons de montrer au monde entier que le gouvernement rwandais du FPR-Kagame, constitue un Etat terroriste, dictatorial. Au Rwanda, il n’y a pas de droit de l’homme. FPR tue les gens. Les autres sont portés disparues. Tous les jours, les hommes et les femmes, voir les enfants sont morts. Vous-même vous avez cité les artistes comme, Bahati Innocent portée disparue jusqu'aujourd'hui on ne connaît pas son sort. Vous avez mentionné Mihigo Kizito, chanteur compositeur, très connu et aimé. Ce dernier a écrit un livre qui décrit très bien comment les assassinats se passent au Rwanda sous ce régime du FPR-KAGAME.
J’ai vous ai parlé des membres ma famille assassinés. J’ai mentionné mon village décimé. Je me rappelle de la disparition de Mr Byampiliye Onespere. J’ai appris de l’assassinat de sa femmes( KIAKA) en 1998. Ce couple des commerçants, très connu chez nous au Rwanda par beaucoup des Batwa jusqu’aujourd’hui n’a pas reçu la justice. Je participe aux manifestations parce que les fusillades pendant la journée et durant la nuit, sont nombreuses. Monsieur Kagame, lui- même le dit souvent dans ses discours. Il n’a pas le scrupule de vociférer sur les antennes de la radio et télévision nationale, qu’il va tuer les rwandais à la vue de tout le monde (ku manywa y’ihangu). D’ailleurs, il a déjà fait en 1997 au stade, il a tué Mr Karamira et Munyagishali.
Je manifeste pour désapprouver que les militaires du FPR violent les femmes dans plusieurs endroits comme à Kangondo et sont frauduleusement acquittés ! Les policiers assassinent les gens pendant la journée et personne ne leur demande de compte. Les vendeuses ambulantes sont violemment frappées, déshabillées sur la route… Je participe dans les manifestations pour dire au monde que les prisons sont satures, les prisonniers n’ont pas des dossiers… Les rwandais sont maltraites au Rwanda comme en dehors du Rwanda. (cfr Les documentaires des députés de Danemark). Je manifeste parce que les journalistes, comme vous sont en prison parce qu’ils ont recueilli les témoignages des populations qui souffrent à cause de la dictature... Les raisons pour manifester sont nombreuses.
VI : Quels sont les conseils que vous pouvez donner aux artistes rwandais à l’intérieur du pays et en dehors du pays, c’est-à-dire en exil ?
Vous savez que dans la situation du Rwanda il n’y a pas de recette. Chaque artiste doit choisir son camp. Selon ses convenances, il doit être conséquent de son choix. Le gouvernement rwandais a choisit une figure qu’il montre. Moi j’ai choisi de fuir, d’aller en exil. Les autres choisissent de faire taire leur talent et d’etre derriere les rideaux. Il y a quelques-uns, courageux qui osent se confronter et affronter les dangers. Toutefois, selon mon expérience, je dirais à tout artiste rwandais qu’il faut savoir que le choix va avec ses risques et périls. Personnellement, je ne peux pas retourner au Rwanda ! Je me suis parmi les personae no gratae. Temps qu’il n’y a pas de changement du pouvoir, je ne peux pas me présenter à la gueule du loup!
Veritasinfo.