La RDC appelle Mary Robinson à tirer toutes les conséquences du dernier rapport de l’ONU
Alors que les parties signataires évaluaient à Addis-Abeba l’accord conclu sous l’égide des Nations unies, le gouvernement de la RDC, participant à cette réunion, a invité Mary Robinson, envoyée spéciale du secrétaire généralde l’ONU pour la région des Grands Lacs, à tirer toutes les conséquences de nouvelles accusations portées contre le Rwanda.
Les chefs d’État de onze pays signataires de l’accord-cadre pour la paix dans la République démocratique du Congo, adopté en février 2013, se sont réunis en marge du sommet de l’Union africaine pour un rapport d’étape. Mais le voisin rwandais a abordé cette réunion en position de faiblesse.
Kigali est sous pression. Le dernier rapport des experts de l’ONU a confirmé, une fois de plus, le soutien du Rwanda au M23, en violation avec l’accord-cadre d’Addis-Abeba qui proscrit un tel appui à des groupes rebelles. Cet accord, parrainé par les Nations unies, part en effet du principe que seul un engagement collectif des gouvernements de la région des Grands Lacs et de leurs partenaires parviendra à rompre le cycle de violences dans l’Est de la RDC. Les autorités rwandaises ont mis en cause le sérieux du travail d’experts, accusés de parti pris.
Mais plusieurs signataires se sont réjouis de la publication de ce rapport. C’est le cas de la Tanzanie. Un pays qui fournit des troupes, avec l’Afrique du Sud et le Malawi, à la Brigade d’intervention de la Monusco. La RDC souhaite que Mary Robinson, l’envoyée spéciale des Nations unies pour les Grands Lacs, tire toutes les conséquences du comportement du Rwanda.
Le plan d’action qui a étudié hier vendredi 31 janvier a permis de mieux recenser les mouvements d’armes et de troupes à travers les frontières. Le plan d’action demande par ailleurs à Kinshasa d’accélérer le retour en RDC et la réintégration des rebelles du M23. La réunion de suivi devrait en outre tenter de régler des différends avec la brigade d’intervention de la Monusco, qui est dotée d’un mandat offensif. Le Rwanda désire qu’elle soutienne l’armée congolaise lors des offensives contre les FDLR ; Kinshasa souhaite qu’elle s’implique davantage dans les opérations visant les rebelles de l’ADF-Nalu.
Groupe d’experts sur la RDC : un an de plus
Le Conseil de sécurité de l’ONU a renouvelé le mandat du groupe d’experts indépendants sur la RDC pour un an. La décision a été votée le jeudi 30 janvier à l’unanimité. Le Conseil dit «prendre note » de leur dernier rapport et leur exprime son « plein appui ». Le rapport annuel de ces experts présenté mardi au Conseil de sécurité accusait, une nouvelle fois, le Rwanda et l’Ouganda de coopérer avec l’ancienne rébellion du M23.
Le rapport présenté par le groupe d’experts fait également état d’informations crédibles selon lesquelles des dirigeants de l’ex-rébellion du M23 sanctionnés par l’ONU se déplacent librement en Ouganda, continuent de recruter au Rwanda et redevenu actif dans l’Ituri. Des accusations rejetées jeudi dernier par la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mishikiwabo. Sur RFI, elle a dénoncé le caractère « politique » de ce nouveau rapport.
Le Conseil de sécurité condamne aussi « fermement » tout appui intérieur ou extérieur apporté aux groupes armés opérant dans l’Est de la RDC. L’ambassadeur de la RDC à l’Onu, Ignace Gata Mavita, a déclaré jeudi qu’il ne considère pas le Rwanda comme un interlocuteur crédible pour la paix dans l’Est de la RDC : « Nous voulons la paix et nos voulons dialoguer avec des gens qui sont sincères, qui veulent oublier le passé pour que la région des Grands Lacs puisse aller de l’avant mais pas des gens qui ont d’autres idées derrière la tête et qui veulent maintenir les autres dans les difficultés et dans la guerre perce que cela fait leur bonheur », a-t-il affirmé.
De son côté, le représentant rwandais aux Nations unies, Eugène Richard Gasana estime que c’est à la RDC de prendre des mesures pour le rapatriement des rebelles M23 actuellement au Rwanda : « On n’est pas là pour déstabiliser le Congo. On n’a aucun intérêt. On a plus de 600 rebelles du M23 au Rwanda depuis l’année passée. Je demande, j’implore qu’on vienne les prendre. Personne ne bouge son petit doigt», a fait savoir le diplomate.
Condamnation des atteintes aux droits de l’Homme
Le Conseil de sécurité a aussi fermement condamné tous les groupes armés opérant dans la partie Est de la République démocratique du Congo, ainsi que les exactions et les atteintes aux droits de l’Homme commises contre la population civile, la Monusco et le personnel humanitaire.
Il a exigé aux forces armées congolaises, aux ADF, à l’Armée de résistance du seigneur (LRA) et aux divers groupes Maï-Maï de cesser immédiatement toutes formes de violence et autres activités déstabilisatrices. La résolution maintient également une série de sanctions sur les armes, les transactions financières et les déplacements de personnes contre les personnes, entités ou groupes armés sévissant dans l’Est de la RDC jusqu’au 1er février 2015.
Le Conseil de sécurité exprime sa « profonde préoccupation » devant les accusations notées par les experts de collaboration entre l’armée congolaise et les rebelles rwandais des FDLR.
Par ailleurs, une délégation de la Monusco est arrivée jeudi après-midi en Ouganda. D’après Charles Bambara, directeur de l’information publique de la mission onusienne, elle est invitée par Kampala pour évaluer le cantonnement des ex-rebelles du M23 qui avaient fui sur son territoire après sa défaite militaire en novembre dernier.
Le potentiel