RDC/Rwanda: Des faits irréfutables et les exigences de Kinshasa

Publié le par veritas

armee-Kagame.pngIl n’y a plus aucun doute concernant la mise en cause des hautes autorités militaires rwandaises dont le ministre de la Défense James Kabarebe dans le soutien à la mutinerie de l'armée baptisée M23 menée par le Colonel Makenga et le Général Bosco Ntanganda. Les éléments figurant dans les annexes du rapport réalisé par des experts de l'ONU enquêtant sur l’instabilité à l’Est de la RDC, sont les plus probants à ce jour qui étayent définitivement la thèse d'un soutien à un niveau élevé, au sein du gouvernement rwandais, à la rébellion baptisée M23 contre les Forces armées de la RDC (FARDC), qui ont provoqué un exode de milliers d'habitants de l'est de la RDC. Les autorités militaires rwandaises ont joué un « rôle clé » dans l’organisation, le financement et l’armement des mutins du M23.


Les «preuves accablantes» contenues dans les annexes du rapport du Groupe d’experts onusiens identifient le ministre de la Défense et le principal conseiller militaire du président Paul Kagame parmi les officiels rwandais qui approvisionnent le M23 avec des soldats, des armes et des munitions.


Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a dévoilé jeudi 28 juin à Kinshasa les «preuves accablantes» des experts onusiens démontrant que «le Rwanda a violé les sanctions des Nations unies en approvisionnant les mutins du groupe armé antigouvernemental dénommé M23 avec des armes, des munitions, des soldats et des jeunes recrues rwandaises».


«Les rapporteurs onusiens citent des officiels rwandais de tout premier plan, notamment un membre du gouvernement, le ministre de la Défense, de même que le chef d’Etat-major général des Forces de défense rwandaises et le principal conseiller militaire du président Kagame. Autant dire que le sommet de la hiérarchie militaire de ce pays voisin», a déclaré le ministre Lambert Mende Omalanga en charge des Médias, des Relations avec le Parlement et de l’Initiation à la nouvelle citoyenneté, au cours d’un point de presse.


«Les preuves accablantes contenues dans le rapport du Groupe d’experts indépendants sur la violation de l’embargo décrété sur les armes destinées aux groupes irréguliers en RDC indiquent que la bande à Bosco Ntaganda disposait en fait d’appuis de très haut niveau de la part du gouvernement rwandais», a insisté le porte-parole du gouvernement.


Il a indiqué qu’un certain nombre d’éléments contenus dans ce rapport étaient connus des autorités congolaises. «C’est depuis le mois de janvier 2012 que nos services d’intelligence ont été alertés à cet égard lorsque commencèrent des vagues de désertion dans trois régiments FARDC en garnison au Kivu. Le gouvernement, qui avait gardé sous le coude les renseignements ainsi recueillis, les avait partagés avec les préposés rwandais à l’Equipe mixte de vérification», a encore révélé l’homme d’Etat congolais.


DES FAITS IRREFUTABLES

D’abord, il y a eu «la capture par les FARDC le 14 juin à Rugari (Rutshuru) de l’adjudant Etienne Ntakirutimana des Rwanda Defense Force, qui faisait partie d’une première unité de 80 militaires réguliers de RDF envoyés à Runyonyi pour faire jonction avec les mutins de la bande à Ntaganda et Ruzandiza alias Makenga début mai, pour y préparer un bivouac pour Ntaganda qui venait d’être mis en déroute à Kibumba et Bunaga».


Ensuite, ça été la présence confirmée dans les rangs du fantomatique M23 d’au moins trois bataillons commandés par des officiers rwandais : le 31ème bataillon (colonel Modeste, ex-FAR déployé à Runyonyi, le 69ème bataillon (lieutenant-colonel Thadée, ex-FAR) déployé à Mbuzi et le 99ème bataillon (colonel Kitoko, ancien de l’APR) à Chanzu. «Ces trois bataillons rwandais en mission commandée auprès de Ntaganda ont reçu leur ordre de marche du général Gashahiza, commandant la 305ème brigade des RDF à Kinigi près du parc des Virunga», a précisé le ministre Mende.


Enfin, ce fut le «passage par le territoire rwandais du colonel mutin Ruzandiza alias Sultani Makenga, n°2 de la bande à Ntaganda» accompagné de 60 éléments de la bande avec armes et munitions pour rejoindre Runyonyi la nuit du 3 au 4 mai 2012 suivant un itinéraire précis (Bukavu au Sud-Kivu-Cyangungu au Rwanda-Kamembe-Kabuhanga-Gikongoro-Butare-Ngororero-Gisenyi-Mutara-Gasinzi-Kinigi) d’où ils seront escortés jusqu’à Runyonyi au Nord-Kivu.


Ils ont reçu aide et assistance, notamment des facilités de transport lacustre et routier, des uniformes militaires ainsi que des armes et des munitions des mains du major RDF Bakubirigwa et du capitaine Laurent Gasana, S2 de la brigade RDF de Rubavu. A Kabuhanga, ils ont eu une séance de travail avec le général Ruvusha, commandant division a.i. de Rubavu. «On est loin, très loin d’un quelconque conflit entre communautés congolaises qui n’existe pas ou d’une confusion faite au Congo-Kinshasa entre des compatriotes locuteurs du Kinyarwanda et des sujets rwandais évoquée par les autorités rwandaises», a balayé le ministre Mende d’un revers de main les élucubrations de Kigali.


LES « EXIGENCES » DE KINSHASA

Le Conseil de sécurité ayant rendu publics le rapport des experts onusiens, la RDC «exige que les filières de recrutement, de renforts, d’armement et de ravitaillement en faveur des bandits armés de Ntaganda en terre rwandaise soient démantelées inconditionnellement».


Elle «insiste» auprès de ses «partenaires de la direction politique rwandaise pour qu’ils cessent de chercher, par des insinuations déplacées, à ramener à la surface les atavismes ethniques d’une époque révolue» et dont la région n’a que trop souffert. «Il n’y a à ce jour aucune confrontation interethnique entre des populations congolaises qui vivent au Kivu. Seules les forces négatives et ceux qui leur apportent soutien et assistance à partir de l’extérieur continuent à instrumentaliser ces pauvres énergumènes pour semer le chaos qui fait durer leur projet de cueillette sans contrepartie des ressources naturelles congolaises», a souligné le ministre Mende.


La RDC veut aussi que «cessent également, les propos infamants des autorités rwandaises tendant à décrire la République démocratique du Congo comme un Etat failli dépendant pratiquement de leur bon vouloir pour résoudre ses problèmes». Il en est de même de «leur lobbying un peu trop agressif en faveur de négociations entre le gouvernement congolais et des forces négatives dont le seul haut fait d’armes notables est d’avoir distrait les FARDC de la traque des FDLR que le Rwanda lui-même n’a cessé de réclamer sur tous les tons au cours de ces dernières années».


La RDC juge «dangereuse, pour la paix et la sécurité dans la région», la tentative délibérée du Rwanda de donner une coloration politico-ethnique à un groupe criminel reconnu comme tel par l’ensemble de la communauté internationale, « alors que la classe politique congolaise, dans son ensemble, et toutes les communautés ethniques qui ont en partage les deux provinces du Kivu sans aucune exception la condamnent».


«Il n’est pas inutile de rappeler, aux apôtres de la banalisation du terrorisme, la vanité ce qui tient lieu des revendications de la bande à Ntaganda et Ruzandiza alias Makenga», a averti le porte-parole du gouvernement.


Concernant les haut officiers rwandais cités, le rapport du groupe d'experts de l’ONU rapporte les faits graves en violation flagrante des lois internationales ci-dessous :

- General Jacques Nziza, Secrétaire Permanent auprès du ministre de la Défense qui a supervisé les soutiens militaires,financiers,logistiques ainsi que la mobilisation pour les mutins du M23. Il a été récemment envoyé à Ruhengeri et Gisenyi pour coordonner l’assistance et le recrutement au profit du M23


- General James Kabarebe, Ministre de la Défense, qui par le biais de son assistante personnelle, le capitale Celestin Senkoko a été une pièce centrale dans le recrutement et la mobilisation des soutiens tant politiques et militaires pour le M23.Selon le rapport, il est fréquemment en contact avec les membres du M23 et coordonne les opérations militaires sur le front.


- General Charles Kayonga, Chef d’Etat major de l’armée rwandaise qui supervise la globalité du soutien militaire au M23 et est en contact permanent avec le Colonel Makenga, un des leaders de la mutinerie. Il a assuré le transfert des troupes et d’armes par le Rwanda pour le compte du M23.


- Le support militaire au front est dirigé entre autre par le Général Emmanuel Ruvusha, Chef de la région militaire de Gisenyi ainsi que le Général Alexis Kagame, Chef de la région militaire de Ruhengeru. Ils ont tous deux facilité le recrutement de civils et de soldats rwandais démobilisés dont des ex-FDLR pour le M23 et coordonné le soutien de troupes de l’armée rwandaise aux mutins à Runyioni.


- Le Colone Jomba Gakumba, natif du Nord-Kivu et ancien instructeur de l’armée rwandaise à l’Académie militaire du Rwanda à Gake a été dépeché à Ruhengeri depuis la création du M23 et est en charge de commander localement les opérations militaires de support au M23


- Des anciens officiers de l’armée rwandaise, des politicens ainsi que des mutins ont aussi informé le groupe d’experts de l’ONU que Bosco Ntanganda et Makenga ont fréquemment franchi la frontière rwandaise pour participer à des réunions avec les officiers supérieurs rwandais cités plus haut. Ces memes sources ont confirmé que l’ancien leader du CNDP, Laurent Nkunda qui pourtant est officiellement en résidence surveillée judiciaire à Kigali depuis janvier 2009 a participé à ces réunions avec les officiers supérieurs rwandais et les deux chefs mutins.


 

Source :afrique.congotime.info

                                                              

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