Rwanda : la BNP visée par une plainte pour «complicité de génocide»
Les relations troubles de la France et du Rwanda en 1994 ont resurgi cette semaine avec notamment deux plaintes en justice, dont l'une vise la BNP, accusée par trois associations d'avoir facilité une vente d'armes au régime qui massacrait la minorité tutsie.
«Le paradoxe avec un génocide, c’est que plus le temps passe et moins on l’oublie», a très justement souligné l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop, auteur d’un roman poignant sur le génocide qui s’est déroulé au Rwanda (Murambi ou le livre des ossements). Cette semaine, les fantômes de la tragédie rwandaise sont à nouveau de retour, vingt-trois ans après le drame.
Mercredi, le magazine XXI publiait une enquête accusant des responsables français, au premier rang desquels, l’actuel président de l’Institut François Mitterrand, Hubert Védrine, d’avoir réarmé les forces génocidaires au moment de leur déroute, alors qu’elles fuyaient le Rwanda après avoir exterminé les trois quarts de la minorité tutsie du pays. Jeudi, nouveau coup de semonce : trois associations, Sherpa, le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) et Ibuka, annoncent avoir déposé la veille une plainte auprès du tribunal de grande instance de Paris contre la banque BNP Paribas pour «complicité de génocide» et «crimes contre l’humanité». Et le même jour, l’association Survie réactive une plainte contre plusieurs responsables politiques et militaires français, qui avaient été classée sans suite en 2012.
Embargo
Un tel embouteillage d’accusations tient en grande partie du hasard mais démontre, s’il en était besoin, que le Rwanda, tel le sparadrap du Capitaine Haddock, n’a pas fini de rattraper ceux qui étaient au pouvoir au cours de cette époque trouble.