Génocide au Rwanda: vers un non-lieu pour l'armée française?

Un non-lieu, c'est quand le juge d'instruction estime qu'une enquête n'a pas récolté suffisamment d'éléments pour envoyer l'affaire devant un tribunal. « Refuser d'interroger les plus hauts responsables de l'armée française compromettrait ainsi gravement l'instruction », selon l'ONG Survie et la Fédération internationale des droits de l'homme, constituées parties civiles.
Le point épineux est justement de déterminer la responsabilité des hautes autorités durant les trois jours qui se sont écoulés entre la constatation que des civils tutsis étaient menacés à Bisesero et l'intervention de Turquoise. D'après le juge d'instruction, les officiers sur place bénéficiaient d'une certaine autonomie pour décider d'intervenir. Il n'y aurait donc pas besoin d'entendre l'échelon supérieur.
Une vision erronée, d'après Clémence Bectarte, avocate de la FIDH. Selon les parties civiles, c'est bien l'attente d'un ordre venu d'en haut qui aurait empêché la force Turquoise d'intervenir, laissant ainsi aux génocidaires le temps d'abattre des centaines de Tutsi. Pour l'heure, le général Jean-Claude Lafourcade, ancien chef de la force Turquoise a été placée sous le statut de témoin assisté et échappe ainsi à une mise en examen. Les parties civiles réclament aussi depuis deux ans l'audition de François Léotard, ministre de la Défense en 1994, sans succès.
RFI